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Pour pouvoir monétiser les contenus qu’ils diffusent sur AMP (Google) et Instant Articles (Facebook), les éditeurs de presse en ligne souhaitent une mesure d'audience tierce. L’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias ouvrira la voie début février avec AMP. DELPHINE SOULAS-GESSON @DelphineSoulas

Les chiffres de fréquentation des sites mobiles qui seront publiés le 8 février par l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (ACPM) seront regardés de près par l’ensemble du marché. Ce jour-là, l’ACPM révélera pour la première fois la fréquentation mensuelle du Parisien, de 20 Minutes et de Franceinfo sur AMP («Accelerated Mobile Pages»), ce nouveau format lancé il y a tout juste un an par Google et qui offre, comme son nom l’indique, une vitesse de chargement des pages inégalée sur mobile et, surtout, une visibilité imbattable pour qui fait une recherche sur le célèbre moteur de recherche via son smartphone.

Publication en annexe

Selon nos informations, Le Parisien a totalisé en janvier dernier 8,3 millions de visites sur AMP. Comparé aux 27,8 millions de visites enregistrées par son site mobile, cela représente un apport additionnel d’audience de 29,9%. 20 Minutes et Franceinfo, quant à eux, ont enregistré respectivement 6,7 millions et 4,5 millions de visites sur AMP pour la même période, soit un gain d’audience de près de 20% pour les deux médias.

«L’idée n’est pas d’agréger les pages AMP dans la fréquentation des sites, mais de les publier en annexe pour les éditeurs qui le souhaitent. Le nom de domaine reste le périmètre qui doit être contrôlé, nous ne voulons pas déformer la règle. De plus, si nous intégrions la fréquentation AMP chez certains éditeurs, nous ne serions plus à périmètre comparable pour tout le monde», explique Jean-Paul Dietsch, directeur des nouveaux médias de l’ACPM.

Etant hébergés chez Google, les articles publiés sur AMP (Le Point, L’Express, RTL et LCI font aussi partie des éditeurs à tenter l’expérience) étaient jusqu’à présent comptabilisés dans l’audience du moteur de recherche et non dans celle des éditeurs. Mais les choses sont en train d’évoluer.

Même chose chez Médiamétrie, où le principe de mesurer l’audience réalisée sur AMP ainsi que sur les Instant Articles de Facebook a été arrêté lors d’un comité internet l’été dernier. L’institut d’études mène actuellement des développements techniques avec pour objectif de commencer la mesure en juin. «Nous ne voulons pas dénaturer la marque média, c’est pourquoi ces données seront publiées dans un classement à part, pour les souscripteurs qui le veulent», précise Bertrand Krug, directeur adjoint de Médiamétrie Net Ratings.

Comptabilisation complexe

Pour l’heure, l’ACPM a fait le choix de ne pas certifier la fréquentation des Instant Articles. Techniquement, la comptabilisation est bien plus complexe, en raison notamment de l’intégration totale des contenus à l'environnement Facebook, qui n'est pas maîtrisé par l'éditeur. Sans parler d'un engouement qui est largement retombé dix mois après l’ouverture de ce format à tous les éditeurs.

Pour ces derniers, outre l’apport d’audience, l’enjeu est aussi économique. 20 Minutes a, par exemple, lancé récemment des offres publicitaires spécifiques à Instant Articles, d’où l’intérêt d’avoir des données chiffrées sur l’audience que ces nouveaux supports représentent, certifiés par un organisme tiers, donc indépendants de Facebook ou de Google.

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