Presse
Le directeur des rédactions du Monde brigue pour la seconde fois la direction du quotidien. Candidat «surprise» des actionnaires, il avait échoué en mai dernier ne réunissant pas les 60% des voix requises

Après son échec en mai, l'actuel n°2 du quotidien Le Monde, Jérôme Fenoglio, seul candidat, postule à nouveau à la direction du quotidien. Le journaliste a annoncé sa candidature, hier, dans un courriel à la rédaction. Aucun autre postulant ne s'était manifesté à minuit, heure de la clôture des candidatures. Jérôme Fenoglio devrait être auditionné par la direction ce vendredi, qui dira lundi s'il reste le candidat de leur choix, avant de soumettre son nom à un nouveau vote de la rédaction le 30 juin.  

Le journaliste, qui a hésité à se représenter, devra faire un meilleur score qu'au mois de mai: candidat sollicité par la direction, il n'avait obtenu que 55% des voix de la rédaction lors du vote du 13 mai - en deçà des 60% requis par les statuts du journal.   

Le trio d'actionnaires (Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse) l'avait préféré aux trois candidats officiels: Gilles van Kote, alors directeur par intérim, Christophe Ayad, chef du service international et Jean Birnbaum, responsable du Monde des livres.  Une partie de la rédaction avait fustigé un processus de nomination «tronqué», ce qui s'était traduit par un vote de protestation dans les urnes.  De plus, le projet de Jérôme Fenoglio avait été jugé par certains trop numérique et son équipe trop peu ouverte. Au lendemain du vote, les actionnaires avaient invité la rédaction à réexaminer une éventuelle candidature de Jérôme Fenoglio. 

Mea culpa

Ce dernier a expliqué le 10 juin qu'il avait tiré les leçons des critiques qu'il avait essuyées. «Je me sens légitime à postuler une seconde fois parce que la procédure en cours respecte toutes les règles qui garantissent les prérogatives de la rédaction et parce qu'une majorité de journalistes m'a accordé sa confiance», écrit Jérôme Fenoglio, directeur des rédactions du Monde, dans son e-mail. Juste après son échec en mai, il avait déclaré qu'il ne serait pas «le directeur issu d'un coup de force des actionnaires». Estimant avoir subi un «échec personnel» lors du précédent vote, il dit avoir «pris conscience de [ses] erreurs, qui vont au-delà du trouble né des conditions de [sa] désignation par les actionnaires. «Là où il aurait fallu prendre le temps de la discussion et de l'écoute, je suis allé trop vite», regrette-t-il.   

Quatre directeurs depuis 2010

Le rejet de sa candidature avait ravivé le malaise sur la gouvernance du journal, après la démission sous la pression de la rédaction en mai 2014 de Natalie Nougayrède, un an après sa prise de fonction.

Le lendemain de l'échec de Jérôme Fenoglio, Gilles van Kote, directeur par intérim, avait démissionné. Le journal n'a, depuis, plus de directeur. Si Jérome Fenoglio n'est pas élu le 30 juin, le journal serait de nouveau plongé dans l'incertitude.

Depuis son rachat en 2010, Le Monde a connu quatre directeurs, dont deux par intérim et l'un décédé. Le poste n'est plus ce qu'il était: son titulaire, qui auparavant dirigeait seul le journal, partage désormais le pouvoir avec le président du directoire, Louis Dreyfus, qui est en charge de la gestion et des finances du quotidien et représente les actionnaires.

Pour les actionnaires, installer un nouveau directeur de manière stable est prioritaire, a souligné une source proche de la direction. Pour elle, le directeur doit à la fois «garantir l'excellence éditoriale et poursuivre la politique d'innovation numérique».

Il prendra les commandes d'un journal qui a souffert comme les autres de la crise de la presse, même s'il a résisté l'an dernier avec une diffusion quasi stable (-0,8%), à 273 000 exemplaires en moyenne chaque jour. L'année 2015 doit également voir Le Monde sortir du métier d'imprimeur, avec la fermeture de son imprimerie d'Ivry, prévue cet été.

Si Jerôme Fenoglio est élu, un conseil de surveillance se tiendra pour entériner son arrivée. Ce conseil devrait confirmer l'objectif d'un retour aux bénéfice cette année, selon la direction. Vers 2017, le futur siège du groupe Le Monde, dans le sud de Paris, doit permettre de réunir les 1400 collaborateurs des différentes publications: Le Monde, l'hebdomadaire culturel Télérama, le magazine L'Obs, les sites d'information Rue 89 et Huffington Post, Courrier international et La Vie.

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