Portrait
Catherine Barma, la productrice aussi redoutée que respectée de Laurent Ruquier, embarque son équipe d'«On n’est pas couché» à Cannes pour une spéciale le 27 mai depuis la Villa Domergue, où débat le jury du Festival.

Dans un milieu où les gloires se font et se défont au gré des fluctuations des courbes d’audience, elle occupe le terrain avec une constance rare. Dix-neuf ans qu’elle produit les secondes parties du samedi soir sur France 2. D’abord avec Thierry Ardisson pour Tout le monde en parle, de 1998 à 2006, et depuis avec Laurent Ruquier dans On n’est pas couché. A la clé? Des moments d’anthologie, comme le «non» de Michel Rocard à la question d'Ardisson: «Sucer, c'est tromper?» Cette réplique signe la martingale Barma: irrévérence plus exclusivité égale buzz.

«Faire les choses bien»…

Elle est redoutée par les attachées de presse des auteurs, artistes et politiques, qui se pressent dans son émission, parce qu'elle exige de les avoir en primeur. Elle le paie au prix d'une légende noire. D'où son désir de «ne pas trop parler» dans ce salon design de l’agence de communication Elan Edelman qui s’occupe (un peu) d’elle. «Ma réputation? On dit que je suis désagréable, vulgaire, trop distante et pas commode, lance-t-elle. Evidemment, dès qu’on a du caractère et qu’on affirme les choses auxquelles on croit, c’est ce qu'on vous renvoie. Dans ma profession, j’ai envie de faire les choses bien, pour le téléspectateur, pour l’émission et pour celui qui la présente. Et, surtout, de défendre mes convictions artistiques. Je me heurte si souvent à des technocrates», déplore-t elle avant d'admettre ne rien lâcher. Une autre raison de sa sacrée réputation.

… «et être libre»

La fille de Claude Barma, le réalisateur des Rois maudits entre autres, avoue être une insatisfaite chronique, volontaire et foncièrement exigeante avec elle-même et les autres. C’est aussi une dénicheuse de talents cathodiques hors pair: outre Laurent Ruquier et Thierry Ardisson, Laurent Baffie, Florence Foresti, Naulleau et Zemmour, Léa Salamé ou l’humoriste Nicole Ferroni, découverte dans On ne demande qu’à en rire dès 2011 et envisagée à On n’est pas couché à la rentrée. «Elle sera dans l’émission spéciale Cannes, dont Julien Doré assurera le live. Pour la rentrée, je ne sais pas», élude celle qui n’a jamais accepté, en dépit de propositions mirifiques, de vendre Tout sur l’écran, sa boîte de production indépendante et familiale, elle aux programmes de flux et son mari, le réalisateur et scénariste Philippe Lefebvre, à la branche cinéma. «Je peux accepter les contraintes d’une chaîne, d’un animateur, d'artistes, de la programmation. Mais avoir un patron, non. Je veux être libre.» Histoire de s'envoler à la Biennale de Venise, avec sa fille aînée plasticienne (la seconde est dans la production), et à l’autre bout du monde pendant les deux mois d’été. Loin des réseaux de la télé dans lesquels elle a bâti sa légende. 

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.