Inauguré en septembre 2014, le «corner» webséries de Canal Play intègre les autres contenus… classiques. Sur la plateforme de vidéos à la demande par abonnement (SVOD) du groupe Canal+, un simple marquage, spécifiant l’aspect inédit de la fiction, identifie ces programmes. «Nous nous sommes lancés dans une politique de production, coproduction et préachat de programmes destinés en priorité à une lecture sur les appareils nomades, les smartphones et les tablettes numériques, explique Patrick Holzman, vice-président exécutive de Canal+ International. Ils visent une cible qui s’engage moins en terme de durée.»
Dans son cahier des charges, Canal Play réclame des projets de moins de 15 minutes. «L’objectif est de donner un shoot de plaisir, comme une émission normale, mais en beaucoup moins de temps», précise le dirigeant de Canal+.
Tous les genres sont appréciés, en particulier les fictions et les thrillers, car le web regorge déjà de pastilles humoristiques. «Nous sommes loin des séries sur You Tube et sommes beaucoup plus dans une démarche de pay-TV, ajoute Patrick Holzmann. Nous voulons relever le défi de la fiction digitale avec des enjeux narratifs qui n’ont rien à voir avec ce qui se trouve sur internet.»
Ces nouveaux formats sonnent comme un nouveau levier de croissance pour les producteurs. A Cannes, au MIP TV, Tel France a présenté une minisérie politico-policière de 9 épisodes de 12 minutes baptisée L’Equipe. «Il faut travailler avec la dimension déstructurée du digital, en poussant les limites des caractères des personnages, mais tout en racontant une histoire, indique Jacques Kluger, directeur des exploitations dérivées et de la diversification chez Tel France. Le challenge est de retenir l’attention en permanence auprès d’une population à la culture digitale native. Nous sommes dans l’obligation d’un rythme très soutenu.»
Délais réduits
Le dirigeant de Tel France assure que, pour fonctionner, ces projets particuliers doivent avoir des partis pris éditoriaux, «même si l’on cible une population large et pas seulement “hardcore”». Le producteur travaille déjà sur la saison 2 de L’Equipe: «Ce type de série doit se prolonger dans des délais beaucoup plus réduits que d’habitude, assure Jacques Kluger. Une suite plus de six mois après, c’est trop long.»
Courtes en durée et avec peu d’épisodes – une dizaine –, ces séries doivent tout de même répondre à une exigence de qualité en matière de production. Elles bénéficient de budgets situés entre 1 et 1,5 million d’euros. Toutefois, elles nécessitent moins de moyens. Ainsi, Tel France a tourné les 9 épisodes de L’Equipe en 11 jours seulement avec une trentaine de personnes, hors comédiens, et deux caméras.
«Si les auteurs sont excités par ce type de projet, car ils impliquent une nouvelle écriture, ce n’est pas le cas des réalisateurs télé ou cinéma, peu enclins à venir tourner pour le web, confie Jacques Kluger. Quant aux comédiens, acteur c’est un métier: la jeune génération qui fait le bonheur des chaînes digitales n’est pas encore professionnelle.»