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S'il a su rapprocher le moteur de recherche des agences médias, Mats Carduner, directeur général France démissionnaire, n'est pas parvenu à convaincre les éditeurs de contenus.
«Je pars pour faire autre chose. J'aime les phases de construction et de développement et j'ai deux projets précis en tête.» Joint le 30 octobre par Stratégies, Mats Carduner a démenti la version qui circule sur les blogs, à savoir que sa démission de la direction générale de Google France et Europe du Sud serait liée à l'arrivée de Carlo d'Asaro Biondo en septembre au poste nouvellement créé de vice-président Europe du Sud et de l'Est, Afrique et Moyen-Orient. Rien à voir donc, selon lui, avec une décision de Nikesh Arora, président des activités internationales de Google.
Reste que, pour le remplacer, le moteur de recherche va devoir maintenant dénicher «le mouton à cinq pattes», comme dit Mats Carduner. «Il s'agit d'un poste très commercial avec une bonne connaissance d'Internet comme aiguillon du changement que ce soit sur le plan culturel, publicitaire, des médias, etc.», détaille-t-il.
Directeur général de Google France depuis septembre 2004, ce Breton peut se targuer d'avoir contribué à rapprocher les agences médias du moteur de recherche. À son arrivée, Google était soupçonné de vouloir jouer la désintermédiation sur leur dos. La suppression de la commission d'agence de 15%, en octobre 2005, a nourri cette méfiance, même si Google a pris soin d'accorder des bonus trimestriels à une dizaine d'enseignes en fonction du volume d'achat. «J'ai contribué à faire évoluer à la fois Google et les agences», note Mats Carduner.
"Blocage doctrinaire"
En revanche, il laisse au milieu du gué un dossier plus politique: les relations avec les éditeurs de contenus. Google a certes signé en France des accords avec la bibliothèque de Lyon et une vingtaine de petits éditeurs, mais il n'est pas vraiment parvenu à amoindrir le vent de la contestation vis-à-vis de l'hégémonie de Google. Même s'il trouve des défenseurs dans le service public, comme Camille Pascal, secrétaire général de France Télévisions, Google reste encore largement vu comme une menace pour la culture et le livre. Les discussions ouvertes avec la BNF, cet été, ont ainsi rallumé nombre de critiques.
«C'est une posture idéologique du Syndicat national de l'édition, un blocage doctrinaire», estime Mats Carduner, pour qui la fonction de lobbying prend de plus en d'importance quand on dirige Google France. Il ne désespère pas que Google soit perçu, demain, «comme une opportunité plutôt que comme une menace».
«On nous attribue la responsabilité de la mutation vers le numérique et on nous voit comme un problème alors que nous sommes une partie de la solution, confiait-il à Stratégies le 13 octobre, en marge de son Zeit Geist, un cyle de conférences maison. Nous savons apporter de l'audience aux contenus et générer du trafic sur les sites d'actualité. Nous fournissons aux sites des outils technologiques en matière de transactions et de paiement pour qu'ils s'enrichissent (Google Checkout). Et nous aidons à monétiser les contenus en reversant 6 milliards de dollars par an aux partenaires d'Ad Sense, soit quelque 600 millions en France, sachant que nous réalisons dans ce pays moins de 10% de notre chiffre d'affaires de 21 milliards de dollars.»
Malgré cet affichage de vertus, Google reste considéré par les éditeurs de contenus comme leur «meilleur ennemi», selon les termes de Philippe Jannet, président du Monde interactif. La Société des auteurs compositeurs dramatiques (SACD) demande ainsi à la commission Zelnik, qui planche sur le financement de la création culturelle, de préconiser une taxe sur la publicité en ligne.
Et lors d'un colloque NPA Conseil, le 22 octobre, Pascal Rogard, son directeur général, a ajouté que Google devrait contribuer au compte de soutien à l'industrie des programmes. Avec toutefois cette remarque de bon sens s'agissant d'un acteur immatériel et mondialisé: «Google est comme un lutteur turc: il est beaucoup plus fort et enduit d'huile, donc difficile à attraper…» Forcément, au pays d'Astérix, on n'aime pas trop !