Etude
Le Reuters Institute a publié fin juin son rapport 2015 analysant à l’échelle mondiale les usages en matière d’accès à l’information. En voici les principaux enseignements.

Réalisée dans douze pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France, Espagne, Italie, Irlande, Danemark, Finlande, Brésil, Japon et Australie) auprès de plus de 200 000 personnes, dont 1 991 en France, l'étude «Digital News Report 2015» du Reuters Institute confirme un essor de l’utilisation des réseaux sociaux et du smartphone dans l’accès à l’actualité, une continuité de l’utilisation des plateformes traditionnelles - particulièrement la télévision-, un déclin de la presse écrite et par-dessus tout une division toujours plus forte au sein des générations dans leur mode de recherche, de consommation et de distribution de l’information. Revue de détail.



L’explosion du smartphone pour s’informer



L’usage hebdomadaire du smartphone croît de 37% à 46% à travers les douze pays étudiés. Aujourd’hui, deux tiers des utilisateurs de smartphones utilisent leur appareil afin d’accéder à l’actualité chaque semaine. On remarque cependant que l’accès n’est pas toujours l’objectif premier, l’information étant souvent le résultat d’une trouvaille involontaire via un lien, un réseau social ou une boîte mail. On note que, quoi qu’il en soit, une majorité de personnes (61%) utilise au moins deux appareils numériques différents pour accéder à l’actualité chaque semaine. On remarque d’ailleurs en France une montée notable de l’utilisation d’alertes et de notifications mobiles, en particulier avec la commercialisation de l’Apple Watch. Cependant, contrairement au smartphone, la croissance de l’usage de la tablette pour l’information s’affaiblie.



Une France qui abandonne sa plateforme traditionnelle, mais pas ses supports



L’étude révèle aussi une corrélation fortement négative entre la presse écrite et les réseaux sociaux, la première étant en déclin et la seconde en essor. Au sein de sept pays sur les douze étudiés, les réseaux sociaux apparaissent plus importants que la presse écrite. Cependant, il convient de ne pas confondre plateformes et supports médias. Bien que la plateforme traditionnelle soit en déclin, les supports médias traditionnels gardent leur place dominante sur le marché de l’information en France. En effet, avec l’Allemagne et le Japon, la France reste l’un des pays le plus fidèle à ses supports médias traditionnels, soulignant une adaptation plus lente aux tendances numériques, aux smartphones et aux réseaux sociaux. Néanmoins, la façon dont les utilisateurs accèdent ce contenu change: l’internaute ne débute plus sa recherche sur la page d’accueil des médias traditionnels mais plutôt via les multiples moteurs de recherche à disposition, les boites email et les réseaux sociaux. On remarque alors un plateau plus varié de sources et de formes de l’information, permettant l’ascension de nouveaux supports médias, que les internautes n’utiliseraient pas normalement.



Facebook, roi des réseaux sociaux



Facebook, parmi les réseaux sociaux, s’annonce comme plateforme numérique dominante en ce qui concerne l’accès à l’information, avec 41% d’internautes qui y trouvent, lisent, regardent et partagent l’actualité. Cet accès est pourtant un usage secondaire, étant majoritairement accidentel, tandis que Twitter se dit par ses followers utilisé activement pour la recherche d’actualité. En France, on remarque le réseau secondaire Dailymotion, site de visionnage de vidéos en ligne, particulièrement depuis les attaques de Charlie hebdo. D’ailleurs, de ce côté-ci, le rapport révèle une croissance notable de la consommation de la vidéo en ligne à contenu informatif dans l’ensemble des douze pays étudiés, avec une production toujours plus élevée.



Un business de plus en plus difficile à exploiter



Tandis que la vente de la presse écrite continue de dégringoler dans la plupart des douze pays, une montée est indiquée pour le revenu global des contenus en ligne, grâce au système d’abonnement continu, qui fonctionne d’ailleurs visiblement bien mieux que les paiements uniques à petite échelle. Le passage au contenu payant en ligne reste cependant difficile. La publicité en ligne mène également son propre combat, se trouvant en pleine «crise existentielle». Les revenus de publicités affichées continuent de tomber, tandis que les clics accidentels des utilisateurs se multiplient, surtout via l’utilisation des smartphones. En conséquence, la publicité native ou le contenu sponsorisé remplace le simple affichage de plus en plus, brouillant la distinction entre éditorial et publicité. Facteur de confiance, le phénomène s’aligne d’ailleurs avec les chiffres inquiétants de confiance des utilisateurs envers l’information, avec seulement 38% pour les français, les positionnant en 9e position sur les douze pays, contre 68% en Finlande qui se place en tête.



Des générations aux habitudes radicalement différentes



Le rapport souligne donc une complexité croissante de l’écosystème des médias, avec l’émergence de nouveaux acteurs, de nouvelles plateformes de distribution et de monétisation de l’information, de nouveaux appareils d’accès et de nouveaux formats. Le fait est que la majeure partie des utilisateurs aujourd’hui jonglent entre les plateformes et les outils traditionnels et contemporains. La tranche âgée de  45 ans et plus utilisent le numérique comme une plateforme de choix et de commodité complémentaire, sans pour autant abandonner leurs habitudes de télévision, radio et presse, tandis que les plus jeunes générations, nées avec le digital, exposent un comportement très différent et s’attendent de plus en plus à ce que l’information viennent à eux via le web sous de formats nouveaux. Chiffres notables à ce propos: la France se place en dernière position pour ce qu’il en est de l’intérêt porté envers l’information, avec 59%.

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