François Hollande sera ce soir sur France 2 pour tenter une nouvelle «mise en perspective de son action» alors qu'à un an de l'élection présidentielle, sondages calamiteux et divisions d'une majorité plus fragmentée que jamais obscurcissent son avenir.
L'émission baptisée Dialogue citoyen, délocalisée au musée de l'Homme, débutera à 20h15 pour 90 minutes. Le chef de l'Etat fera face à trois journalistes, David Pujadas, Léa Salamé et Karim Rissouli, et quatre Français: une chef d'entreprise, la mère d'un jihadiste parti en Syrie, un étudiant en école de commerce et blogueur de gauche et un conducteur d'autocar, électeur du FN. Elle sera conduite en trois temps: un quart d'heure pour répondre aux journalistes sur l'actualité et le bilan des quatre premières années du quinquennat, une heure de dialogue avec le panel de Français et des internautes, et un quart d'heure de conclusion, de nouveau avec les journalistes, pour évoquer la dernière année
de son mandat.
Emmanuel Macron «sur la route du pouvoir» à la une de Paris-Match
Il s'agira pour le chef de l'Etat de montrer la «cohérence, le sérieux» d'une politique «qui a conduit à des résultats même si on est encore loin de satisfaire l'ensemble des attentes», a dit le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. Le président fera ainsi valoir les «premiers résultats économiques et sociaux» de sa politique, avec un déficit public ramené à 3,5% l'an dernier contre 3,8% attendus, et une croissance qui a repris quelques couleurs à 1,2%.
La tâche s'annonce ardue alors que le détricotage de la loi El Khomri sous la pression de la rue et le renoncement à la déchéance de nationalité après des semaines de débats houleux ont alimenté le procès en manque de clarté et indécision de l'exécutif. Le chef de l'Etat devrait aussi être amené à s'exprimer sur le ni gauche ni droite aux accents très libéraux de son ministre de l'Economie Emmanuel Macron.
Le promoteur du mouvement En marche fait d'ailleurs ce jeudi la une de Paris-Match,main dans la main avec sa femme Brigitte, avec en sous-titre «Ensemble sur la route du pouvoir».
71% des Français n'auraient pas envie d'écouter cette émission
Du côté de la presse, le doute sur la capacité de convaincre du président, voire à se présenter à la présidentielle, est de mise. «Le président Hollande, face caméra et dos au mur», titre Le Monde. «Lui président, les Français n'y croient plus», assure en une Le Parisien/Aujourd'hui en France sondage à l'appui. Selon Odoxa, 76% des Français ne souhaitent pas qu'il soit candidat et 71% disent ne pas avoir envie d'écouter l'émission. Un autre sondage Elabe pour BFMTV, publié également ce matin, indique que 87% des Français jugent le bilan de François Hollande négatif.
Le principe de l'émission est aussi largement commenté par la presse. «Dans l'histoire politique récente, pas un président ne s'est relancé grâce à une émission de télé. Ils sont en revanche nombreux à s'être abîmés lors d'un face-à-face raté avec des "vrais Français" en plateau», avertit Libération. Dans sa version optimiste, la presse laisse une dernière chance à François Hollande de renverser la tendance: «L'opération reconquête est en marche», note Yann Marec dans Le Midi libre tandis que Raymond Couraud de L'Alsace ironise: «La France a trouvé son télévangéliste».
