Presse en ligne
Ces derniers mois, Outbrain et Taboola ont multiplié les partenariats avec les sites médias autour de la recommandation de contenus. Un business qui peut rapporter gros, mais qui n’est pas sans risque.

Autour des articles sur internet, via des liens sponsorisés, l'internaute est de plus en plus souvent invités à découvrir quels sont les couples de stars qui durent ou les aliments à privilégier pour éviter l’arthrose… Depuis près d’un an, les sociétés Outbrain et Taboola, spécialisées dans la recommandation de contenus, ont multiplié les annonces de partenariat avec les principaux sites médias français, du Monde au Figaro, en passant par Radio France, 20 Minutes et L’Equipe.

Rémunération attractive

En plus d’une solution technologique aidant les éditeurs à maximiser le taux de circulation sur leur site, ces entreprises leur proposent d’intégrer sur chaque page un espace (baptisé, selon les sites, «Ailleurs sur le web», «A lire aussi»…) faisant la promotion de contenus contre rémunération. «En faisant découvrir à l’internaute un article susceptible de l’intéresser mais qui n’est pas forcément en lien avec ce qu’il vient de lire, nous permettons aux médias d’augmenter l’engagement de leur audience tout en générant de nouveaux revenus», explique Franck Monsauret, directeur général Europe du Sud d’Outbrain.

La rémunération peut s’avérer très attractive pour les sites qui hébergent ces liens sponsorisés nouvelle génération. Outbrain dit verser jusqu’à plusieurs millions d’euros par an aux principaux groupes médias français. Aux pages à forte audience sont même rattachés des minimums garantis allant d’un à trois euros pour mille impressions. Dans le cas du Figaro, par exemple, plus de 10% du chiffre d’affaires numérique provient, selon nos informations, de la plateforme israélienne de recommandation de contenus.

«Ces sociétés créent un écosystème pernicieux, déplore de son côté Frédéric Filloux, éditeur de la newsletter Monday Note. La concurrence féroce que se livrent Outbrain et Taboola assurent aux éditeurs des conditions avantageuses, mais c’est une vision à court terme. En mettant en avant des contenus parfois médiocres, ce système défigure complètement les sites et abîme les marques médias.»

Trois types de contenus

Selon Outbrain, trois types de contenus se mêlent dans les recommandations: des articles provenant de médias, des contenus émanant de grands annonceurs français et ceux d’annonceurs à la performance, dont l’objectif est de convertir les internautes en clients. Au risque de tomber dans le racolage. Les contenus médias ne sont pas en reste avec, aux côtés des articles de sites connus et reconnus, ceux de petits éditeurs, dont le modèle repose sur l’arbitrage et donc la rentabilisation d’audience.

«Les articles sont recommandés en fonction de qui vous êtes, de ce sur quoi vous avez cliqué…», s’est défendu Adam Singolda, fondateur et CEO de Taboola, à l’occasion du salon Viva Technology fin juin à Paris. «Nous ne faisons pas de distinguo dans la qualité d’un annonceur tant qu’il respecte notre charte publicitaire», insiste pour sa part Bertrand Gié, directeur des nouveaux médias du groupe Figaro. Et Frédéric Filloux de conclure: «Le recours à ces sociétés illustre surtout le fait que les éditeurs ont échoué à créer leur propre moteur de recommandation.»

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.