«Source sûre», tel est le nom de la nouvelle plateforme ouverte officiellement, ce jeudi 12 février, conjointement par Le Monde, la Libre Belgique, la RTBF et le Soir. «L’idée a germé début 2014, relate Yves Eudes, grand reporter au Monde, en charge du projet Source sûre. J’ai couvert de nombreuses conférences consacrées aux lanceurs d’alertes et à chaque fois je retrouvais des militants, des juristes, mais aussi et de plus en plus de geeks, experts en sécurité informatiques. Je me suis dit que l’on devait faciliter les contacts entre les lanceurs d’alerte qui veulent rester anonymes et les journalistes.»
- Comment ça marche?
«Le lanceur alerte se rend sur le site internet Source sure et il est transféré sur un serveur sécurisé, explique Yves Eudes. S’il dépose des documents, ceux-ci sont débarrassés de toutes les métadonnées qui pourraient permettre de l’identifier. Ces documents sont chiffrés et cryptés, puis stockés dans un serveur très difficile d’accès au sein du réseau TOR (NDLR: The onion router, autrement dit dans le Dark net)».
Le lanceur peut aussi s’il le souhaite, laisser des messages, cryptés et sécurisés (avec un logiciel de cryptage de type GPG). «Cela permettra aussi au journaliste d’échanger avec le lanceur d’alerte tout en préservant l’anonymat de ce dernier, dit Yves Eudes. La relation va changer entre le journaliste et le lanceur d’alerte».
- L’anonymat est-il assuré pour le lanceur d’alerte?
«Le risque zéro n’existe pas, explique Yves Eudes. Mais cette plateforme offre une bien meilleure garantie d’anonymat que si le lanceur d’alerte venait au journal avec une clé USB.» L’idée est de créer des vocations de lanceurs d’alerte, de rendre plus facile la transmission d’informations.
«Les gens ont toujours peur des représailles de la part de leur manager ou dirigeants», confirme Yves Eudes.
- D’autres médias peuvent-ils s’associer à la démarche du Monde?
«Le but est de lancer une vraie plateforme francophone internationale, dit Yves Eudes. Au départ du projet nous avions limité volontairement le nombre de partenaires à quatre, pour aller plus vite, mais aujourd’hui c’est ouvert, tous les médias sont les bienvenus. Ce serait bien que Source sûre devienne la plateforme, destinée aux lanceurs d’alerte, d’une grande partie des médias francophones.»
