Midem 2016

Venue à Cannes, le 4 juin, inaugurer le Midem  (Marché international de l'édition musicale) qui fêtait son 50e anniversaire, la ministre de la Culture, Audrey Azoulay, en appelle à la solidarité des acteurs de la musique pour  garantir la rémunération de la création et à la nécessité de construire des espaces de dialogue et de concertation ad hoc.

La ministre a rappelé que  le marché de la musique enregistrée a perdu environ 65% de sa valeur en 14 ans  et qu’il affiche encore une baisse de 4% en 2016, tandis que le marché de l’ écoute en flux (streaming) a été multiplié par cinq en cinq ans. Pour autant si cette croissance du streaming dessine «les signes avant-coureurs d’une embellie», selon la ministre, elle a souligné que l’enjeu réside dans «l’évolution des usages, et en particulier dans la conversion des utilisateurs aux formules payantes». Ainsi, en France si le streaming a dépassé les 3 millions d’abonnés en 2015 (source Snep) et atteint les 100 millions de chiffre d’affaires, il ne touche encore que 5% de la population.

Partage des revenus

La ministre a aussi souligné «les distorsions de concurrence entre les services de musique en ligne et certaines grandes plateformes de vidéo», et la question du «partage de la valeur entre plateformes, producteurs et artistes, qui reste source de tensions». Elle a salué la mission de médiation confiée à Marc Schwartz qui a permis  la signature d’un protocole d’accord en décembre 2015 visant à assurer «un développement équitable de la musique en ligne», pour l’ensemble des parties prenantes, auteurs-compositeurs, artistes, éditeurs, producteurs et plateformes de musique en ligne. 

Après cet accord, la ministre a rappelé que «deux des trois majors françaises se sont engagés [Sony Music et Warner Music France depuis février 2016] à partager avec leurs artistes-interprètes les revenus issus du capital qu’elles détiennent dans des plateformes de streaming». «J’espère que la troisième major [Universal Music France/Vivendi] s’y engagera elle aussi prochainement», a t-elle lancé.

S’agissant de l'amélioration du dialogue, Audrey Azoulay a confirmé l’instauration prochaine par la loi du médiateur de la musique qui contribuera par la conciliation à «la résolution des conflits - inévitables, même structurels- au sein de la filière».

Maison commune à l'étude

Alors que s’entame une renégociation avec You Tube, la ministre a affiché sa détermination aux côtés de la commission européenne. Elle a déploré «la concurrence déloyale des sites hébergeurs», et redit que «comme tout acteur qui diffuse ou distribue des œuvres, ces plateformes en ligne doivent rémunérer la création et participer à la diversité culturelle».

Par ailleurs, la ministre a confirmé la création par la loi d’un observatoire de l’économie de la musique au sein du CNV (Centre national de musique des variétés) et souligné la nécessité d’une «maison commune à tous les acteurs de la musique», autour du CNV «si la filière le souhaite», projet lancé par Fleur Pellerin, et objectif assigné antérieurement au projet de CNM (Centre national de la musique) défendu par Frédéric Mitterrand en 2011 qui avait obtenu l’assentiment de tous les acteurs de la musique (réputés pour leur manque d’unité) mais qui a été abandonné dés 2012 par le gouvernement socialiste et la ministre de la culture Aurélie Filipetti. 

Enfin, à un an de l’élection présidentielle, Audrey Azoulay a annoncé la «création d’un nouveau fonds de soutien à l’innovation et à la transition numérique» de la musique enregistrée «doté de 2 millions d'euros pour aider les entreprises de production indépendante, de distribution physique et numérique, ainsi que les intermédiaires qui concourent au développement de l’offre légale». Le décret devrait être publié très rapidement pour permettre dès la rentrée de réunir un comité d’experts chargé de donner un avis sur l’attribution des aides.

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