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Un décret pour lutter contre le terrorisme sur internet
09/03/2015 - par Paul GarlotLutter contre la progression du terrorisme est un combat de tous les instants, surtout quand s’estompe la frontière entre réseau social et réseau terroriste. Un décret vise à déréférencer les sites faisant l'apologie du terrorisme.
Visant les moteurs de recherches, le décret sur le déréférencement des sites faisant l'apologie du terrorisme est paru le jeudi 5 mars au Journal officiel. Depuis des années, les organisations terroristes sont devenues la principale cible pour les dirigeants de nombreux pays. Mais cette lutte ne s’effectue plus simplement sur le terrain, les nouvelles technologies ont multiplié les lieux de propagande et agrandi considérablement l’espace à surveiller pour éradiquer ce phénomène.
Le nombre d’usagers des réseaux sociaux ne cesse d’augmenter: on compte aujourd'hui en France 26 millions d'utilisateurs actifs pour Facebook, 24 millions pour You Tube, 6,8 millions pour Twitter... On y retrouve des gens ordinaires, des sportifs de haut niveau, des célébrités... mais aussi des réseaux terroristes. Parmi ceux-ci, l’organisation Etat islamique ou encore Boko Haram. Lesquels utilisent les réseaux sociaux pour diffuser leurs actualités et leur propagande au vu et au su de tous. Leurs vidéos sont largement reprises par les médias à titre informatif même s'ils s’efforcent de ne pas diffuser d’images trop choquantes, se contentant souvent de diffuser des captures d’écrans à titre d’illustration.
Viralité incontrôlable
Cependant, les images font aussi beaucoup d’émules auprès des utilisateurs lambda. Il suffit d’aller sur le Web pour voir que les réactions sont nombreuses. Les plus courantes condamnent les actes et la propagande de ces terroristes tandis que d’autres font, volontairement ou non, l’apologie de ces organisations et de leurs crimes. Certains internautes publient des images sans prendre conscience de leur portée ni de leur effet. C'est ainsi que, sur les réseaux sociaux, des jeunes peuvent tomber sur des vidéos d'exécutions ou de tortures ou encore sur des appels au Jihad.
Dès le moment où ils sont hébergés sur les réseaux, la viralité de ces contenus devient incontrôlable. En cliquant sur le bouton partager, tous les «amis» d'un compte Facebook peuvent avoir accès à ces vidéos, sans en connaître ni le contexte ni la date de publication ni leur signification. Cela laisse ensuite libre cours à toute opinion, sans aucun moyen de contrôle et il semble compliqué d’aller à l’encontre des standards de Facebook afin que ces vidéos soient supprimées.
Lutte contre la propagande djihadiste
Facebook et Twitter ne semblent pas réellement en mesure de lutter contre les flux d’informations pro-djihad ni contre les opinions choquantes. Les théories du complot qui ont fleuri après les attentats des 7 au 9 janvier ont ainsi pu circuler librement sur Facebook, un de ses porte-paroles reconnaissant qu'il n'était pas possible d'empêcher la diffusion de vérités mensongères qui relèvent de la liberté d'expression.
Pourtant, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, en déplacement dans la Silicon Valley a rencontré les responsables des grands opérateurs internet comme Google, Facebook ou Twitter et a salué l’effort «qu’ils ont entrepris dans la lutte contre la propagande djihadiste». Il les a aussi appelés à redoubler d’efforts pour bloquer les messages extrémistes.
Il souhaite aussi que ces opérateurs prennent conscience de la «responsabilité partagée» qui leur incombe contre les tentatives d'«endoctrinement sectaire» de toutes sortes. Cet effort constaté après la tuerie de Charlie hebdo montre donc une prise de conscience au plus haut niveau mais cela ne semble pas suffisant. Les spécialistes s’accordent à dire qu’il est primordiale que cette lutte soit ancrée dans tous les esprits, que chaque internaute soit vigilant afin de pouvoir signaler tout contenu extrémiste, comportement déviant, ou image choquante qui n’ont pas leur place sur ces réseaux.