Le 1er septembre 2016, la future chaîne d’info publique devrait être lancée sous le nom de France info en rassemblant des équipes de France Télévisions pour les JT, celles de Radio France pour les rappels de titres et en faisant appel à France 24 de minuit à 6 heures du matin. Les plateformes numériques de France info et de France TV info seront fusionnées. L’hypothèse privilégiée à Radio France est de rester propriétaire de la marque France info et de s’accorder avec France Télévisions pour coéditer la chaîne, à travers un «contrat de licence».
Mais comment mobiliser des rédactions qui, aussi bien côté France info (60%), que côté journalistes de France Télévisions (92%), ont très majoritairement exprimé leur hostilité à la reprise d’un nom renvoyant à une radio créée en 1987 ? Les uns craignent que la télé phagocyte la station, tandis que les autres font valoir les performances «historiquement faibles» de France info sur le numérique (3,7 millions de visites contre 23 millions pour francetv info en mars, selon l’OJD/ACPM).
Campagne de notoriété
Fragilisée sur ce dossier par la motion de défiance votée contre Michel Field, son directeur de l’info, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, entend faire de sa chaîne une «plateforme d’informations publique pour les détenteurs de smartphones». Son univers ne se limitera donc pas à la télé, car il s’agit de créer une offre commune sur le numérique. Avant-goût d’une BBC à la française ? En fait, le recours à une marque existante est surtout un moyen de s’éviter une coûteuse campagne de notoriété : France Télévisions ne devrait engager que 13 millions d’euros et Radio France 2 millions en surcoûts pour la nouvelle chaîne.
Solution n°1 : Bien différencier la télé de la radio
Philippe Bailly, président de NPA Conseil
Le nom de la chaîne n'est pas une question essentielle dans l'esprit du public. Sa contestation relève plus d’un réflexe de protection, de patriotisme économique que d’un vrai enjeu de perception de la marque. France info permet de continuer à décliner les chaînes de France Télévisions et a une très forte notoriété grâce à trente ans d’antériorité. Il faut, bien sûr, que ce soit France info TV et non de la radio filmée. Que l'on ne prête pas à confusion sur le logo et l'identité graphique avec la reprise du carré jaune. Certes, France TV info est plus puissant sur le digital, mais ce n'est pas essentiel. Dès lors qu'il sera bien compris qu'on a affaire à deux produits différents, l'expérience utilisateur fera le sentiment du public. Quant à une BBC à la française, elle ne peut pas se faire en catimini puisqu'elle implique un changement de la loi de 1986.
Solution n°2 : Créer une identité visuelle et sonore forte
Marcel Botton, PDG du groupe Nomen
«Le choix du nom France info TV permet à la chaîne de partir avec un vrai capital de notoriété. En revanche, pour éviter la confusion avec la radio et compenser le caractère très descriptif de la marque, France info TV devra avoir une identité visuelle et sonore forte, avec, par exemple, une typographie très originale, des couleurs surprenantes. Les couleurs associées à l’information sont le bleu et le rouge ; on peut ainsi imaginer un turquoise, ou un bleu et blanc. Autre enjeu, un nom de marque ne peut pas dépasser quatre syllabes ; nous sommes ici à cinq, ce qui veut dire que France Info TV va être raccourci, par exemple en FITV. Autant anticiper ça en sous-titrant la marque. Le choix d’une baseline permettrait aussi de renforcer son identité, de lui donner une personnalité.»
