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À quelques semaines de l’ouverture du marché, les sites de paris sportifs tentent de recruter les meilleurs ambassadeurs. Gare aux conflits d’intérêt avec les marques et les médias.

Champion du monde de football, Bixente Lizarazu est aussi champion des paris sportifs en ligne. À quelques semaines de l'ouverture du marché, l'ancien international touche déjà le gros lot. La Française des jeux, à qui il prête son image pour la publicité du site Parions sport, est aussi liée à TF1 et à RTL, stations pour lesquelles il est consultant (ce qui lui rapporterait 430 000 euros annuels selon Le Parisien). Bonne pioche. Pour se démarquer, les futurs opérateurs de paris en ligne chassent en effet les meilleurs ambassadeurs. Or la plupart des sites de paris sportifs en ligne ont conclu des accords d'exclusivité avec des médias… qui eux-mêmes utilisent d'anciens sportifs comme consultants, ces derniers pouvant être liés à d'autres marques.

Si la situation est claire pour Bixente Lizarazu, elle l'est moins pour son ancien coéquipier, Christophe Dugarry. L'ancien Bleu, lui aussi sous contrat avec la Française des jeux, est également consultant chez Canal+. Or, la chaîne s'est associée au bookmaker britannique Ladbrokes. Comment réagira Canal+, qui verse à l'ancien Bleu 350 000 euros annuels pour un contrat d'exclusivité, en voyant son poulain faire la promotion d'un site directement concurrent, dans d'autres supports également concurrents ?

Même cas de figure pour Marcel Desailly, ambassadeur de Bet Clic, et Pierre Menès avec Unibet. Des contrats «historiques» pour les deux hommes. De plus, Pierre Ménès est un cumulard, car, outre Unibet, lié avec Sport24.com et Europe 1 alors que lui-même officie sur RTL, le chroniqueur de Canal Football Club collabore avec Yahoo, en partenariat avec la Française des Jeux. La confusion guette. Tout comme la crise de nerfs chez les patrons de chaîne.

Quête de cohérence

«C'est un sujet que nous regardons de près, confie Daniel Bilalian, directeur du service des sports de France Télévisions. Nous allons fixer des limites, comme cela se fait en matière d'exclusivité de droits. Tout sera écrit dans les futurs contrats. Pour les collaborations actuelles, il y aura des avenants.» Daniel Bilalian épluche ainsi chacun des accords de ses consultants.

Un travail également mené chez RMC. «Nous avons signé un partenariat avec le PMU et je trouverais inconcevable de retrouver l'un de nos animateurs proposer des pronostics pour un site concurrent, explique François Pesenti, directeur général de RMC Sport. Nos contrats vont passer en exclusivité sur ce domaine.» Du coup, Jean-Michel Larqué aurait été sommé d'arrêter son association avec Bet 770, et Luis Fernandez, approché par d'autres sites, a été invité à se rapprocher du PMU.

«C'est un problème pour les consultants sportifs, moins pour les journalistes qui peuvent collaborer à d'autres supports, estime Jean-Pascal Forges, directeur de l'agence Starlink. Sur Canal+, le cas Marcel Desailly est exceptionnel.» L'éviction de Bixente Lizarazu de la «dream team» de la chaîne, pour collaborations externes trop nombreuses, fait jurisprudence.

«Les sites de paris sportifs ont intégré depuis longtemps ces problèmes de conflits d'intérêt, et en font l'une des contraintes pour le recrutement d'ambassadeurs, indique Frank Hocquemiller, directeur de VIP Consulting. Les marques recherchent aussi de la cohérence.» Cela vaudra mieux aussi pour le grand public.

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