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Candidat malheureux au rachat de LCI et de L'Etudiant l'an dernier, Le Figaro fait des abonnements numériques et de la vidéo ses priorités pour 2015. Bilan et perspectives avec Marc Feuillée, directeur général du groupe.

Comment le groupe Figaro a-t-il terminé l’année 2014?

Marc Feuillée. 2014 a été une année solide pour le groupe Figaro, avec un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros [en baisse de 1,9% sur un an]. Notre résultat d’exploitation est supérieur à 20 millions d’euros [22 millions en 2013], notre Ebitda supérieur à 30 millions, et notre résultat net positif. Nous avons atteint notre objectif, qui était de rester correctement bénéficiaire. Dans nos activités, ce n’est pas si fréquent ; Le Figaro fait figure de bon élève. C’est d’autant plus important à souligner que nous n’avons pas réduit notre programme d’investissement (10 millions d’euros en 2014, autant en 2015) ni nos budgets de promotion et de marketing, ce qui a permis de maintenir un portefeuille d’abonnés print stable. Et nos résultats sont bien équilibrés entre nos différentes activités: 50% du profit vient du digital et des services.

 

Vous avez revu l’an dernier les formules du Figaro magazine, de TV Magazine et du Figaroscope, et lancé sur internet Figaro Vox ainsi que plusieurs déclinaisons du Scan. Quel bilan en tirez-vous?

M.F. 2014 a été la meilleure année du Figaro magazine depuis 2008, avec un résultat supérieur à 3 millions d’euros. Sur le marché des hebdomadaires d’actualité, qui est très difficile, c’est une performance. Sur le numérique, Lefigaro.fr a dégagé une marge contributive de 3 millions d’euros, hors investissements, pour un chiffre d’affaires de 29 millions d’euros (+10% en un an), ventes digitales comprises. Grâce au numérique, Le Figaro s’est démultiplié et il s’agit d’un vrai élargissement de notre audience puisque nous avons peu de duplication entre le print, l’internet fixe et le mobile (autour de 20%). Chaque jour, nous triplons notre audience. Nous savons que la transformation est longue mais nous en touchons déjà les bénéfices. Le quotidien, lui, est toujours en perte, de l’ordre de 10 millions d’euros, même si c’est de moins en moins signifiant de raisonner comme ça puisqu’il porte tous les investissements.

 

Comment ont évolué vos recettes publicitaires?

M.F. Le chiffre d’affaires publicitaire a été quasi-stable en 2014 sur la marque Figaro. Dans le détail, TV magazine est en recul, Le Figaro magazine et Madame Figaro sont stables tandis que nous notons une légère érosion des recettes sur le quotidien. En revanche, le chiffre d’affaires net des opérations spéciales (print et digitales), sur lesquelles travaille une cellule de quinze personnes au sein de la régie, a progressé de 28% en 2014. C’est grâce aux opé spé que la marque Figaro a pu stabiliser ses revenus publicitaires l’an dernier. Il faut également attendre une accélération importante de croissance dans les années à venir avec la data.

 

Quels sont vos projets pour 2015?

M.F. Le premier semestre sera très actif, avec d’abord le lancement de notre site premium d’ici le mois d’avril. En parallèle au Figaro.fr, qui restera gratuit, les abonnés auront accès à un nouveau site, où ils pourront retrouver la totalité de nos contenus premium, avec une expérience de lecture différente, moins breaking news, et une présence publicitaire plus discrète. L’accélération de notre stratégie freemium a deux objectifs: garder notre leadership sur notre site gratuit et doubler nos abonnés numériques d’ici 18 mois. Actuellement, nous avons 25 000 abonnés numériques, auxquels s’ajoutent les quelque 90 000 abonnés papier qui ont activé leur abonnement digital. A la fin du premier semestre, nous allons également rénover le cahier saumon du Figaro à l’occasion de ses 30 ans. La rubrique Immobilier du site va être renforcée, un guide beauté Madame Figaro verra le jour courant mars, tandis que Le Particulier pratique fera l’objet d’une nouvelle formule au second semestre. Nous réfléchissons aussi à un magazine trimestriel en anglais destiné aux touristes étrangers à Paris.

 

Le Figaro s’est associé au groupe Secom pour candidater à une fréquence TNT en Ile-de-France. Pour quelles raisons?

M.F. Nous voulons continuer à développer notre offre sur la vidéo, donc tout ce qui peut enrichir notre expérience dans l’audiovisuel nous intéresse. Sur la TNT en Ile-de-France, Secom est venu nous voir et nous avons saisi l’opportunité. Je crois qu’il y a la place pour une chaîne d’information en Ile-de-France mais l’idée n’est pas de la lancer sous la marque Figaro. En parallèle, nous réfléchissons à un format linéaire sur le web, en streaming et peut-être en IP TV, qui prolongerait notre travail sur le portail Figaro.tv. Nous pouvons imaginer des boucles d’actualité qui complèteraient nos vidéos et nos émissions. Mais ce n’est pas sûr que le projet aboutisse en 2015. Quant à LCI, pour nous, le dossier est clos.

 

Comment expliquez-vous l’échec des discussions avec le groupe Roularta au sujet du rachat de L’Etudiant et de Point de vue?

M.F. L’Etudiant et Point de vue nous intéressaient car ce sont deux titres très complémentaires de nos activités, notamment L’Etudiant avec Figaro Classifieds. C’est du côté du vendeur que les choses se sont avérées complexes puisque Roularta a changé plusieurs fois d’avis. Nous le regrettons. Si le futur propriétaire veut céder à nouveau ces actifs, nous sommes prêts à refaire une offre.

 

Envisagez-vous d’autres acquisitions?

M.F. En 2014, nous avons acquis Campus Channel, un portail vidéo sur les écoles et les lieux de formation. Mais notre souci n’est pas de constituer un conglomérat d’actifs. Tout rachat doit nous permettre de conforter nos activités, notre base de données, notre régie tout en développant des synergies, comme cela aurait été le cas avec L’Etudiant. Nous cherchons un vrai lien synergique et opérationnel entre nos activités.

 

Avez-vous des projets à destination du continent africain?

M.F. C’est un axe sur lequel nous travaillons, mais nous ne voulons pas apporter une information générale de France. Nous pensons que le meilleur moyen d’y arriver serait d’acquérir une société déjà implantée en Afrique, plutôt dans le secteur des annonces classées. Il existe en Afrique des activités très digitalisées en croissance, dans le domaine de l’emploi, de la formation ou du e-learning. Une telle acquisition nous donnerait une base solide. Le Maghreb peut être un bon point de départ pour envisager d’autres développements en Afrique francophone.

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