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Neuf mois après le départ d'Isabelle André pour le groupe Infopro Digital, Julien Laroche-Joubert vient d’être nommé directeur du numérique du Monde. En exclusivité pour Stratégies, il dévoile les grands chantiers qui l’attendent.

 

Un nouveau site. Lemonde.fr n’a pas connu d’évolutions majeures depuis la dernière refonte, qui remonte au printemps 2012. Plus de quatre ans ont passé, le mobile a explosé, et c’est donc logiquement que la nouvelle formule du Monde.fr portera d’abord sur le site mobile avant son déploiement sur la version desktop à la rentrée 2017. « Cela fait quinze ans que nous développons notre site tous azimuts. Aujourd’hui, nous devons rationaliser nos efforts, nous concentrer sur nos priorités », explique à Stratégies Julien Laroche-Joubert.

Pour l’occasion, tout a été remis à plat : une version minimaliste a été définie, à laquelle s’ajoutent des briques à mesure qu’un panel de lecteurs donne son avis. « L’idée n’était absolument pas de partir de tout ce qui existe sur le site actuel pour le rééditer. Nous nous appuyons sur les données pour valider ou non telle ou telle modification », insiste le dirigeant, qui a rejoint le quotidien du soir en septembre 2011 après avoir passé plus de onze années chez Yahoo.

Le chantier a débuté l’été dernier ; les premières modifications vont être déployées sur le site mobile dans les prochaines semaines, d’abord sur une part infime de l’audience (7,7 millions de mobinautes uniques en juillet, selon Médiamétrie), avant sa généralisation progressive. Au programme, un site plus élégant, plus de lisibilité graphique et davantage de différenciation selon les contenus et les rubriques.

 

Cap sur la présidentielle 2017. Aux côtés du traitement médiatique de la campagne à proprement parler, Le Monde veut aider les internautes à participer à la vérification des programmes des candidats, fact-checker leurs déclarations, démêler le vrai du faux… D’où la mise au point d’un certain nombre d’outils, qui seront proposés dans les mois qui viennent sur le site du Monde.

«Nous l’avons vu avec les attentats du 13 novembre 2015: il y a une effervescence de rumeurs sur les réseaux sociaux. Dans ce contexte de perte de repères sur les émetteurs, nous avons un rôle à jouer», estime le patron du numérique du Monde.

C’est dans cette logique que le quotidien du soir a publié en intégralité dans son édition du 25 octobre le discours prononcé par Marine Le Pen le 17 septembre à Fréjus, pour mieux le décortiquer. C’est également dans ce contexte de défiance vis-à-vis des médias que Le Monde a créé une nouvelle rubrique «Making of», dans laquelle les journalistes sont amenés à justifier leurs choix, à raconter l’envers du décor… De quoi remettre au goût du jour l’ambition de la chronique du médiateur.

 

La vidéo. Comme pour tous les grands groupes de presse, la vidéo est un axe de développement stratégique pour Le Monde. Aujourd’hui, 12 personnes travaillent sur la vidéo, une vingtaine si l’on regarde l’ensemble du groupe. Et selon nos informations, Le Monde va prochainement annoncer le recrutement d’un responsable de la programmation afin renforcer l’identité vidéo de la marque.

«Nous voulons continuer à faire de la vidéo de réaction ainsi que des formats de plateau, mais nous devons en parallèle développer plus de régularité dans notre offre vidéo», explique Julien Laroche-Joubert. Des discussions sont également en cours avec les plateformes de diffusion, comme You Tube, Facebook ou Dailymotion, afin de parvenir à des accords portant par exemple sur le financement de la production vidéo, le partage des revenus…

De là à imaginer une chaîne télé web, comme le prépare Le Figaro, rien n’est moins sûr. «Nous ne sommes opposés à aucune idée dès lors qu’elle fait sens éditorialement et qu’elle est soutenable économiquement. Mais je ne suis pas certain que nous ayons besoin d’une chaîne 24/24. Nous ne voulons pas produire du commentaire pour rien», insiste le dirigeant.

 

Une nouvelle édition numérique. Autre chantier sur lequel planche Julien Laroche-Joubert, la refonte de l’édition numérique du journal, prévue pour le premier trimestre 2017. Il ne s’agira pour l’heure que d’une nouvelle version de la liseuse du journal. Trop coûteuse à entretenir, l’application pour Ipad, Le Journal tactile, a en effet été arrêtée.

Pour autant, l’idée d’un nouveau produit éditorial tactile n’est pas complètement écartée, à l’image de ce que Le Monde a lancé voilà dix-huit mois avec La Matinale. S’il voit le jour, il devra être conçu pour le mobile et s’inscrire plutôt dans une temporalité de fin de journée. Réponse fin 2017, voire début 2018.

D’ores et déjà, Le Monde totalise 200 000 abonnés numériques dont 115 000 «pur numériques». «Le contexte nous est favorable, que ce soit en termes d’actualité ou de restriction de l’offre éditoriale. Nous pouvons également remercier Edwy Plenel qui a beaucoup contribué à rappeler à l’esprit que l’information de qualité ne peut être que payante», se réjouit Julien Laroche-Joubert. D’ici deux ou trois ans, Le Monde vise un portefeuille de 300 000 abonnés.

 

Lire le portrait de Julien Laroche-Joubert, publié dans la rubrique «digital manager» de Stratégies n° 1879, du 10 novembre 2016.

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