Télévision
L’application, facilitant la diffusion de vidéos en direct, se démocratise toujours plus. De nombreux événements et manifestations sont ainsi couverts par le grand public. Une concurrence pour les chaînes d'info ?

Après le JRI (journaliste reporter d’images), le périscopeur ! Place de la République, à Paris, le mouvement Nuit debout, lancé il y a quelques semaines, se suit en direct sur son smartphone. Le public a pris l’habitude de filmer les débats, le téléphone en guise de caméra, pour les diffuser sur Périscope, l’application de Twitter. Certains soirs, les retransmissions de Rémy Buisine, community manager à Voltage, le plus actif dans ce domaine sur cet événement, qui aurait réuni 350 000 personnes en cumulé depuis un mois.

«Je pars avec mon Iphone 6, mon kit oreillettes que je branche et débranche selon les prises de son, et une grosse batterie rechargeable», a raconté à France TV Info ce jeune homme, dont le journalisme n’est pas le métier. Cette simplicité d’usage va développer la pratique. D’autant que Facebook vient de lancer son application Live et You Tube s’apprête à en faire autant. Via Periscope, de nombreux journalistes ont déjà pris l'habitude de filmer en direct depuis leur mobile.

Kiosque mondial

«Non, je n’ai pas d’inquiétude, affirme Guillaume Zeller, directeur de la rédaction d’I-Télé (Canal+). Les blogs, apparus il y a quelques années, n’ont pas vampirisé les médias traditionnels. À nous, médias, de nous approprier ces nouveaux outils et d’apporter de la valeur ajoutée.» Le dirigeant refuse toutefois de reprendre des flux en direct sur son antenne si la source n’est pas clairement identifiée.

L’émergence de ces applications fait cependant réfléchir chez France Télévisions. «Facebook, avec son offre “Live” risque, en raison de sa puissance gigantesque, de devenir le kiosque mondial de l’info, estime Éric Scherer, directeur de la prospective du groupe audiovisuel public. La praticité permet aussi de gérer plusieurs caméras avec une mini-régie low-cost. Nous sommes au début d’une aventure. Quelque chose est en train de muter.» Éric Scherer met ainsi en perspective l’audience télé décevante de l’interview de François Hollande, jeudi 14 avril, avec 3,5 millions de téléspectateurs, et les retransmissions via ces applications des affrontements de manifestants hostiles au président de la République, en même temps.

Gestion des flux

Twitter, Facebook ou You Tube peuvent-elles faire de l’ombre aux chaînes info ? «Au contraire, nous sommes un service complémentaire, assure Édouard Braud, directeur des partenariats médias chez Facebook. Les journalistes des chaînes infos se servent beaucoup de nos applications. Le public est en attente de live.»

L’utilisation de Facebook Live par le grand public pour retransmettre des événements est, selon lui, contrôlé. «Jamais un Iphone ne remplacera une équipe de télévision, affirme Édouard Braud. Par ailleurs, une cellule de surveillance, qui se renforce régulièrement, est chargée de vérifier les flux envoyés. C’est un enjeu pour nous.» Au-delà des questions de piratage, il n’est pas question de laisser en direct des images choquantes lors d’un événement dramatique. Des images qui, un jour ou l’autre, devront forcément passer par un contrôle éditorial plus drastique.

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