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Le patron du pôle radio de RTL Group en France revient sur le dernier sondage Médiamétrie, qui montre un renforcement du leadership de RTL. Et égratigne au passage France Télévisions.

Quel bilan faites-vous des nouveautés de RTL, au vu de la vague novembre-décembre de Médiamétrie?

Christopher Baldelli. C'est une vague très positive pour RTL. Elle enregistre des progressions sur les nouveautés, aussi bien sur la tranche d'information d'On refait le monde avec Christophe Hondelatte que sur Le Club Liza avec Bixente Lizarazu. En outre, c'est la première fois depuis 2002 que RTL creuse un tel écart avec les autres radios.

 

Et les points à consolider?

Ch.B. Sur la matinale, nous avons amélioré les rendez-vous en janvier en faisant venir Éric Zemmour pour un billet à 7h15, ou en organisant un débat Aphatie-Duhamel chaque jeudi. L'objectif est d'améliorer le rythme de cette matinale et d'apporter un peu plus de poil à gratter. Nous sommes d'ores et déjà très contents de «l'élève» Zemmour, qui a dû s'adapter au média radio et au style RTL.

 

La succession de Philippe Bouvard, c'est une question taboue?

Ch.B. La question ne se pose pas, en raison des audiences excellentes de Philippe Bouvard, véritable talent multimédia. Il a écrit un livre qui s'est très bien vendu et enregistré une émission pour ses cinquante ans de carrière qui a battu des records d'audience sur France 2. Nous avons avec lui un rapport de confiance et son contrat va au-delà de la prochaine rentrée.

 

Tenez-vous compte de la postérité d'un programme via le Web avant de lancer un programme radio?

Ch.B. C'est un critère de décision qu'il faut avoir en tête. Le Web permet de donner de la profondeur dans le temps. Même si ce n'est pas notre priorité, on peut en tenir compte dans la grille. La chronique d'Éric Zemmour est ainsi d'abord un choix pour l'auditeur de la radio, mais nous savons aussi qu'elle est très consommée sur Internet.

 

Avez-vous l'intention de développer la vidéo dans vos programmes?

Ch.B. Oui. J'ai décidé d'équiper en caméras nos principaux studios. Cela nous conduira à proposer davantage d'images sur nos sites. Je ne crois pas à une radio filmée mais c'est un vrai plus, notamment pour des séquences assez courtes. Avec la vidéo, l'enjeu est d'avoir une valorisation publicitaire équivalente à celle de la radio.

 

L'audience des sites de radio reste relativement faible par rapport aux autres médias. Estimez-vous qu'il faut passer à la vitesse supérieure?

Ch.B. RTL a la meilleure audience des radios généralistes sur le Web, mais c'est vrai qu'il existe des marges de progression sachant qu'Internet représente moins de 1% de notre chiffre d'affaires. Le podcast est une pratique d'avenir que nous avons intérêt à développer. Le succès de M6 Replay le montre: cette capacité d'écoute différée est un vrai plus et n'est pas de nature à cannibaliser l'audience. Quant à Fun Radio, elle a une dimension communautaire qui pourrait être mieux exploitée sur le Net.

 

Où en êtes-vous de votre offre de paris en ligne ?

Ch.B. Des discussions sont en cours. Nous  avons un accord de partenariat exclusif avec la Française des jeux que nous sommes en train de renégocier.

 

Vous attendez-vous à un déclin de vos recettes publicitaires? Quelles sont les synergies possibles avec la régie publicitaire de M6?

Ch.B. Je ne crois pas à un tassement durable de la publicité radio. Le média a l'atout de la réactivité et trop peu d'annonceurs y ont encore recours. Quant aux synergies publicitaires avec M6, elles sont de fait limitées car elles ne répondent pas actuellement à la demande du marché tel qu'il est organisé dans les agences médias. Nous y avons sans doute plus intérêt que M6, qui a plus d'annonceurs en tant que chaîne TV.

 

Bertelsmann a enregistré une perte nette de 333 millions d'euros au premier semestre 2009. Ressentez-vous une pression forte de la part de sa filiale RTL Group ?

Ch.B. Non. RTL Group au niveau européen devrait finir l'année avec un résultat nettement positif. C'est un actionnaire qui comprend nos problématiques et respecte bien l'indépendance de l'information. Il en va de ma responsabilité de redonner au pôle radio RTL les conditions d'un modèle économique pertinent qui assure l'avenir de l'entreprise. Cela passe par des sondages attractifs et le renforcement de notre leadership, mais aussi par la mise en place d'un plan d'économies de 20 millions d'euros sur trois ans. Le volet social représente un tiers du montant de ce plan, le reste étant obtenu par des mesures de réduction de notre train de vie.

 

Y aura-t-il des licenciements au cas où il n'y aurait pas assez de volontaires au plan de départs de RTL ?

Ch.B. Les négociations sont en cours. Ce qui est sûr, c'est que nous avons fixé un objectif de trente postes et qu'il nous faudra y arriver. Les départs devraient intervenir avant juin.

 

Le CSA semble désireux qu'une date de l'extinction de la FM soit fixée pour éviter les coûts de double diffusion, analogique et numérique. Qu'en pensez-vous ?

Ch.B. À la différence de la télévision, où le basculement vers le numérique était une obligation décidée au niveau européen, une telle initiative serait purement française. Cela me semble complexe d'arrêter un calendrier avant même le lancement d'une technologie et la mesure de son succès.

 

Êtes-vous partisan d'une taxe Google pour financer des contenus culturels?

Ch.B. Tous les acteurs opérant sur un même marché pertinent ne doivent pas se trouver en distorsion de concurrence par l'application de règles trop différentes. Certains acteurs du Web opèrent largement sur le marché français et sont exonérés des règles ou des taxes applicables à ce marché, comme la loi Sapin. Cela ne me semble pas équitable.

 

Un an après la suppression de la publicité après 20 heures sur la télévision publique, approuvez-vous la réforme de France Télévisions ?

Ch.B. Le modèle de la télévision publique sans publicité est une bonne chose à condition que les financements publics suffisent. Pour les médias privés, qui ont connu des années difficiles, c'est un rééquilibrage du marché logique. Maintenant, qui dit entreprise unique ne signifie pas nécessairement responsabilité totalement centralisée. Est-ce qu'il ne faut pas des responsables par antenne ? C'est une option qui peut se discuter. D'autres services publics, comme Radio France, sont organisés ainsi.

 

Êtes-vous intéressé par la présidence de France Télévisions ?

Ch.B. Non, je n'y pense pas le matin en me rasant.

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