Audiovisuel
La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, a livré son bilan de cette rentrée en répondant aux questions des journalistes médias. Elle prépare des plateformes numériques thématiques et plaide pour une redevance élargie à tous et pour de la publicité après 20 heures.

C’est une Delphine Ernotte nettement plus à l’aise qu’il y a deux ans, lors de sa prise de fonction, qui est apparue devant l’Association des journalistes médias, le 31 août au Maceo, à Paris. Le discours est certes préparé – il s’agit de remettre de la « gaité » dans la grille de France 2 l’après-midi, de cultiver le « lien » avec les téléspectateurs, de faire de la gratuité « un combat » ou de « mettre de l’argent dans la machine » - mais l’improvisation et la figure libre, avec ses accents de sincérité, témoignent d’une dirigeante au tempérament authentique et bien affirmé. « L'intensité médiatique est super dure à vivre, a-t-elle lâché. On a parfois l'impression d'être dans une machine à laver. Il faut beaucoup d'humilité". Pas évident, dans ces conditions, de garder son cap...

Un feuilleton fait maison

Côté programmes, la patronne a défendu sans surprise ses choix de rentrée : le trio Faustine Bollart, Daphné Bürki et Sophie Davant l’après-midi sur France 2, ainsi que les choix du dimanche après-midi (Stéphane Bern, Laurent Ruquier, Laurent Delahousse). Michel Drucker et Patrick Sébastien ? "Pas d'inquiétude pour eux, ils ont toute leur place dans la maison". Elle a aussi confirmé que son feuilleton quotidien pour cette chaîne, initialement prévue pour janvier, était décalé à la rentrée 2018 pour des raisons "d'organisation interne".

En jeu : l’internalisation de nombreuses émissions au sein de MFP, la filiale de production maison appelée à fabriquer le feuilleton qui sera diffusé en fin d'après-midi, en plus de 32 créations internes. Le groupe a d’ailleurs loué des locaux à Montpellier, dans lesquels des travaux sont en cours pour en faire un studio qui a vocation à devenir "un hub de la production du groupe" et lui permettra de "fabriquer des formats un peu différents", a précisé Delphine Ernotte. "Le succès du feuilleton quotidien de TF1 – surtout en replay -est une bonne nouvelle pour ce genre de fiction ... donc pour nous »

Une redevance pour tous 

Concernant les finances, elle a annoncé que l’équilibre de France Télévisions était assuré à la fin 2017 mais de manière extrêmement fragile. « L'équilibre budgétaire du groupe, ça se joue à 50.000 euros près », a-t-elle souligné, alors qu’un résultat net de 1,1 million d’euros a été fixé dans son contrat d’objectifs et de moyens pour l’année 2017. La patronne a plaidé en conséquence pour de la publicité après 20h « mais sans couper les œuvres » ("On pourrait mettre de la pub après 20h. Les téléspectateurs ne seraient pas gênés") et a estimé qu’il était « urgent » de réformer la redevance en l’étendant non pas à tous les supports mais à tous les contribuables. Elle a également déclaré que la chaîne Franceinfo serait mesurée par le Mediamat en octobre.

Plateformes numériques

Enfin, la présidente de France Télévisions a confirmé le lancement d’une plateforme numérique pour les 15-30 ans avant la fin de l’année et a précisé qu’une verticale culturelle au sein de France.tv, associerait Radio France et serait dirigée par Michel Field et Sandrine Treiner, la directrice de France Culture. « On s’interroge sur le sport » a-t-elle-même confié en anticipant des difficultés à répondre aux prochains appels d’offres sur les droits de compétitions face à un acteur comme SFR. La mise à disposition sur une plateforme numérique des rencontres sportives peut donc être un argument supplémentaire. « Le gratuit, c’est notre combat », dit-elle donc. Le groupe a par ailleurs cessé de rendre les inscriptions obligatoire sur France.tv cet été à la suite de plaintes d'internautes.

Quant à l’offre de vidéo à la demande par abonnement, qui était attendue pour cet automne et dispose d’accords avec tous les grands producteurs sur la base d’une rémunération de 20% du chiffre d’affaires en leur faveur, elle pourrait être retardée jusqu’au début de l’année prochaine – pour bien assurer l’implantation préalable de France.tv.  Le payant aussi, semble-t-il, est un combat. 

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