Moteur de recherche
Le moteur de recherche européen veut conclure un partenariat avec un opérateur de distribution mobile pour tenter de s'implanter dans les esprits comme l'alternative à Google.

Etre distribué: c’est désormais l’enjeu principal de Qwant, le moteur de recherche européen qui se pose en alternative à Google, en garantissant le respect de la vie privée par le non-traçage des données. L’action menée à Bruxelles contre Android, qui ne prend que Google, Bing et Yahoo comme moteur par défaut, ne saurait suffire. Il faut aussi que l’entreprise française, dont le groupe allemand Axel Springer détient 20%, entre davantage dans les habitudes des usagers.

Pour ce faire, Qwant souhaite nouer un partenariat avec un distributeur national ou international, que ce soit un opérateur télécoms ou un fabricant de smartphones (Springer est allié à Samsung dans l’application Up-Day): «On est dans un processus de signature d’un accord de partenariat avec un opérateur de distribution pour gagner en visibilité, en notoriété et/ou en revenus», explique Jean-Manuel Rozan, cofondateur de Qwant.

Une première étape, celle de l’affinage de l’algorithme et son appropriation par les utilisateurs, est selon lui franchie. «On est très au-dessus de nos hypothèses de trafic», assure le dirigeant, qui affiche plus de 20 millions de visites en avril contre 8 millions en novembre. En 2015, la nouvelle ergonomie du site ou le lancement d’un Qwant Junior ont contribué à affirmer la personnalité du moteur de recherche. Début juin, la création d’un Qwant Music vient compléter la panoplie: on peut y rechercher un artiste, intégrer des radios dans son univers avec Radioline, suivre l’actualité de la promotion des concerts via Bandsquare ou suivre des cours de musique en ligne avec Imusic-school.

Grandir en confiance

Reste que Qwant ne vient pas spontanément à l’esprit dans un monde ou Google est archi-dominant, totalisant plus de 90% de parts de marché en Europe. «On a 100% du marché de la confiance sur internet, assure Jean-Manuel Rozan, on a été identifié par une communauté, il s’agit maintenant de la faire grandir.» L’intégration dans l’équipe d’un pro du marketing est selon lui souhaitable. D’ici à la fin 2016, des conférences de presse seront aussi organisées en Espagne, en Italie, en Grande Bretagne et en Allemagne pour faciliter le développement européen de Qwant.

Sur le plan financier, l’entreprise de développeurs peut compter sur l’argent de la Banque européenne d’investissement. Elle a déjà pu tirer 5 million d’euros sur un prêt de 25 millions d’euros à consommer encore sur deux ans. La commercialisation auprès des entreprises devrait commencer dès le début 2017. La monétisation sur Qwant est réservée à la colonne shopping où l'annonceur paye par clic ou à l'acte de vente. Et à la différence de Google, le classement est fondé sur la seule pertinence. Reste à trouver un partenaire pour réussir à générer des revenus. «Nous souhaitons engager un processus d’augmentation de capital de 20 à 25 millions d’euros», explique le dirigeant.

Tête de file de l’OIP

Qwant peut compter sur le lobbying du groupe Axel Springer, très actif contre Google, pour faire valoir ses intérêts en Europe. Ses deux dirigeants, Jean-Manuel Rozan et Eric Léandri, ont pris en 2015 la coprésidence de l’OIP, l’Open Internet Project, après le départ de Benoît Sillard. Ils ont fait appel à Leonidas Kalogeropoulos comme délégué général de l’association auprès de la Commission européenne, qui mène une enquête pour abus de position dominante sur la recherche sur Internet et sur Android.

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