Radio
Un an après le lancement de la RNT à Paris, Marseille et Nice, et alors que le CSA va ouvrir une consultation publique sur la poursuite de son déploiement, Jean-Eric Valli, président du GIE des Indés Radios et du groupe 1981 (Latina, Ado, Voltage, Vibration), dresse un premier bilan.

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel va lancer d’ici à fin mai une consultation publique afin de déterminer les zones qui seront concernées par les prochains appels à candidatures en RNT. Est-ce enfin le coup d’envoi d’un déploiement national de la radio numérique terrestre?

Jean-Eric Valli. Oui. Le CSA a lancé une consultation sur vingt zones, qui couvrent toute la France. C’est une décision digne. S’il ne voulait pas déployer la RNT, il l’aurait fait sur un nombre beaucoup plus restreint. Pour autant, je pense que le CSA, qui n’est pas homogène sur la question, pourrait avoir la tentation de traîner des pieds en faisant durer cette consultation. Ce serait une erreur. D’autant que le public est en train de s’habituer à la radio numérique. Pour les éditeurs, le marché publicitaire de la FM est en contraction, ce qui nous oblige à bouger, et la RNT a l’avantage de partager les coûts de diffusion et de créer des emplois.

 

Il y a bientôt un an, la RNT était lancée à Paris, Marseille et Nice. Quel premier bilan en faites-vous?

J.-E.V. Le bilan est positif, puisque la RNT nous a offert des zones de couverture supplémentaires. Mais il faut du temps pour que les gens s’équipent à une échelle locale. En France, 10 millions de postes de radio sont vendus chaque année, ce qui n’est pas le même phénomène localement. Et tant que nous n’atteignons pas 20% de la population couverte en RNT, les constructeurs ne seront pas obligés de mettre une puce DAB dans tous leurs appareils. Aujourd’hui, nous ne sommes plus très loin de ce seuil [12,5 millions d'habitants sur les trois agglomérations, ndlr] .

 

En 2014, l’audience de la radio sur les supports numériques a légèrement reculé, à 11,1% d’audience cumulée quotidienne. La radio par IP atteint-elle ses limites?

J.-E. V. Quand on regarde la réalité en face, la radio par IP nécessite un abonnement à internet, ce n’est pas gratuit, le débit n’est pas garanti, et l’auditeur fait face à des problèmes de continuité. Sans parler des micro-coupures qui détruisent l’expérience d’écoute. La radio par IP trouve aujourd’hui ses limites. Pour autant, c’est quelque chose de très complémentaire de la diffusion hertzienne. On peut être en IP à des moments et en broadcast à d’autres. La pratique des auditeurs envoie en tout cas un signal que les éditeurs doivent prendre en considération et l’autorité publique davantage encore. Il ne faut pas laisser quelques groupes privés, qui en plus font la RNT en Allemagne, décider du non-lancement de la RNT en France. Ils n’agissent pas dans le sens de l’intérêt général.

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