Medias
Déjà propriétaire de Telecinco, Mediaset absorbe la chaîne Cuatro de Prisa et entre au capital de sa plate-forme numérique payante.

Le mariage a de quoi surprendre. El País, le quotidien espagnol du groupe Prisa, n'avait pas hésité en juin dernier à publier les sulfureuses photos des après-midi de farniente organisés dans la villa du président du Conseil italien Silvio Berlusconi, suscitant ainsi les foudres de ce dernier, qui avait menacé d'attaquer le journal.

Accablé par une lourde dette et la chute de ses revenus publicitaires, Prisa a pourtant confirmé, fin décembre 2009, avoir accepté une fusion entre sa petite chaîne en clair lancée en 2006, Cuatro, et la première chaîne privée d'Espagne, Telecinco, propriété de Mediaset, le groupe du Cavaliere, qui fait cette fois la une des journaux, non pour ses affres, mais pour ses affaires. 

L'intégration de la chaîne se fera à travers une augmentation de capital de Telecinco à laquelle souscrira la filiale audiovisuelle de Prisa (Sogecable), à hauteur d'environ 18%. Mediaset-Telecinco, propriétaire d'Endemol, s'empare également de 22% de Digital+, la plate-forme payante de Prisa, pour 500 millions d'euros.

«Plus qu'une fusion, il s'agit surtout d'une absorption puisque c'est Telecinco qui tient les cordons de la bourse : c'est elle qui aura le pouvoir de décision et Mediaset se renforce ainsi en Espagne», précise Fernando Cano, rédacteur en chef du site espagnol spécialisé PR Noticias. «Telecinco sera le leader des émissions en clair et Digital+ celui des opérations payantes [en Espagne]», affirme Prisa.

Des soucis pour l'audiovisuel ibérique

Après leur fusion, qu'elles espèrent conclure en mai en maintenant leurs deux «enseignes», Telecinco et Cuatro comptent drainer 45% des revenus publicitaires et pourraient attirer près de 25% des téléspectateurs. Prisa s'est ainsi délesté en 2009 de plusieurs filiales pour tenter d'alléger sa lourde dette, estimée à 4,7 milliards d'euros. Mais, au-delà de ses soucis financiers, c'est tout le secteur audiovisuel espagnol qui traverse une époque difficile alors que les revenus publicitaires ont chuté de 20% depuis le début de la crise et que l'arrivée de la TDT (la TNT espagnole) a non seulement fragmenté les audiences, mais exige aussi des groupes audiovisuels qu'ils alimentent leurs nouveaux canaux (huit prévus pour le nouveau Cuatro-Telecinco).

C'est pour pallier ces difficultés que le gouvernement espagnol a approuvé une loi en février 2009 encourageant les fusions entre concurrents. Après des mois de négociations et plusieurs échecs, ce grand mariage devrait être suivi de près par une alliance entre l'autre grande chaîne privée, Antena 3 (Planeta) et la concurrente directe de Cuatro, La Sexta (Mediapro).

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