numérique
Alors que l’arrivée prochaine de la tablette Ipad agite la presse, l’édition planche aussi sur sa conversion au numérique.

Les éditeurs qui arpentaient le Salon du livre jusqu'au 31 mars, porte de Versailles à Paris, n'avaient que le mot «numérique» à la bouche. Alors que l'ensemble des médias et l'industrie de la musique ont résolument entamé (ou subi) leur révolution «digitale», le monde de l'édition s'y avance prudemment.

Aujourd'hui, le marché du livre numérique en France représente moins de 1% du chiffre d'affaires global. Le Syndicat national de l'édition (SNE) avance même le chiffre de 0,1%… Mais, à la différence de la presse, le livre reste un secteur en bonne santé. Sur l'année 2009, les ventes de livres ont atteint 4,2 milliards d'euros en France en 2009, en hausse de 3,9% par rapport à 2008, selon l'institut d'études GFK.

Alors que le marché du livre numérique commence à être une réalité au Japon et aux États-Unis, les éditeurs de l'Hexagone se mettent en ordre de bataille pour faire décoller ce marché balbutiant mais prometteur. Car, cette fois, on y est! Les terminaux de lecture se multiplient sur le marché. Le Kindle d'Amazon et ses concurrents se sont déjà imposés outre-Atlantique. Au Japon, ce sont les smartphones qui ont fait décoller la lecture de mangas.

En France, le livre numérique reste pour le moment confidentiel malgré ce foisonnement de supports de lecture comme les tablettes Reader de Sony et Cybook de Bookeen, ou la Nintendo DS qui propose, en partenariat avec Gallimard, une sélection de cent classiques de la littérature française, histoire de soulager les parents qui estiment que leurs rejetons perdent trop de temps sur les jeux vidéo.

Chantier législatif

Pour le moment, l'offre éditoriale reste timide. Selon le SNE, seuls 50000 livres numériques seraient disponibles à la vente dans l'Hexagone. Mais, fin avril, une petite révolution est attendue avec le lancement de l'Ipad en France. Aux États-Unis, Hachette (Lagardère), le numéro deux mondial de l'édition, a déjà prévu de se lancer sur la plate-forme d'Apple avec près de 6000 références de sa filiale américaine, Hachette Book Group. Selon son patron, Arnaud Nourry, le numérique pourrait peser de 10 à 15% du marché d'ici cinq à sept ans. En décembre 2009, il s'est déjà vendu autant de livres numériques aux États-Unis et au Canada que sur l'ensemble de l'année 2008.

Apple ne manque pas d'arguments pour convaincre les éditeurs. La firme leur laissera la maîtrise du prix de vente des ouvrages, à l'inverse du géant Amazon qui impose un prix de 9,90 dollars. Résultat, les livres numériques d'Hachette seront vendus entre 12,99 dollars (9,60 euros) et 14,99 dollars (11 euros), s'il ne s'agit pas de best-sellers.

Mais les freins restent nombreux sur le marché français. Première crainte des éditeurs, le taux de TVA réduit à 5,5% pour le livre papier ne s'applique pas à sa déclinaison numérique. Par ailleurs, la loi Lang sur le prix unique du livre est pour le moment réservée aux «vrais» livres. Un chantier qui devrait avancer d'ici à l'été, a promis le ministre de la Culture et de la Communication Frédéric Mitterrand à la suite du rapport Zelnik. 

 

 

 

Les lecteurs disent oui au numérique

Selon GFK, 61% des Français envisagent de lire un livre au format numérique. Ils sont 97% à espérer de ce nouveau mode de lecture un gain significatif en termes de prix. Le futur lecteur numérique attend un prix moyen de 7 euros pour un nouveau roman, de 4 euros pour un roman sorti il y a plus d'un an et de 4,50 euros pour une bande dessinée. Problème, «ces prix attendus sont bien loin des prix pratiqués aujourd'hui, puisque ceux-ci sont inférieurs de 5% à 10% aux prix des mêmes livres physiques», souligne GFK.

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