Dossier Communication politique
Cette présidentielle 2017 recèle une particularité: les agences de communication y sont très peu présentes. Une explication à l’atonie de la campagne électorale?

Inaudible! Le verdict sur la campagne électorale 2017 en cours est souvent le même. Parasitée par les affaires Fillon et Le Pen, elle est pour l’instant un vaste champ de ruines en ce qui concerne la communication. Peu d’innovations réelles sur le web, et peu de slogans marquants, comme le furent «La force tranquille» de François Mitterrand en 1981, l'«Ensemble tout devient possible» de Nicolas Sarkozy en 2007 ou «Le changement, c’est maintenant» de François Hollande, il y a cinq ans. Et si cet atonie découlait aussi du peu de communicants et d’agences de communication présentes dans la campagne?

L'exception Image 7

Cette présidentielle a donc au moins une particularité, celle de ne pas être monopolisée par les spin doctors. Hormis Image 7, totalement engagée aux côtés de François Fillon via Myriam Lévy (associée de l’agence), actuellement salariée de la campagne du candidat LR, et Anne Méaux, qui chapeaute l’ensemble des prises de parole du candidat, aucune autre agence de communication n’apparaît réellement.

Du côté de Macron, ce qui prévaut est l'adage «diviser pour mieux régner». Ainsi, le candidat d’En marche voit plusieurs communicants, seul. Et celui qui rencontre le plus Emmanuel Macron est Robert Zarader, fondateur d'Equancy. Entre les deux hommes, les contacts sont quotidiens par SMS et hebdomadaires de visu. Robert Zarader, qui a été l’un des visiteurs du soir réguliers du président Hollande, prodigue désormais ses conseils à l’ex-ministre de l’Economie. Dans le cercles des communicants macroniens, il y a aussi Philippe Grangeon, ex-conseiller de DSK et aujourd’hui conseiller du PDG de Capgemini. Le reste se fait en interne avec Laurence Haïm, ex-correspondante de Canal+ à Washington, et Ismaël Emelien, d'Havas Worldwide.

Des équipes très resserrées

«Emmanuel Macron est un “communicant native”, Benoît Hamon également, ils ont moins besoin d’une agence et d’un gourou “embedded” dans la campagne», juge Aurore Gorius, journaliste au site Les Jours pour la présidentielle, coauteur avec Michaël Moreau des Gourous de la com (éditions La Découverte). D’ailleurs, au Parti socialiste, Benoît Hamon s’est glissé dans les pas de François Hollande. «Sur ce point, la logique des deux hommes est la même. Ils ont une certaine méfiance envers les communicants et ne veulent pas y faire appel», indique Aurore Gorius. Aussi l’équipe du candidat Hamon se limite-t-elle à Franck Chaumont, l'un de ses porte-parole, et Nadjet Boubekeur, son attachée de presse, des proches de l’ancien ministre depuis longtemps.

Chez Jean-Luc Mélenchon, le constat d'une équipe plus que ramassée est similaire. Sonia Chikirou, de l’agence Mediascope, est la (seule) responsable de la communication du candidat. Enfin, le Front national ne déroge pas à ce constat puisque les agences ne veulent pas travailler pour ce parti et que Frédéric Châtillon, via sa (sulfureuse) société Riwal, orchestre toute la communication. Et si cette campagne inaudible redorait le blason des communicants professionnels?

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