Télévision
TF1, M6 et Be In Sports, diffuseurs de l’événement, ont chacune leur raison pour s’offrir les matchs de l’Euro 2016. Une question d’image, de prestige ou de recrutement d’abonnés. Mais les chaînes n’attendent pas une rentabilité économique directe.

Plus d’un Français sur dix voient les Bleus remporter l’Euro. Les perdants, eux, sont déjà connus: ce seront les chaînes TV. Ni TF1, ni M6, ni Be In Sports, les trois diffuseurs de l’événement, ne gagneront de l’argent. Nicolas de Tavernost, le président de M6 l’a martelé sur France Inter: «Le sport en général n’est pas bon pour le porte-monnaie, vous perdez de l’argent mais cela fait partie du développement de la marque!» En 2014, pour la Coupe du monde au Brésil, TF1 en a été pour une trentaine de millions d’euros de sa poche. Explication: la Une a déboursé 73,7 millions, dont 4,7 millions de coûts de production pour les 28 meilleures affiches, dont la finale. De son côté, la régie publicitaire n'a engrangé que 70 millions d’euros bruts, soit 35 à 40 millions en net dans les caisses.

«Diffuser les événements majeurs du football c’est presque une évidence pour TF1, estime Gilles Portelle, directeur général d’Havas Sports & Entertainment. La chaîne est dans son rôle de leader.» Pour TF1, l’achat des droits de l’Euro ou Mondial de football apparaît comme une obligation. Mais est-ce une vérité absolue? «Non, je ne le crois pas, répond Christophe Cherblanc, analyste financier à la Société générale, spécialiste des médias. A moyen terme, je doute du réel impact sur les annonceurs qui, dans quelques mois, auront oublié le foot et achèteront les écrans de The Voice ou Danse avec les Stars».

Calculs différentiels

L’expert note d’ailleurs qu’en Allemagne, les leaders privées RTL et Prosieben ne diffuseront pas l’Euro. «Ils ont annoncé que leurs audiences et recettes publicitaires allaient être affectées en juin, relève-t-il. Malgré tout, les dirigeants dorment sur leurs deux oreilles.»

M6, qui comme TF1 a déboursé 25 millions d’euros pour s’offrir 11 matchs, a d’autres objectifs. Pour la première fois, la chaîne diffusera la finale. C’est le simple résultat d’un tirage au sort avec sa concurrente, qui aura notamment le match d’ouverture. «M6 franchit encore une étape et la diffusion de la finale lui apportera un réel statut de grand chaîne», prédit Gilles Portelle.

Le calcul est encore différent chez Be In Sports. Pour 60 millions d’euros, la chaîne sportive qatarie diffusera tous les matchs. Le but est de recruter des abonnés avec l’espoir de passer le cap des 3 millions. Avant le coup d’envoi, Be In Sports en affiche 2,7 millions (à 13 euros par mois). «C’est beaucoup car les passionnés sont déjà là, observe Christophe Cherblanc. Ce marché n’est pas colossal. Les nouveaux abonnés vont coûter cher maintenant.» Be In Sports a lancé l’offensive commerciale par… une offre couplée avec Canal+! Un premier pas vers l’accord de distribution qui pourrait lier les deux groupes, si toutefois l’Autorité de la concurrence donne le coup d’envoi le 9 juin.

L’Euro inspire les chaînes d’info sportives

La chaîne d'info sportive de Next Radio TV, BFM Sport, a débuté le 7 juin sur l’offre TV de SFR, qui détient 49% du groupe. La chaîne, opérée par RMC Sport, l’agence de presse interne du groupe, proposera une tranche d'information sportive toutes les 30 minutes. A l’occasion de l’Euro, Infosport+ se relance aussi le 9 juin. La chaîne du groupe Canal+ adopte un nouvel habillage, un nouveau logo «IS+» et une nouvelle promesse éditoriale: «Nous aurons la capacité d’être en direct partout et à tout moment», affirme Laurent Eichinger‎, directeur des chaînes thématiques sport chez Canal+.

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