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La Provence est le deuxième titre local à se désabonner de l'agence de presse française. En cause : des tarifs prohibitifs et une inadéquation de l'offre. L'agence n'est pas sourde aux critiques et propose désormais de nouveaux produits à forte valeur ajoutée numérique.
En ce début d'été, un vent glacial souffle sur les relations entre la presse quotidienne régionale et l'AFP. Après Paris Normandie, La Provence a officiellement rompu son abonnement à l'agence le 30 juin. Parallèlement, les autres groupes, à l'instar du GIE Média Sud-Europe (Sud Ouest et La Dépêche du Midi), négocient les tarifs à la baisse.
«La PQR traverse d'importantes difficultés et cherche à faire des économies à tous les niveaux», analyse Pierre Louette, président de l'AFP. De son côté, Didier Pillet, PDG de La Provence, avance l'inadéquation entre l'offre de l'AFP et les besoins d'un journal local. «Nos lecteurs, qui paient 0,90 euro chaque jour, s'attendent à des infos exclusives et non pas à des informations déjà lues et entendues dans le concert des médias», explique-t-il.
Le président du syndicat de presse quotidienne régionale (SPQR), Pierre Jeantet, se refuse pour sa part à tout commentaire.
Afin de remplacer le service rendu par l'agence en termes notamment d'alerte et de couverture exhaustive de l'actualité, le quotidien marseillais a étoffé sa rédaction. Elle compte désormais 232 journalistes, épaulés par 600 correspondants en Provence et de nombreux pigistes dans les pays du pourtour méditerranéen. Le service de documentation a également été renforcé pour permettre aux journalistes, organisés autour de différents services depuis un an, d'intervenir rapidement sur un sujet.
La Provence a également fait le choix de s'abonner à une autre agence de presse, la britannique Reuters, afin de conserver un fil de dépêches sur son site Internet, laprovence.com, et de suivre l'actualité mondiale. «Au total, nous réaliserons entre 250000 et 300000 euros d'économie, sachant que l'abonnement à l'AFP nous coûtait 550000 euros», constate Didier Pillet.
Remises accordées pour les groupes
L'AFP voit un signe positif dans le comportement de La Provence: le recours, malgré tout, à une agence de presse. «Un quotidien ne peut pas se passer d'une agence», conclut Pierre Louette, qui se dit prêt à tout mettre en œuvre pour reconquérir les clients perdus.
De là à penser que le différend est aussi d'ordre professionnel, il ne reste qu'un pas que Didier Pillet franchit. «L'une de nos divergences concerne le fait que nos journaux ne sont pas reconnus comme des sources d'information par l'AFP. Il serait bon de remettre en vigueur un code de déontologie pour que nous ne soyons plus pillés», souligne sans ambages le PDG du titre phocéen.
L'AFP, qui tire 17 millions d'euros, soit 6,3% de son chiffre d'affaires, des abonnements de la PQR, n'est pas sourde aux critiques. D'autant que six éditeurs locaux siègent à son conseil d'administration… Face à des groupes de plus en plus puissants (Ebra, Groupe Hersant Média, Centre France, etc.), l'agence accorde donc des remises, dont elle préfère taire l'ampleur (selon Le Monde, Ebra aurait obtenu 20% d'abattement en négociant un prix de groupe pour ses dix quotidiens).
Surtout, elle réfléchit avec le Syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR) à de nouvelles propositions commerciales. «Dès juillet 2007, nous avons anticipé la crise des quotidiens régionaux en offrant au SPQR des pistes de réforme de manière à refonder notre alliance. Et depuis six mois, nous proposons de nouveaux produits, souligne Pierre Louette. Nous sommes dans une phase de transition, caractérisée par une baisse de nos revenus tirés des journaux papier que nous entendons compenser par des services mobiles et numériques.» Et, comme toute mutation, cela ne se fait pas sans heurts ni douleur.
L'AFP tente de renouer l'alliance
L'agence a lancé trois initiatives principales pour répondre aux besoins des quotidiens régionaux:
– une chaîne multimédia d'information sportive, depuis janvier 2008, destinée à l'alimentation des sites Web,
– une plate-forme de syndication vidéo, née d'un accord avec Kewego et le SPQR, pour diffuser des vidéos produites par l'AFP sur les sites Internet des titres locaux. L'originalité du concept réside dans le fait que la PQR ne paie que lorsque la plate-forme génère des revenus,
- une offre mobile AFP-presse régionale : l'AFP livre à ses clients des sites mobiles et des applications Iphone clés en main, combinant contenus propres et ceux des éditeurs de PQR.