D’un côté, Grégoire Peiron, directeur des solutions Double Click, plateforme d'achat programmatique de Google. De l’autre, Nigel Gilbert, vice-président de la zone EMEA, en charge du développement stratégique chez App Nexus, plateforme de technologie publicitaire américaine indépendante. Nous confrontons les deux géants du programmatique pour un match inédit. Ils nous livrent leur vision, leur position, sur six problématiques cruciales du secteur.

Grégoire Peiron (Double Click)

1. Le mobile

La clé, c’est le «moment». Nous sommes convaincus que le programmatique est précisément le bon moyen de capter toutes les opportunités offertes par le mobile. Le parcours d’achat se complexifie, les consommateurs se connectent plusieurs fois par jour, il faut permettre à l’annonceur d’adresser un message personnalisé, ciblé, au bon moment. A cet effet, nous proposons à nos client un graphique qui présente efficacement les conversions entre les appareils (le cross-devices reporting). Nos solutions permettent de relier les usages sur les applications et sur le web, peu importe le support utilisé.

2. Le programmatique en TV

La télévision est en passe de devenir programmatique. On opère déjà des campagnes vidéos au sein de contenus catch-up TV. Mais sur l’écran classique, c’est plus compliqué technologiquement. Nous sommes encore en phase d'expérimentation, avec plusieurs projets pilotes. Nous avançons donc avec les éditeurs sur cet inventaire linéaire. Il faudra également travailler avec les acteurs des télécommunications.

3. Programmatique et créativitéLe programmatique peut être générateur de valeur, il s’agit de bien exploiter ses données. L’enjeu pour les annonceurs est de beaucoup travailler sur la création. Par exemple, en livrant un message personnalisé à chaque prospect en fonction de signaux géographiques et des données de navigation. Si l'on achète en programmatique, mais qu’on envoie un message standard à tout le monde, cela n’a pas d’intérêt. On ne crée plus comme hier, on élabore des créations qui vont se générer de façon dynamique en fonction de signaux.

4. L’expérience utilisateurL’expérience utilisateur est importante pour l’image de l’annonceur. Nous avons lancé plusieurs outils pour l’améliorer: la fonction «ignorer cette annonce» est disponible sur la plupart des pubs diffusées par les partenaires de Google. Elle a été activée plus de 4 milliards de fois en 2015. Autre outil, le Google Ads Settings, qui permet aux utilisateurs de préciser leurs centres d'intérêt. Ils peuvent même bloquer les publicités indésirables. Le programmatique permet d'améliorer l'expérience utilisateur, précisément parce qu’il donne la possibilité à l’annonceur de maîtriser la fréquence d'exposition (le capping) et de leur livrer un contenu adapté et pertinent.

6. La fraudeC’est un axe majeur pour Double Click. Une équipe y est spécialement dédiée. L'objectif? Assurer aux annonceurs une bonne expérience publicitaire, garantir la visibilité attendue, et éviter le trafic frauduleux. Nos solutions d’achat média programmatique possèdent des outils de reporting qui garantissent la brand safety: sur quelles pages les pubs ont-elles été affichées, étaient-elles visibles ? En outre, nous avons suspendu en 2015 plus de 7 000 sites qui pratiquait des techniques de fishing et 1,4 million d’applications mobiles qui ne respectaient pas les conditions d’acceptations de Google.

7. Le marché françaisLe marché français est un marché prioritaire. Les éditeurs ont massivement rendu leurs inventaires disponibles en programmatique, à la fois en display, en vidéo, sur desktop et mobile. Le programmatique est une tendance de fond qui s'est vraiment accélérée en France, depuis deux ou trois ans, et qui va persister dans les années à venir. Malgré tout, d’autres marchés sont plus avancés. Selon les prévisions d’Emarketer, aux États-Unis, 83% des achats d’espaces se feront en programmatique l’année prochaine. Notre vision, c’est que la France devrait atteindre le niveau américain au niveau du volume d’achats d’ici 18 à 24 mois.

 

Nigel Gilbert (App Nexus)

1. Le mobileNous considérons le mobile comme un canal. Au même titre que la vidéo, le desktop et le native advertising. Les responsables marketing sont de plus en plus à la recherche de plateformes omnicanal qui puissent les aider à cibler les internautes sur tous les écrans. Aujourd’hui, une plateforme de technologie publicitaire doit être capable de supporter tous les formats. Et les adservers spécialisés uniquement sur l'un de ces canaux ne sont plus en mesure de répondre à ce besoin.

2. Le programmatique en TVLe fait de pouvoir cibler les téléspectateurs par segments de données est une perspective excitante, et nous sommes impatients de voir comment cela va évoluer. Nous avons bien identifié la France comme un marché avancé sur ce sujet, avec un nombre élevé de téléviseurs connectés. Il existe donc ici une grande opportunité, avec l'infrastructure déjà en place pour soutenir l'innovation dans ce domaine.

3. Programmatique et créativitéLe programmatique est d’abord un mode d’achat d’espaces automatisé, qui passe par l'utilisation de données et de technologies. Si le procédé a d’abord pu résoudre certains des plus grands défis de la publicité en ligne, il offre désormais la possibilité de créer de meilleures expériences pour les marques et un meilleur engagement des utilisateurs. Précisément grâce à l'utilisation de données, qui permet de personnaliser la pub selon le consommateur à qui elle est exposée. En analysant celles-ci, l'homme peut prendre des décisions sur le contenu créatif, que les machines sont incapables de prendre aujourd'hui. Qui plus est, de multiples formats sont désormais disponibles en programmatique, à l’instar du natif et des formats immersifs.

4. L’expérience utilisateurNous souhaitons œuvrer pour un marché transparent et un accès à un inventaire de qualité. Chez App Nexus, nous croyons en ce «cercle vertueux» où une publicité est mieux élaborée en ayant en tête, dès la conception, la meilleure expérience utilisateur possible. Notre technologie renforce ce processus en travaillant notamment sur les temps de téléchargement, en général beaucoup trop longs sur le web. Par exemple, Media Figaro, qui utilise depuis mars 2016 notre solution App Nexus Publisher Suite, a vu le temps de chargement de ses pages divisés par deux.

5. La fraudeNous prenons ce sujet très au sérieux. Nos outils d'analyse anti-fraude nous ont, par exemple, permis d'identifier qu'un certain type de business, sur les sociétés pratiquant l'achat-revente automatique à grande échelle, pouvait être lié à des pratiques frauduleuses. Nous les avons tous éliminés de la plateforme et avons vu d'autres plateformes comme Facebook nous emboîter le pas.

6. Le marché françaisLa France est un marché ad tech à la pointe. Nous y observons beaucoup d'innovations, et un fort esprit d'entreprise. À Quimper, nous avons un centre de R&D, le plus grand hors des États-Unis. Nous y avons des partenariats cruciaux, avec certains des plus grands éditeurs du monde, à l’instar de Media Figaro. C'est l'un des premiers, avec Le Bon Coin, à avoir adopté la solution full-stack d’App Nexus ou encore Orange, Webedia, Audience Square, mais aussi des acteurs côté buy-side comme Havas, Tradelab ou 1000 Mercis.

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