A quelques mois des élections présidentielles et législatives, c’est un « budget exceptionnel » qui a été présenté mercredi 28 septembre par la ministre de la Culture et de la communication, Audrey Azoulay, dans le cadre du projet de loi de finances 2017.  Ce budget, de 10 milliards d'euros, représente pour la première fois 1,1% de celui de l’Etat. Hors audiovisuel public, 3,6 milliards d'euros sont en effet "consacrés à la culture, à la recherche et aux médias" par le ministère, soit une hausse de 5,5 % par rapport à 2016, la plus forte depuis 2010. "Il n'y a pas de tour de passe-passe", a souligné la ministre, qui précise que même sans les 90 millions d'euros du nouveau fonds pour l'emploi destiné aux intermittents, la hausse du budget est de 4%.

 

Il s'agit de faire de la culture "un pilier", a résumé Audrey Azoulay, "au moment où il faut affirmer nos valeurs républicaines contre le repli". Les ressources audiovisuelles publiques, qui bénéficient de taxes affectées – en particulier la redevance qui passera de 137 à 139 euros –ne sont plus dépendantes de dotations budgétaires comme en 2012. A 3,9 milliards d'euros, elles bénéficient d'une hausse de 63 millions d'euros en 2017. Audrey Azoulay a ainsi voulu marquer face à Nicolas Sarkozy, le président des Républicains,  l'"attachement que le gouvernement attache à l’audiovisuel public, à la fois dans son périmètre, dans la création, l’information, par son indépendance et sa pérennité dans le temps".

 

L'augmentation est ainsi de 1,6%, ce qui devrait permettre à France Télévisions d’en finir avec les déficits en bénéficiant de 37 millions d’euros supplémentaires au bénéfice de la création et de sa nouvelle chaîne Franceinfo, à Arte d’investir 10 millions d’euros dans son budget de programmes ou à France Média Monde de recevoir une dotation de plus de 7 millions d’euros destinée à financer le lancement en septembre 2017 de France 24 en espagnol. Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) voit aussi son budget atteindre 707 millions d’euros (+5%), soit une injection de 35 millions d’euros au titre de l’aide à la création audiovisuelle et cinématographique, afin de favoriser "l’export, la distribution, l’art et l’essai", a précisé Audrey Azoulay.

 

Hausse de la redevance en trompe-l'oeil

 

Seul véritable motif de déception de la part des acteurs de l’audiovisuel public, le gouvernement n’a pas réussi à mettre en place une réforme de l’assiette de prélèvement de la redevance, de façon à l’étendre aux nouveaux modes de réception de la télévision (tablette, smartphones, ordinateurs..). « On continue de travailler sur les modalités pour après 2017 », affirme-t-on au cabinet de la ministre. Pour, en somme, fournir au nouveau gouvernement qui sera formé l'an prochain une enquête de faisabilité clé en mains si, d'aventure, il a le courage de réformer cette assiette. D’ailleurs, la hausse de deux euros de la redevance est politiquement en trompe-l’œil : un euro est à mettre au compte de l’inflation (+0,9% par an) et l’autre euro est un rattrapage des arrondis de valeur par rapport à l’indexation sur l’inflation.



France Télévisions, qui a finalisé son contrat d’objectifs et de moyens fin juillet, n’attend plus que les avis du CSA et du Parlement pour aboutir à une signature en octobre. Sa dotation supplémentaire est désormais inscrite dans le marbre puisqu’il est prévu 60 millions d’euros en plus par rapport au budget 2016 en 2020. Le groupe public s’est engagé à faire des économies en ne remplaçant pas un départ sur deux mais il va pouvoir faire passer de 400 à 420 millions d’euros son investissement dans la création, notamment des fictions de grande qualité, dès 2017. La même logique prévaut à Arte où les coûts sur les infrastructures devront être amortis par des économies internes alors que la hausse de dotation budgétaire, de +4% en 2017, soit 10 millions d’euros, ira intégralement aux programmes.



Enfin, si les aides à la presse sont reconduites sans grand changement, sont annoncés un fonds pour le soutien à l’émergence de médias et un fonds pour le soutien aux médias de proximité ainsi qu'une exonération fiscale pour les marchands de journaux. Le fonds de soutien à l’expression radiophonique, qui concerne 700 stations associatives, passe de 29 millions à 31,75 millions d’euros. 

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