Presse
Au lendemain du Brexit, les éditorialistes de la presse française attendent «très vite des actes» pour sauver l'Union Européenne, estimant que le Brexit peut être un «sursaut salvateur» à condition de ne pas «s'enferrer dans les même erreurs». La presse européenne manifeste, elle, sa stupéfaction.

 « Le Royaume-Uni quitte l'Europe » (Le Monde), « Good luck » (Libération), « Séisme en Europe » (Le Figaro), « Ce que le Brexit va changer » (Le Parisien), «Face à l'inconnu» (La Croix) «Et maintenant?» (La Voix du Nord) «L'Europe à reconstruire» (La Montagne). Les quotidiens nationaux et régionaux français consacrent,  ce samedi matin, leur une au Brexit après la décision par référendum des Britanniques de sortir de l'Union européenne. Et les éditorialistes appellent les Etats membres de l'Union européenne à une réaction énergique pour sauver l'UE. « La Manche n'est plus un détroit, c'est un fossé. L'Europe est une maison commune: elle brûle. Ses dirigeants ont donc rendez-vous avec l'Histoire. La réaction doit être à la hauteur de l'événement. On attend les actes », écrit Laurent Joffrin dans Libération.« L'UE encaisse un revers de proportion historique », souligne Jérôme Fenoglio, dans Le Monde. « Nous pensons d'abord à l'Europe. Les 27 ne peuvent pas ne pas en tirer les conséquences. Le pire serait de continuer comme avant. L'UE doit considérer que le référendum d'outre-Manche l'oblige à une réflexion profonde sur ce qu'elle doit être et le tournant qu'elle doit prendre» poursuit-il.

 L'Europe qu'on nous impose, asphyxiée par son absence d'idéal

Mais pour sauver l'UE, « il faut être prêt à tout revoir: la méthode, les objectifs et les participants », prévient  Philippe Gélie dans Le Figaro, pour qui le départ du Royaume-Uni de l'UE « n'est pas la fin du monde, mais la fin de l'Europe telle que nous la connaissions. » « L'Union européenne ne sera plus la même désormais », renchérit François Régis Hutin, de Ouest-France. Et désormais pour lui, « il est urgent qu'un sursaut permette à l'Union de se remettre en marche.»

Pour Didier Rose, des Dernières Nouvelles d'Alsace, « Devenu boiteux, ce modèle d'Europe politique prend une gifle magistrale » mais  « C'est dur. Et peut-être salvateur », ajoute-t-il. Car pour lui « l'idéal européen est en mesure de survivre au Brexit. À condition de ne pas s'enferrer dans les mêmes erreurs ». A condition « d'avoir un peu de courage et d'oser reconnaître que l'Europe a besoin d'une refondation politique pour se prémunir d'une dislocation mortelle », renchérit Hervé Chabaud, de l'Union/L'Ardennais. « L'Europe et ses dirigeants se contentent de médiocrité depuis trop
longtemps », pointe, pour sa part, Bruno Geoffroy, du Courrier de l'Ouest, quand son confrère Jérôme Glaize, de Presse Océan rappelle que « L'Europe qu'on nous impose, asphyxiée par son absence d'idéal, n'est pas celle dont nous avons rêvé ». « Plus on est
pauvre et âgé en Grande-Bretagne, plus on rejette le projet européen. Les classes populaires, sur tout le continent n'y croient plus. Elles se tournent
vers les nations comme vers le seul rempart crédible face aux excès de la mondialisation» renchérit Laurent Joffrin de Libération. Pour Hervé Favre, de La Voix du Nord, « La suite, c'est aux dirigeants des 27 de l'écrire et de se montrer à la hauteur du défi. Il faut passer très vite aux actes » avec l'espoir écrit-il en conclusion de son édito, que «Peut-être dira-t-on un jour merci à nos amis anglais pour avoir créé l'électrochoc qui aura ranimé le patient européen.»

La presse européenne sous le choc

La presse européenne dans son ensemble reflète ce samedi matin, la portée historique de l'événement et décréte en majorité une Union européenne en deuil de ses idéaux et contrainte au sursaut pour assurer sa survie. Seule une partie de la presse britannique, celle qui a mené une campagne virulente contre l'UE, se réjouissait du "séisme provoqué par le Brexit", célébrant à l'instar du Daily Telegraph "ce jour où les Britanniques ont voté pour reprendre le contrôle de leur pays".  "Chapeau, la Grande-Bretagne!", titre en énormes lettres le Daily Mail. "Voici le jour où le peuple silencieux de Grande-Bretagne s'est élevé contre l'élite méprisante de Bruxelles et une classe politique arrogante et déconnectée".
Nettement plus inquiet, le tabloïd britannique Daily Mirror lance un angoissant: "Que Diable va-t-il se passer maintenant?". Partout ailleurs en Europe, la presse manifestait sa stupéfaction. Le quotidien espagnol El Pais parle, de "désastre", "une victoire d'un grand symbolisme offerte à tous les ennemis du projet européen". Le journal de centre gauche évoque une Union européenne "laminée" et "amputée".

Cameron et les diplomates européens dans le viseur

A la une du "Haagsche Courant", des visages déformés par un cri d'horreur à la manière du peintre expressionniste Edvard Munch: le quotidien néerlandais a choisi un dessin pour illustrer le désarroi de la chancelière allemande Angela Merkel, du Premier ministre hollandais Mark Rutte et de David Cameron. L'Allemand Taz a choisi lui de féliciter avec ironie les populistes britanniques pour une victoire qui fait "trembler le continent".   "C'est une bonne nouvelle pour les adversaires de l'intégration européenne, les populistes, les adeptes de l'égoïsme national, de l'isolationnisme et de
la xénophobie", raille le quotidien polonais Gazeta Wyborcza. "Trahis par les patrie des Beatles" et "Le retour de l'égoïsme national", renchérit en Italie "La Stampa". "Europe, réveille-toi", lançait Il Sole 24 Ore. Le départ britannique promet des jours sombres pour l'Europe, selon le quotidien populaire allemand Bild qui parie sur "des mois voire des années d'incertitudes". Le danois Politiken salue, lui, l'Europe de Rembrandt, Bruegel et Degas "qui a tant souffert et tant créé" et désigne une "flopée de responsables" à cet échec, avec en première ligne David Cameron et les diplomates européens. CL avec AFP
  
  

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.