Réseaux sociaux

Les recettes publicitaires de Facebook, surtout mobiles, ont continué de grimper au premier trimestre, mais le dollar fort a rogné son chiffre d'affaires et l'envol des dépenses a pesé sur les bénéfices. D'après des résultats publiés mercredi 22 avril, le bénéfice net du réseau social américain a reculé de 20% à 509 millions de dollars au premier trimestre. Le bénéfice par action, qui sert de référence à Wall Street, a néanmoins dépassé de 2 cents la prévision moyenne des analystes, à 42 cents. 

Le chiffre d'affaires est en revanche légèrement en-dessous des attentes, malgré une hausse de 42% à 3,54 milliards de dollars. Comme beaucoup d'autres multinationales américaines, Facebook a souffert de l'appréciation du dollar qui a amputé de 190 millions de dollars son chiffre d'affaires à l'international sur les trois premiers mois de l'année, et l'impact risque d'être encore plus fort au deuxième trimestre, a prévenu lors d'une téléconférence avec des analystes le directeur financier David Wehner. La déception sur le chiffre d'affaires encourageait les investisseurs à prendre leurs bénéfices: l'action Facebook, montée près de son record historique à la clôture, reperdait environ 2% en échanges électroniques après les résultats.

Explosion des dépenses

Les recettes publicitaires, principale source de revenus du réseau social comme de la plupart des autres services gratuits en ligne, ont encore grimpé de 46% à 3,32 milliards de dollars, avec une part toujours croissante de recettes mobiles (73% contre 69% au quatrième trimestre). Les dépenses ont toutefois parallèlement explosé, de 83% sur un an à 2,61 milliards de dollars dont plus d'un milliard pour la recherche-développement. Facebook avait prévenu qu'elles allaient s'envoler cette année, mais il a resserré mercredi son estimation pour l'ensemble de 2015, où le bond devrait atteindre +55% à +65%, contre jusqu'à +70% envisagés il y a trois mois.   

Le groupe investit en effet beaucoup pour améliorer ses produits centraux et ses publicités, mais aussi dans des projets plus futuristes et sans promesse de rentabilité rapide comme l'internet relayé par des drones ou la réalité virtuelle. «Facebook continue à faire des progrès pour les années à venir», a affirmé aux analystes le PDG-fondateur, Mark Zuckerberg, rappelant sa stratégie d'avoir «une famille d'applications», dont beaucoup «atteignent maintenant une échelle mondiale».  

La première d'entre elles, c'est le réseau Facebook lui-même, dont l'audience continue d'augmenter avec 1,44 milliard de membres fin mars, dont 65% se connectant tous les jours. L'application de partage de photos Instagram a dépassé les 300 millions de membres, dont 200 millions quotidiens.

La messagerie Whats App, rachetée à prix d'or l'an dernier, a franchi la barre des 800 millions, se rapprochant du seuil du milliard fixé pour commencer à essayer d'en tirer des revenus. Et le décompte atteint 600 millions pour la messagerie maison du groupe, Messenger, sur laquelle Facebook a redoublé d'efforts le mois dernier en encourageant notamment son usage par les commerçants en ligne.

Devenir le rival de You Tube   

Si le mobile reste central, Facebook met aussi les bouchées doubles dans la vidéo, où il s'affirme de plus en plus comme un rival pour You Tube, la filiale de Google. «Ce trimestre, nous avons atteint un nouveau jalon avec plus de 4 milliards de vidéos visionnées par jour», s'est félicité Mark Zuckerberg. Cela représente un gain d'un milliard en trois mois. Un nouvel outil lancé récemment permet par ailleurs à plus de 80 000 vidéos hébergées sur Facebook d'être intégrées, et consultées, depuis d'autres sites.

«Le fait qu'il y ait tant de vidéo de consommateurs nous donne l'opportunité de faire aussi plus de marketing vidéo», a souligné la numéro deux du groupe, la directrice d'exploitation Sheryl Sandberg, tout en rappelant vouloir avancer prudemment en la matière, en se concentrant «sur la qualité» des spots. «Si le mobile a été le principal moteur de croissance ces deux dernières années, la vidéo devrait commencer à faire pencher la balance de manière plus importante en 2015 et 2016», estiment aussi les analystes de Cantor Fitzgerald.

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