Acquisitions, rachats, développement dans le premium ou le freemium… la stratégie numérique et les audiences des 10 PREMIERES MARQUES MEDIAS DIGITALES ont franchi une étape en 2015. Sans oublier les supports mobiles, smartphones et tablettes, de plus en plus investis.

Groupe Figaro – 24 millions de VU

Avec le rachat de CCM Benchmark en octobre dernier, le groupe Figaro est devenu le 4e groupe le plus consulté par les internautes français. «Un des premiers objectifs de ce rapprochement est de créer un grand acteur du web français dans une logique de puissance sur des thématiques éditoriales clés, comme l’actualité, le féminin et l’économie. Oui, il y a une prime au leader», explique Marc Feuillée, directeur général du groupe Figaro. Parmi les chantiers déployés en 2015, le lancement en avril de l’offre Figaro Premium, qui a déjà permis au titre de passer de 15 000 à 40 000 abonnés numériques. «Nous avons réussi cette bascule massive sur le premium sans abimer notre leadership sur le gratuit [11 millions de visiteurs uniques pour Lefigaro.fr en novembre sur ordinateur]», précise Marc Feuillée. Du côté du pôle féminin, Le Journal des femmes (6,1 millions de VU) s’est installé durablement devant Doctissimo (5,6 millions) et Auféminin (4,6 millions), tandis que Madame Figaro (2,2 millions) talonne Elle (2,6 millions). Pour 2016, le groupe fait de l’open data une priorité, avec l’enrichissement de l’ensemble de ses sites par les données publiques disponibles. Autre axe de développement, le mobile, avec la refonte des applications mobile et tablette du Figaro en avril ainsi que celle des applis de La Chaîne météo. Avec déjà près de 40 millions de vidéos vues par mois, le groupe entend par ailleurs poursuivre sa stratégie vidéo avec notamment le lancement d’une web-TV d’info dans le courant de l’année. D.S.G.

 

Webedia – 21,2 millions de VU

Sur l'ordinateur, l’audience de Webedia est stable entre novembre 2014 et 2015. La progression est bien plus nette pour le mobile, à 21% (10,4 millions de VU en novembre 2015). Le groupe de pure player est devancé par Le Figaro, qui a acheté CCM Benchmark en octobre. «Nous ne sommes pas dans une bataille de puissance avec Le Figaro , assume Cédric Siré, fondateur et PDG de Webedia. Positionnée sur le divertissement, notre niche commence à être saturée. Notre enjeu, c’est de développer l’affinité verticale.» Plusieurs sites de la marque sont parmi les 50 plus visités en France, comme Overblog (8,7 millions par mois) ou Allociné (7,7 millions). Cette année encore, Webedia s’est illustré par son grand appétit. Le groupe a acquis une dizaine d’entreprises dans l'Hexagone (Mixicom, Easy Voyage, Semantiweb…) et à l’international (Tudo Gustado au Brésil, West World Media et Moviepilot aux Etats-Unis). Le chiffre d’affaires s’est élevé à «plus de 150 millions d'euros», en comptant une dizaine d'acquisitions en 2015. La croissance organique est de 40% à périmètre constant (80 millions d’euros hors acquisitions). Webedia grossit, avec une volonté affichée de diversification. Notons l’ouverture du restaurant 750g ou le lancement de l’e-sport Arena. «Nous avons transformé le profil de la marque en dépensant 200 millions d’euros dans les acquisitions. Webedia est plus international et tourné vers le service aux utilisateurs: billetterie sur Allociné, réservation pour Le Bon Guide, etc.» Objectif 2016? «Réussir notre lancement aux Etats-Unis et investir l’Espagne et l’Italie», indique Cédric Siré. C.D.Q.

 

Vivendi – 17,4 millions de VU

Vivendi se hisse dans le Top 10 des groupes médias grâce à son rachat de Dailymotion (9,8 millions de VU par mois). Objectif de Maxime Saada, le nouveau président de la plateforme et directeur général du groupe Canal+: accélérer les synergies entre les différentes entités du groupe. Toutes les émissions en clair de Canal+ ont ainsi rejoint Dailymotion. Il en va de même pour I-Télé, D8 et D17 et Universal Music (Off.TV). Les Guignols ont été aussi lancés sur Dailymotion. Bilan: plus de 2 millions de vues au global et 150 000 vues pour le premier épisode des Guignols en anglais. L’audience de Vivendi est dynamisée par Canal+, y compris Canalsat et Canal Play, qui «génèrent en direct une part importante des 17,4 millions de VU», indique Jean-Louis Erneux, directeur des relations presse et nouveaux médias de Vivendi. L’idée de Vincent Bolloré est de développer au niveau international «un groupe industriel, sans silos, qui doit intensifier les synergies». Selon nos informations, Canal Play va être relancée en 2016 à travers une nouvelle plateforme de contenus, une dimension plus internationale et peut-être même un nouveau nom. Viennent ensuite les différents sites d’Universal Music (environ 500 000 VU par mois) et certains des sites des entreprises de Vivendi Village, en particulier Digitick, Infoconcert et Zepass pour Vivendi Ticketing, et les sites de My Best Pro (Juritravail.com, Devispresto.com, Rdvmedicaux.com…). A.D.R.

 

Groupe Lagardère – 16,6 millions de VU

Comme beaucoup de médias, le groupe Lagardère a continué de voir ses audiences migrer vers les smartphones en 2015. En un an, l’audience mobile du groupe a progressé de 21,6%, à 9 millions de VU, pour une audience stable sur l’internet fixe. Suite à l’arrivée de Thomas Doduik à la direction digitale du pôle radios/TV en juin, Europe1.fr (3,1 millions de VU en novembre sur ordinateur) a adopté une ligne éditoriale davantage orientée vers la radio et l’information, un repositionnement dont le dernier acte a été le lancement d’une nouvelle version mi-janvier 2016. A l’occasion de son 70e anniversaire, le magazine Elle a, quant à lui, fait évoluer son site (2,6 millions de VU) en septembre, avec pour objectif de fidéliser davantage sa communauté. «Elle.fr s’est longtemps positionné comme un site d’information. Nous voulons développer l’aspect social afin de retrouver sur le digital la dimension prise de parole des femmes qu'Elle a développé dans ses événements», résume Corinne Denis, directrice numérique de Lagardère Active. Paris Match, qui a lancé à la rentrée une édition mobile de fin de journée, Match point, a de son côté vu son audience doubler en un an, à 2,2 millions de VU, conséquence du rapprochement de ses rédactions print et web. Parmi les priorités pour 2016, la vidéo, avec pour objectif  de tripler voire quadrupler le nombre de vidéos vues. Une réflexion est également en cours afin de créer des projets digitaux communs à Europe 1 et au Journal du dimanche. D.S.G.

 

Groupe Le Monde – 14,6 millions de VU

Changement de périmètre numérique pour le groupe Le Monde en 2015 avec l’intégration de L’Obs (7,1 millions de VU en novembre sur l'internet fixe). Racheté en 2014, le news magazine avait parmi ses enjeux de 2015 le développement de son offre numérique, refondue en février. Un an plus tard, L’Obs du soir a été arrêté et le recrutement d’abonnés numériques est moins rapide qu’espéré. Du côté du Monde (9,8 millions de VU), le mobile a occupé une place centrale, avec le lancement en mai de La Matinale qui, depuis, a été étendue au week-end et totalise à elle seule quelque 12 000 abonnés. «Grâce à son prix de vente de 4,99 euros par mois, contre 17,90 euros pour l’abonnement numérique, La Matinale nous a permis d’élargir notre portefeuille abonnés à des lecteurs plus jeunes», estime Louis Dreyfus, président du directoire du groupe le Monde. Sous l’impulsion de Jérôme Fenoglio, nommé directeur du Monde fin juin, le quotidien vespéral a continué à déployer sa stratégie freemium, avec notamment une meilleure mise en avant des contenus réservés aux abonnés, qui atteignent aujourd’hui le chiffre de 190 000, dont 93 000 pour le seul numérique. L’an dernier, le groupe a également multiplié par cinq le nombre de vidéos vues et a lancé de nouvelles thématiques sur son site, comme Pixels et Les Décodeurs. Pour 2016, Télérama (2,2 millions de VU) présentera sa nouvelle offre premium au printemps. En vue de la présidentielle de 2017, Le Monde travaille aussi à de nouveaux formats rédactionnels capables d’attirer les jeunes générations. D.S.G.

 

Groupe M6 – 13,4 millions de VU

Avec l’acquisition en 2015 d’Oxygen et de ses sites spécialisés, le Groupe M6 a passé une étape dans sa stratégie numérique l’an passé. «Le groupe est clairement orienté digital, assure Valéry Gerfaud, directeur général de M6 Web. Nous sommes présents sur tous les volets du digital, et pas seulement sur le replay. C’est une bonne diversification.» L’année écoulée a également été l’occasion de reformater la plateforme de télévision de rattrapage 6-Play. Si son accès reste gratuit, il permet désormais d’enregistrer pour accéder aux contenus des chaînes du groupe M6. «Nous entrons dans une nouvelle ère, résume Valéry Gerfaud. Nous allons pouvoir mieux cibler nos téléspectateurs et proposer des offres commerciales très précises.» Le groupe va aussi poursuivre le développement de nouvelles chaînes, comme récemment Bruce, destinée aux hommes. «Nous réfléchissons à d’autres thématiques, indique le dirigeant de M6 Web. Comme pour les chaînes que nous montons sur You Tube, il s’agit de trouver des talents et de créer des marques.» L’année 2016 devrait être marquée par le déploiement de 6-Play sur le mobile. Les smartphones rassemblent déjà 10% de la consommation de la plateforme, et les tablettes numériques 15%. Une offre spécifique pour ces supports mobiles doit voir le jour cette année, sous le nom de Refresh. D.F.

 

Prisma Media – 12,7 millions de VU

Prisma Media est d’abord un groupe puissant sur le mobile, où il atteint quelque 17 millions de visiteurs uniques, contre 12,5 millions sur l’ordinateur. Entre le web et le mobile, Frédéric Daruty, directeur exécutif, compte 19 millions de VU pour le groupe. Grâce à de multiples acquisitions, le groupe réalise 18% de son chiffre d'affaires (370 millions d’euros nets) dans le digital, une part en hausse de 29%. Développer les revenus mobiles, produire davantage de contenus vidéos pour conforter l’audience sont les principaux axes pour le digital. Télé loisirs, «l’appli média la plus utilisée par jour», profite d’une newsroom commune aux autres marques (Télé 2 semaines, TV grandes chaînes). Un gros chantier est d’abord prévu pour le data, visant à faire converger les données des abonnements, sites et applis dans une plateforme (DMP), qui verra le jour au 1er trimestre, avec un identifiant unique. Objectif, selon Frédéric Daruty: «Capitaliser sur une audience qualifiée.» En 2016, outre la relance début janvier du site Ça m’intéresse, à partir des contenus de Quoi.info, le groupe mise sur Business Insider, qui utilisera «10 à 20% des 200 contenus mis à sa disposition par jour», et sur une production propre de journalistes bilingues (quatre pour l’heure). Il travaille aussi sur un «nouveau média personnalisé» ancré dans l'univers des réseaux sociaux. Cette appli, dont le nom de code est Smarty, arrivera après l’appli Switch (entertainment), qui reprend le swipe de Tinder.  Des projets sur le sport et le cinéma seraient dans les tuyaux, selon une source interne. A.D.R.

 

Groupe TF1 – 12,5 millions de VU  

 L’année écoulée pour TF1 a été X-Tra, du nom de la dernière-née des chaînes numériques du groupe. Lancée en septembre, la marque s’est installée à côté des autres chaînes, réelles, du groupe (TF1, TMC, NT1 et HD1) au sein du portail My TF1. Destinée aux 15-34 ans, X-Tra rassemblent des contenus originaux et thématiques, comme, récemment, des séries coréennes. «My TF1 est plus qu’un service de replay, c’est un levier d’accélération», assure Olivier Abecassis, directeur général d'E-TF1. Le patron du digital de TF1 est satisfait de l’année 2015: «Notre stratégie a bien fonctionné, avec 1,2 milliard de vidéos vues durant l’année, soit une augmentation de 20% en un an. Nous avons surperformé par rapport à nos objectifs.» Cette année, LCI, la chaîne d'information en continu, qui se déploie dans l’univers gratuit de la TNT nationale, aura un relais important en numérique. «Mais ce sera spécifiquement dans un environnement info, car My TF1 reste consacré au divertissement», indique Olivier Abecassis. L'année 2016 sera aussi marquée par l’Euro de football, dont TF1 diffusera les plus belles affiches. La chaîne proposera un complément ambitieux grâce, notamment, à un service multicam qui permettra de suivre les matchs en choisissant sa caméra. «Notre objectif est de se placer partout où nos contenus peuvent créer de la valeur», annonce le directeur général d'E-TF1. B.F.

 

France Télévisions – 12,1 millions de VU

France Télévisions compte  12,1 millions de visiteurs uniques sur l’ordinateur et 15,8 millions sur les trois écrans, soit 35% de la population connectée. En 2015, ce sont pas moins de 2,4 milliards de vidéos du groupe d'audovisuel public qui ont été vues de façon délinéarisée (+69% par rapport à 2014). Les trois piliers de l’offre sont la jeunesse, les séries et l’information. Outre les chaînes You Tube, la télévision de rattrapage draine 35% de ces consultations. En prime time, c’est 5 à 15% des programmes qui sont vues en replay sur Pluzz (10% pour une série). Selon Caroline Got, directrice générale déléguée de France Télévisions, le mobile et la tablette génèrent 60% des vidéos vues. L’appli Zoom, qui a lancé sa version grand public en novembre et permet de consulter ses programmes en fonction du temps disponible, va être intégrée dans la plateforme de vidéo de rattrapage: «Zoom sera encore mieux utilisé s’il est exploité et customisé à l’intérieur de Pluzz.» Les deux autres chantiers attendus en 2016 sont la chaîne d’info numérique, qui devra être très orientée mobile et mobilisera le site Francetvinfo, ainsi que la plateforme de SVOD. Les accords signé fin décembre avec les syndicats de producteurs permettent une exploitation des œuvres à la demande. Le groupe travaille sur une offre et un catalogue. Enfin, il a recruté Frédéric Bonnard pour aller plus loin dans le prolongement entre l’antenne et les déclinaisons numériques, en étant «plus adapté au grand public». Ce qui n’empêche pas les innovations, comme les programmes en réalité augmentée. A.D.R.

 

Altice Media Group – 11,7 millions de VU

Avec le rachat successif de Libération et des magazines d'Express-Roularta, Altice Media Group (propriétaire de Stratégies) s’est hissé au 23e rang des groupes les plus puissants sur le digital en France (10e marque média), devant le groupe Amaury (11,4 millions de VU). L’année 2015 a été particulièrement active dans la data (3 millions d’euros investis depuis 2014) et le mobile, avec l’adaptation de tous les supports du groupe aux nouveaux usages mobiles, qui représentent déjà 60% des audiences. En 2016, une verticale sport va être lancée sur Lexpress.fr (7,9 millions de VU en novembre sur ordinateur) à l’occasion de l’Euro de football, tandis qu’une rubrique jardin et une marketplace sur la décoration verront le jour sur Cotemaison.fr (1,1 million de VU). «Afin de renforcer la fidélisation de nos internautes, nous allons ouvrir le chantier de la personnalisation des contenus», explique Sophie Gohier, directrice des nouveaux médias d’Altice. Du côté de Libération (4,5 millions de VU), 2015 a été l’année de la relance avec, en plus de la nouvelle formule papier, une nouvelle appli et un nouveau site. Autre chantier de taille pour Altice Media Group en 2016, la création de synergies entre les activités médias et SFR, projet pour lequel plusieurs groupes de travail ont été mis en place. D.S.G.

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