De la jeune reine Victoria au tsarévitch de Russie, les Medicis à Florence, les cabarets polonais des années 1930, le Berlin des années 1950, ou un pédophile belge repenti, les univers des prochaines séries européennes susceptibles de fonctionner à l’international sont aussi divers que variés.
Pour la première fois au Marché international des programmes de télévision (MIPTV), qui se tient jusqu'à jeudi 7 avril à Cannes, un jury d'auteurs et réalisateurs a choisi douze séries, pour la plupart encore inédites dans leur propre pays, mais aptes à séduire les téléspectateurs mondiaux. Le premier quart d'heure de chacune d'elle a été projeté dimanche devant plusieurs centaines d'acheteurs internationaux.
Fresque historique et pédophilie
Si parmi les plus grosses productions on trouve de grandes fresques historiques comme Victoria, produite pour la chaîne britannique ITV et l'américaine PBS, ou une vaste épopée sur les Medicis, c'est un outsider belge, Public Enemy, qui a remporté le Coup de coeur unanime d'un jury de six acheteurs des plus grands groupes télés européens. Cette captivante histoire met en scène un pédophile repenti, libéré sur parole et hébergé par des moines, que des meurtres d'enfants rendent de nouveau suspect. «Elle a été produite pour la RTBF avec un petit budget, sans acteurs connus, en seulement deux ans», a souligné son showrunner Matthieu Frances, de la société de production Playtime. Elle ne passera qu'en mai sur la RTBF et n'a pas encore été vendue à l'international.
Victoria est une superproduction en costumes pour laquelle a été recréé le palais de Buckingham. La série raconte les premières années du règne de Victoria (interprétée par Jenna Coleman), devenue reine du Royaume-Uni à 18 ans. Elle a été écrite par la romancière Daisy Goodwin, qui s'est basée sur les journaux intimes de la jeune reine.
La grande série rivale est italienne: Medici, Masters of Florence, l'histoire de l'ascension de la famille des Medicis au XVe siècle, passés de simples marchands à de redoutables banquiers, maîtres de Florence, sur fond d'assassinats et de complots.
Dustin Hoffman y joue le rôle du patriarche Giovanni de Medicis, et Richard Madden (le Robb Stark de Game of Thrones) son fils Côme. Les producteurs travaillent déjà sur la saison 2. Tournée en Toscane (et en anglais), cette ambitieuse saga en costume a été écrite par le scénariste américain vedette Frank Spotnitz, l'un des plus prolifiques auteurs de X-Files, entre autres. Elle ne passera que fin 2016 sur la RAI mais a déjà été vendue dans de nombreux pays.
Autre saga, Mathilde. L'histoire de l'héritier du trône de toutes les Russies, le tsarévitch Nicolas, futur Nicolas II, qui sera le dernier tsar. Cette série russe produite pour la chaîne Channel One Russia raconte sa grande passion pour une ballerine célèbre, avec Lars Eidinger et Thomas Ostermeier.
Du sang et des meurtres
Egalement sélectionnée, la série française Section Zéro, signée par l'ex-policier Olivier Marchal (Braquo), qui démarre ce lundi sur Canal+. Ce violent thriller de science-fiction, produit par Europa Corp, se passe dans un futur post-conflit nucléaire où les multinationales ont pris le pouvoir, avec Pascal Greggory qui tourne ici sa première grande série télé, aux côtés de Tchéky Karyo.
Bodo, l'une des plus importantes productions de la télévision publique polonaise, retrace la vie d'une légendaire star de l'Entre-deux-guerres, une sorte de Rudolph Valentino polonais.
Parmi les autres séries à découvrir, la finlandaise Bordertown, qui raconte un crime sanglant à la frontière finlando-russe, Ku'damm 56 série allemande de la ZDF qui suit trois femmes en quête d'émancipation.
Deux autres séries venues de Grande-Bretagne concluent la sélection: le récit d'une famille dont le fils est autiste The A Word, réalisée notamment par Peter Cattaneo, réalisateur de The Full Monty, ou encore The Secret, l'histoire vraie d'un double meurtre dans une station balnéaire dans les années 1990.
