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La chaîne a signé un accord avec la régie locale Transfer pour la commercialisation de décrochages publicitaires en Belgique. Les acteurs locaux craignent une déstabilisation du marché.

C’est un serpent de mer qui remonte aux années 1980. Ce sera bientôt une réalité. Dans trois mois, TF1 ouvrira des décrochages publicitaires en Belgique francophone. La chaîne y réalise une part d’audience de 15%. «TF1 a signé avec la régie publicitaire Transfer un accord de commercialisation de ses espaces publicitaires qui débutera en septembre 2017», a annoncé le groupe dans un communiqué le 12 mai dernier. Depuis, il ne fait plus aucun commentaire.

10% du marché

Car chez nos voisins, l’arrivée de TF1 sur le marché publicitaire de la Belgique francophone est vécue comme un séisme. RTL, groupe leader sur ce territoire avec environ 44% de part d’audience grâce à ses trois chaînes (RTL, Club RTL et Plug RTL), estime que TF1 pourrait récupérer 18 millions d’euros de recettes annuellement. Le groupe public RTBF, qui rassemble 20% de l’audience avec trois chaînes dont deux ouvertes à la publicité, avance, lui, la somme de 15 millions. Contactée par Stratégies, la régie du service public RMB (Régie Média Belge) n’a pas souhaité s’exprimer.

Aussitôt l’annonce faite, le ministre des médias du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Jean-Claude Marcourt, a évoqué devant le Parlement la perspective d'un «tremblement de terre» pour le marché publicitaire audiovisuel belge, rapporte l’AFP. Dans une fourchette haute, la plus pessimiste pour les médias belges, TF1 capterait jusqu’à 10% d’un marché estimé à 200 millions d’euros bruts.

«Oui, cette arrivée aura un impact», reconnaît Dominique Vosters, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’autorité administrative chargée de la régulation du secteur audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. «Cela pourrait conduire à un appauvrissement des moyens pour nos chaînes. C’est une menace importante», explique-t-il à Stratégies.

Discussion franco-belge

De ressources en moyens pour les opérateurs belges, ce serait autant d’argent en moins investis dans les programmes et la création. Chez nos voisins, les médias ont une obligation d’investissement de 2,2% de leur chiffre d’affaires dans des œuvres francophones belges. Opérateur étranger, TF1 pourrait théoriquement y échapper. «Jusqu’à présent, cela n’avait pas été fait, mais nous allons officiellement discuter avec le CSA français pour mettre en place des règles, car nous avons ici des dispositions propres qui ne sont pas les mêmes qu’en France, précise Dominique Vosters. Il faut trouver un accord mutuellement satisfaisant

La directive européenne SMA

Toutefois, comme en France, TF1 et ses confrères, mais néanmoins concurrents privés ne cessent de reprocher aux Netflix, Amazon et Facebook de ne pas être contraints aux mêmes obligations d’investissements dans la création audiovisuelle, il est difficile de penser que la Une s’installe en Belgique en envahisseur et sans discussion. «Non, Gilles Pélisson ne m’a pas contacté, confie le président du CSA belge. Mais le président du groupe TF1 peut facilement trouver mon numéro de téléphone

Le cas TF1 pourrait aussi ouvrir des négociations sur l’aménagement de la directive européenne SMA (Services de médias audiovisuels), car d’autres pays sont confrontés à des aventures similaires.

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