Industrie musicale
Le Midem, grand raout de l'industrie musicale, se tient du 5 au 8 juin à Cannes. Développement du streaming, des pure players, entrée des start-up... Interview de son directeur général, Bruno Crolot.

Le Marché international de la musique (Midem) va se tenir à Cannes, du 5 au 8 juin. Salon international de l'industrie de la musique et lieu où se nouent des contrats ainsi que des partenariats, cet événement reflète l’évolution du marché de la musique et du marketing musical. Il se déroule aussi dans un contexte où les pure players tentent de diversifier leur offre et leurs contenus (Spotify, Deezer, le nouveau venu Tidal, au succès mitigé). Alors qu’Apple – qui avait lancé Itunes au Midem en 2003 – doit dévoiler le 8 juin son propre service de streaming, Apple Music.



Quels sont pour vous les principaux défis de l’industrie musicale?

Bruno Crolot. Il s'agit d'abord de tirer un revenu global partageable pour l’ensemble de la filière, qui a du mal à se monétiser depuis quelques années. Pourtant, on n'a jamais utilisé autant de musique, pour la partager, et comme outil d’engagement des fans, autour de marques, de groupes… Il faut trouver un système de partage de la valeur pour que chacun puisse vivre de cette industrie, et pas les seuls artistes. On a voulu refléter dans l’organisation du Midem l'évolution de l’écosystème de la musique: en 2012, le salon a été transformé avec le passage de la représentation de l’industrie musicale traditionnelle (depuis quarante ans) à un écosystème plus large de la musique, qui inclut les technologies (start-up, réseaux sociaux, opérateurs télécoms), des entreprises pas issues de l’industrie des contenus, et un autre pilier, les marques et les agences. Nous aurons ainsi la cinquième édition de la Midem Marketing Competition, où les meilleures associations musique/artiste et marques seront évaluées.



L’implication des opérateurs télécoms dans l’industrie musicale a évolué en quelques années…

B.C. Les opérateurs télécoms étaient plus présents au Midem il y a quelques années, à une époque où ils voulaient avoir tous leur propre plateforme de distribution de la musique. Certains «pure players» de l’industrie musicale ont pris une place plus solide, et les opérateurs de téléphonie sont devenus plutôt des distributeurs de leurs offres, comme Bouygues Telecom avec Spotify, et SFR avec Napster [Orange s'étant désengagé de Deezer en 2014]. On voit aussi des stratégies des opérateurs de réseaux, comme l’Espagnol FON, qui propose initialement un réseau wifi collectif: il se met lui aussi à être un acteur de la musique avec le Gramofon, un boîtier Spotify Connect pour chaîne hifi, qui a levé 315 000 dollars sur la plateforme de financement participatif Kickstarter.

 

Les pure players parviennent-ils vraiment à se faire une place?

B.C. Le streaming est un des modes de diffusion et de consommation de la musique en croissance [il représente 16 % du marché total de la musique en France en 2014, et 11 millions de Français «streamers», selon le Syndicat national de l’édition phonographique] face au téléchargement dont les revenus se sont tassés. Mais on n’est pas encore à des niveaux d’adoption type mass market. Autre sujet qui est une épine dans le pied pour le streaming, la répartition de la valeur [en streaming payant, les auteurs-compositeurs sont rémunérés environ 0,006 euro par titre écouté, selon la Sacem]. On a des outils technologiques, des modèles économiques nouveaux qui doivent se plaquer sur des modes de redistribution de la valeur qui sont, eux, anciens. Mais le streaming n’a que sept ans, laissons-lui le temps de s’imposer.



Pourquoi le choix d’y représenter de plus en plus les start-up?

B.C. En effet, on organise depuis 2008 le MidemLab, une compétition où neuf start-up françaises sont d'ailleurs finalistes cette année. La plateforme de streaming Soundcloud avait été gagnante en 2009, puis the Echo Nest (éditeur de solutions d'analyses statistiques et de suggestions musicales), racheté par Spotify début 2014 pour 100 millions de dollars. Cette année, nous avons élargi le périmètre des start-up musicales en y intégrant une catégorie «objets connectés». Par ailleurs, nous avons cette année un pavillon French Tech avec quinze start-up.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.