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Dans le sillage des pure players, les sites des journaux prennent résolument le tournant du Web 2.0 en créant de véritables communautés en ligne.

Les sites de presse sont pris par la folie du réseau social. Alors que Facebook culmine à plus de 21 millions de visiteurs uniques par mois, les sites des quotidiens français se sont attelés à développer leur communauté en ligne. Sans prétention d'audience face à la domination du géant américain, ils tentent de créer une valeur ajoutée autour de leurs lecteurs internautes et de pousser les plus fidèles vers une offre payante.

 

«Tout le monde a ouvert des communautés», reconnaît Philippe Jannet, PDG du Monde interactif. En l'espace de quelques semaines, Lemonde.fr a relancé son offre abonné payante en proposant des pages personnelles, inspirées en partie par Lepost.fr, son laboratoire.

Lefigaro.fr a dévoilé la sienne avec un espace social accessible tant à ses abonnés payants que gratuits. Démarche similaire au Parisien.fr, avec l'espace You, qui propose un espace de prise de parole aux internautes. «Ils peuvent créer une fiche de profil gratuitement», explique Isabelle André, sa directrice des nouveaux médias. Enfin, le site du gratuit Metro propose depuis peu un espace pour que les reporters en herbe puissent partager leurs vidéos et photos sur l'actualité...

Pour le moment, plus de 5 000 abonnés sur 100 000 ont rempli leur page personnelle en deux semaines au Monde.fr. Lefigaro.fr, fort d'un vivier de 70 000 inscrits, a enregistré 10000 lecteurs actifs qui ont créé leur profil personnel sur le site.

«Il y a deux sortes de réseaux sociaux», pointe Frédéric Colas, vice-président en charge de la stratégie de l'agence Fullsix : «Les réseaux dominants de masse tels Facebook, et ceux, plus pointus, qui mobilisent une communauté de passionnés. Pour la presse traditionnelle, on observe le passage d'une logique d'audience de masse à celle de réseau de marque.»

 

«Le projet est parti du constat d'une véritable appétence de nos internautes pour s'exprimer», note Bertrand Gié, directeur délégué des nouveaux médias du groupe Figaro. Parmi la multitude de commentaires, les interventions de qualité sont toutefois noyées dans la masse. Pour les sites, il s'agit dès lors de récupérer la matière grise et l'expertise que représente un lectorat éduqué.

«Si l'on veut obtenir des commentaires de bonne qualité, il faut mettre des barrières», tranche Philippe Jannet. Sur Lemonde.fr, les commentaires ne sont accessibles qu'aux internautes souscripteurs d'un abonnement payant. Sur Lefigaro.fr, l'enregistrement gratuit mais complet est également requis. «Cela permet de gagner en qualité de commentaires et d'opérer une modération a posteriori», reconnaît Bertrand Gié.

Mais cette utilisation des connaissances et du réseau des lecteurs pour enrichir l'information disponible n'est pas toujours comprise. «Au début du blog Les Décodeurs [lire l'encadré], il y a eu une certaine incompréhension sur l'idée du projet.Les lecteurs nous reprochaient de vouloir utiliser les internautes pour réaliser le travail des journalistes», raconte Nabil Wakim, journaliste et blogueur au Monde.fr.

Le réseau social ne semble toutefois pas être la meilleure façon de monétiser son audience. «Espace d'expression ne rime pas avec payant», souligne Isabelle André. Pourtant, une offre d'abonnement payant sera difficilement attractive si elle est uniquement axée sur la vente de contenus. Au Figaro.fr, l'offre premium propose un réseau professionnel haut de gamme.  «Nous pensons sincèrement que l'espace communautaire est l'un des éléments constitutifs d'un abonnement payant», affirme Bertrand Gié.

 

 

 

Un blog de lecteurs-enquêteurs

Lancé en novembre 2009 sur le principe «enquêtons ensemble», le blog Les Décodeurs propose aux lecteurs de réaliser un travail d'enquête en partenariat avec le journaliste. Le principe : le blog propose un décryptage des propos tenus par les hommes politiques français. Après enquête, un logo «vrai» ou «faux» est apposé sur les affirmations. Internautes farfouilleurs et experts oubliés de la presse traditionnelle peuvent ainsi exhumer les preuves validant ou invalidant les propos des politiques. «À terme, l'idée est que la rédaction du Monde.fr s'approprie cet espace d'enquête communautaire», espère Nabil Wakim, journaliste en charge du blog.

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