Télévision
C’est au siège parisien de France Télévisions que le groupe audiovisuel réalise ses Jeux olympiques. A Rio, le groupe compte surtout sur ses commentateurs et une régie qui renvoie à Paris 35 flux différents.

Cloisonnées dans l’imposant blockhaus du centre international de télévision, l’IBC (International Broadcast Centre), à Rio les équipes de France Télévisions ne voient pas le jour. «Oui, c’est vrai, on est un peu déphasé, d’autant qu’il faut gérer le décalage horaire avec la France», reconnait Fred Gaillard, directeur de production à France Télévisions. Le patron des opérations à Rio est le responsable de l’ensemble de la logistique du groupe audiovisuel public au Brésil.

 

L’IBC c’est un immense bâtiment où, sur deux étages et 85 000 mètres carrés, se concentrent les télévisions et radios du monde entier détentrices des droits de diffusion des Jeux olympiques. Situé à Barra, juste à côté du Parc olympique, le lieu est géré par OBS (Olympic Broadcasting Services), filiale commerciale du Comité international olympique (CIO). Dans cet édifice sans âme, France Télévisions profite d’une surface de 1000 mètres carrés qu’il a fallu aménager pour y installer une régie. «L’espace a été réservé il y a deux ans, explique Fred Gaillard. A l’époque, OBS nous demandait déjà nos besoins en câblage, en énergie et, même, en climatisation».

 

Le quartier général de France Télévisions à Rio reçoit les 74 flux de directs produits par OBS sur les compétitions olympiques. A ce chiffre, il faut additionner la trentaine de caméras apportées par le groupe public. Toutefois, c’est à plus de 9000 kilomètres de là, à Paris que les programmes sont fabriqués. L’éditorialisation et la réalisation des programmes pour les antennes est faite dans le 15e arrondissement. Le dispositif à Rio joue le rôle de gare de triage et renvoie 35 flux au siège parisien via la fibre optique. Les images mettent 400 millisecondes pour traverser l’Atlantique ! 

 

Le Remote Cameras

 

Cette technique d’externalisation de la production, baptisée Remote Cameras, nécessite une parfaite coordination des équipes malgré la distance : le planning et les plages horaires des disciplines destinées à être couvertes sont ainsi continuellement mises à jour via un logiciel interactif entre Rio et Paris.

 

Rio 2016 a réclamé deux ans de travail. Un événement comme les Jeux se prépare très en amont. Il faut un peu de temps pour réserver les sites de travail, y prévoir du mobilier, négocier les emplacements de commentateurs, dénicher l’hébergement pour 250 personnes, gérer les déplacements... Rien n’est gratuit, même pour un détenteur de droits comme France Télévisions. A l’IBC, le prix du mètre carré a grimpé à 4000 euros.

 

«Le chèque payé n’est qu’un droit à diffuser, rappelle Fred Gaillard. Mon rôle est de tout mettre en œuvre techniquement pour le faire». Pour éviter de faire augmenter la facture, on se débrouille : ici ce sont les équipes du groupe qui installent le câble, là ce sont des lampes de bureau qui ont été achetées chez le Leroy Merlin de Rio, solution moins onéreuse que la location. 

 

S’adapter en temps réel

 

Coté éditorial, le nouveau directeur adjoint de la rédaction des sports de France Télévisions, Pascal Golomer, est quand même sur place. C’est lui qui dirige les équipes de commentateurs, journalistes et consultants. «Il n’y a pas de conférence de rédaction quotidienne, on s’adapte en temps réel, Indique le dirigeant. Nous sommes réactifs : nous avons la chance d’avoir des journalistes qui suivent les athlètes toute l’année. Du coup, nous avons un accès plus facile à eux».

 

Grâce à son statut de diffuseur officiel, France Télévisions peut bénéficier de meilleure place en zones-mixtes, ces endroits où, après les compétitions, les sportifs rencontrent les médias. Plus on est tôt dans la file, plus facilement on peut contacter le sportif. Les deux premières places sont occupées par OBS et l’américain NBC. Derrière, tout se négocie, aussi. Ainsi, France Télévisions est en 5e rang pour la natation, mais en 8e pour l’athlétisme. Le CIO considère que les Français nage plus vite qu’ils ne courent.

Quand France Télévisions travaille pour Canal+

Canal+ à Rio, c’est grâce à… France Télévisions. C'est aussi le cas pour Radio France, RFI, RMC ou RTL. Depuis les Jeux d’hiver de Sotchi en 2014, le Comité international olympique a demandé aux diffuseurs nationaux de gérer les sous-licences des chaînes payantes et des radios. Du coup, dans l’IBC, France Télévisions a dû gérer ses mètres carrés réservés pour accueillir les équipes de Canal+ et des radios françaises. C’est aussi par le groupe public que passent toutes leurs demandes auprès de OBS (Olympic Broadcasting Services).

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