La start-up toulousaine a développé un réseau internet bas débit pour connecter les objets entre eux. Elle vient de réaliser une levée de fonds record de 100 millions d’euros. CAPUCINE COUSIN @Capucine_Cousin

Un réseau bas débit qui pourrait rendre connectable tout objet, avec un standard commun, partout dans le monde: c’est l’idée qu’a eu en 2012 Alexis Le Moan, ingénieur, qui avait déjà lancé Goojet. On parlait alors à peine des objets connectés, mais depuis, les prévisions les plus folles tournent: jusque 2 milliards d'objets connectés seraient vendus en France d’ici 2020, soit 30 par foyer, selon GFK.

Une manne qui a sans doute permis à Sigfox d'annoncer, le 11 février, une levée de fonds record de 100 millions d'euros. La start-up toulousaine de 80 salariés -grâce aussi aux connexions de sa présidente Anne Lauvergeon- a réussi à mobiliser notamment des opérateurs télécoms étrangers (Telefonica, SK Telecom, NTT Docomo), des partenaires industriels (GDF Suez, Air Liquid, Eutelsat). Elle avait déjà effectué une première levée de 27,5 millions d’euros.

Concrètement, Sigfox a développé son propre réseau sans fil à bas débit, qui se veut complémentaire des offres de connexion haut débit existantes (basées sur le GSM, ou type Wifi), baptisé «ultra narrow band». Une technologie maison destinée à connecter les objets entre eux (compteurs d’électricité, montres connectées...), bardée de brevets, basée sur une transmission radio bidirectionnelle. Surtout, ce réseau fonctionne avec des coûts de communication très bas et une consommation énergétique limitée, et affecte donc peu la batterie de l’objet connecté, «contrairement au Wifi par exemple», précise Ludovic Le Moan.

Usages multiples

Les objets connectables sont multiples: «Un détecteur d’incendie en forêt, une alarme à domicile, un compteur d’eau…», énumère-t-il. «On fournit déjà un kit de connexion à des start-up qui conçoivent leurs objets connectés», poursuit-il.
Preuve de la diversité des usages possibles, Clear Channel a adopté la solution dès 2013 pour rendre ses panneaux connectables, et gérer à distance des campagnes publicitaires, pouvant ainsi les modifier à la dernière minute. «Mais il y a encore des problèmes techniques, qui ne rendent pas la solution très fiable», nuance l’afficheur.

Son modèle: trouver un partenaire local dans chaque pays, qui paie une licence pour déployer la technologie. En France, la start-up a déjà déployé 1 500 récepteurs sur des toits d’immeubles, des tours et des autoroutes. «Ils permettent de connecter un milliard d’objets», affirme Ludovic Le Moan. Elle couvre ainsi déjà 2 millions de km² en France, en Espagne ou au Royaume-Uni, et va couvrir une vingtaine d’autres pays, tels l’Italie, l’Allemagne, Singapour, l’Inde, la Chine et le Brésil.

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