RADIO. Laurence Bloch, la directrice de France Inter nous livre en exclusivité le contenu de sa grille estival qui fera la part belle aux femmes, au cinéma, aux livres et à la musique.

Europe 1 en difficulté a débauché Patrick Cohen et Emmanuel Perreau, votre directeur des programmes et de l’antenne. Déstabilisant?

Laurence Bloch. Non, mais cela m’a affecté car j’ai des liens très personnels et professionnels avec Emmanuel Perreau et Patrick Cohen, depuis les attentats et Charlie hebdo notamment. Mais la chaîne est plus forte que tous ces départs. Sans vouloir faire de leçon de morale, peut-on devenir l’anchorman de n’importe quelle marque lorsque l’on a incarné une chaîne aussi référente qu’Inter, avec des valeurs fortes? C’est une question de professionnelle et presque de citoyen que je me pose. Je pense que non. Un anchorman n’est pas un joueur de foot. J’ai travaillé pendant trente ans France Culture, loin de ce monde du mercato qui n’est pas mon terrain de jeu préféré.

Ces départs vous ont-ils boosté pour concocter votre grille d’été ?

La grille d’été, c’est une page blanche et une malle aux trésors sur laquelle on se penche dès le mois de février. Je l’ai faite avec Emmanuel Perreau avant qu’on ne les débauche. J’ai magnifiquement travaillé avec lui pendant trois ans.

Quelles en sont les lignes directrices ?
Elle fait la part belle au plaisir, au gai-savoir et propose des séances de rattrapage des livres, films ou de la musique qu’on a raté pendant l’année. C’est un moment pour se poser et réfléchir à l’actualité.

Quelles sont les perles de cette grille ?
Je suis fière d’accueillir dans la matinale Erik Orsenna qui nous racontera « La Fontaine, une école buissonnière » à 7h55 et Lionel Naccache, grand scientifique et penseur qui nous parlera du cerveau à 8h55. Et ce grand écrivain voyageur qu’est  Sylvain Tesson proposera tous les samedis à 19h20 « Un été avec Homère ».

Mettrez-vous aussi des femmes à l’antenne ?
Bien sûr, même si nous n’atteignons pas encore la parité que je souhaiterais. Guillia Foïs nous immergera dans un univers différent chaque matin avec un grand témoin cinéaste, romancier ou photographe dès 9 h dans « Attention ça bouge ». A 18h, Leila Kaddour-Boudadi en juillet, Nelly Kaprielian en août et Anna Sigalevitch le week end animeront le magazine culturel de l’été. A 21h, Guillemette Odicino proposera « On se fait des films ».

 

"Nos auditeurs n'aiment pas avoir l'impression d'être abandonnés l'été"

 

Vous faîtes la part belle au cinéma…
Oui, d’autant que Laurent Delmas aura son « Ciné qui parle » à 10h. Le livre, le cinéma et nous diffuserons les grands festivals : Francofolies, Rock en Seine, Nuits de Fourvières, La Route du rock, Jazz in Marciac… Vous pourrez écouter les plus grands artistes sous votre tilleul, dans votre chaise longue. Chaque festival donnera lieu à trois soirées.

Propulsez-vous de nouvelles voix ?
Oui, la journaliste Lauren Bastide qui a publié ses podcasts "La Poudre" cette année brossera le portrait de neuf femmes le samedi à 10h dans « Les savantes » tandis que Claire Nouvian à 13h30 creusera le thème des lanceurs d’alerte.
L’été sert souvent de laboratoire. Qui retrouvera-t-on à l’antenne dès la rentrée ?
Peut-être Guilia Fois si elle confirme cet essai. Peut-être entendra-t-on aussi parfois Lauren Bastide et Claire Nouvian. Rien n’est encore fait.
Gardez-vous certains piliers ?
Nos auditeurs n’aiment pas avoir l’impression d’être abandonné l’été, comme si toute l’antenne partait en vacances. Nous gardons la matinale de 6h à 9h avec Marc Fauvelle puis Pierre Weill, un best of de La Bande originale avec Frédéric Sigrist, le midi avec Dorothée Barba et Philippe Bertrand, Le Téléphone sonne et Affaires sensibles. Et tous les dimanches soirs, Jérôme Garcin et son équipe du "Masque et la plume" seront là. Nous avons aussi créé une bande d’été avec Daniel Fievet dans « Le temps d’un bivouac », Denis Cheissoux avec « L’as-tu lu mon p’tit loups » ou Didier Si Ammour avec « C’est pour aujourd’hui ou pour demain ». Et il y a un rendez-vous auquel je tiens beaucoup, le samedi à 17h avec les jeunes de « InterClass » qui n'écoutaient pas la radio avant de venir travailelr avc les équipes d'Inter. On écoutera pendant douze samedis ce qu'ils ont fabriqués. J'avais eu envie de ce projet suite aux attentats de Charlie et à l'idée de la réserve citoyenne à laquelle nous devons tous participer. 
Un dernier coup de cœur ?
Je vous en livre trois : à 23h, les « Chroniques sauvages » de Robert Arnaut, grande voix d’Inter comme l’ont été Pierre Bouteiller, Eve Ruggieri, Claude Villers ou Jacques Chancel. C'est tellement important de retrouver des voix que l'on a aimé. Les programmes des radios publiques francophones le dimanche après midi et notre feuilleton sur les chanteurs francophones avec Bernard Lavilliers, cette année, le samedi à 12h.
Pour finir, l’antenne de France Inter est désormais ouverte à une plus grande catégorie d’annonceurs. Cela a-t-il déstabilisé vos auditeurs ?
Aucunement. Nous n’avons pas eu de retour dans ce sens. A partir du moment où le temps d’antenne ouvert à la publicité reste le même et comme ce volume publicitaire n’a pas changé, les auditeurs n’y ont pas été sensibles.
 

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