Presse
Le digital rebat les cartes de la temporalité des médias, presse en tête. Dans ce contexte, les quotidiens n’ont d’autre choix que de créer de nouveaux rendez-vous pour leurs lecteurs.

Chaque matin, c’est le même rituel. D’un glissement de doigt sur son écran, le mobinaute sélectionne ou supprime la vingtaine d’articles qui lui sont proposés par La Matinale du Monde. Lancée mi-mai pour répondre au pic de consommation sur smartphone le matin, l’application a depuis enregistré 1,7million de visites, dont 30% se font autour de 7heures, heure à laquelle est mise en ligne une nouvelle édition.

«L’objectif est de renforcer l’offre faite aux abonnés numériques tout en touchant un nouveau public de jeunes actifs. C’est une offre finie, avec un bouclage, à mi-chemin entre le quotidien et le numérique», expliquait lors du lancement Gilles van Kote, alors directeur du quotidien.

Comme Le Monde, les titres de presse ont multiplié, ces derniers mois, les éditions numériques sur une autre temporalité que leur parution ou leur périodicité d’origine. C’est ainsi que chaque jour à 18heures, Ouest France propose à ses abonnés numériques L’Edition du soir, dont la consultation varie de 60000 à plus de 100000 par jour, selon l’actualité.

Usage variable selon les supports

L’hebdomadaire L’Obs se décline également en version quotidienne avec L’Obs du soir; Challenges a son quotidien 100% numérique, Challenge soir. Même chose pour Paris match, qui vient de lancer un digest quotidien sur mobile.

«Le numérique a bouleversé la temporalité, souligne Bertrand Gié, directeur des nouveaux médias du Figaro. L’évolution des écrans a permis un affinage, avec des usages qui varient d’un support à l’autre. De plus, nous assistons aujourd’hui au retour du rendez-vous, en réponse à l’information permanente dans laquelle nous étions tombés.»

Cécile Solano, directrice presse chez Omnicom Media Group, complète: «Ce type de rendez-vous permet de toucher les lecteurs à d’autres moments. Pour les annonceurs, c’est intéressant de jouer cette complémentarité, dans un contexte rédactionnel plus fouillé que simplement le site du média, qui est souvent un robinet d’information.»

Logique «web first»

Déjà, ces dernières années, nombre de quotidiens ont créé de nouvelles habitudes en mettant à la disposition de leurs lecteurs le journal en PDF la veille au soir, sitôt le bouclage terminé. Au Figaro, 20 à 25% des personnes qui consultent le PDF d’une édition le font entre 22heures et minuit. Et depuis le lancement de la nouvelle zone premium mi-avril, les articles de l’édition du lendemain sont même mis en ligne au fil de l’eau, dans une logique web first.

Pour le gratuit 20Minutes, la moitié des 50000 versions numériques téléchargées quotidiennement le sont entre 23heures et 1heure du matin. Mais pas question pour l’instant, de créer une nouvelle édition de fin de journée. «L’information est accessible quand le lecteur veut aller sur internet, ce n’est pas nous qui allons lui fixer des rendez-vous. C’est la différence entre créer un rendez-vous et être au rendez-vous», s’amuse Olivier Bonsart, le président de 20Minutes.

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