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Après des mois de tractations, un accord a été trouvé pour éviter la cessation de paiement. Le groupe Lagardère parvient à cette occasion à sortir de son rôle d’opérateur des messageries.

Donnant, donnant: c'est le compromis trouvé entre Lagardère, l'État et les éditeurs afin de financer le redressement de Presstalis, principal distributeur de la presse en France. Le partage de l'addition (estimée à 125 millions d'euros par le rapport de l'inspecteur général des finances Bruno Mettling) a été officialisé le 27 mai par le conseil de gérance de Presstalis. Lagardère, opérateur et actionnaire de Presstalis à 49%, a finalement accepté d'apporter 22,5 millions d'euros de liquidités ainsi que les 49% qu'il détient dans le gestionnaire de kiosques Mediakiosk, évalués à 20 millions d'euros. Un effort qui lui assure son ticket de sortie de son rôle d'opérateur d'ici à juin 2011.

De son côté, l'État débloque une aide exceptionnelle de 20 millions d'euros pour l'année 2010. Il porte par ailleurs à 18 millions d'euros l'aide récurrente annuelle à partir de 2009 à la distribution des quotidiens d'information, contre 12 millions auparavant. Pour leur part, les éditeurs contribuent à l'augmentation de capital «de manière équilibrée», souligne Presstalis dans un communiqué.

«Je suis extrêmement satisfait de ce plan de financement car il est le reflet d'un véritable accord des acteurs pour sauver la distribution de la presse», affirme à Stratégies Rémy Pflimlin, directeur général de Presstalis.

Réunir des fonds propres

Si l'étau se desserre, l'entreprise doit maintenant s'attaquer à la délicate mise en œuvre du plan de sauvetage proposé par le rapport Mettling. Commandé par le Premier ministre François Fillon, ce document prévoit entre autres de transformer la coopérative en une société anonyme, de refondre les tarifs payés par les éditeurs et d'édifier un nouveau plan d'économies. «Des discussions ont démarré sur le changement de gouvernance, avec la volonté d'aboutir d'ici à la fin de l'année 2010», poursuit Rémy Pflimlin. Car l'opérateur historique, Lagardère, entend bien devenir un éditeur parmi les autres d'ici à juin 2011.

Pour se constituer en société anonyme, Presstalis doit rapidement se doter d'un capital. Une nouvelle dépense pour les coopératives d'éditeurs, qui devraient apporter autour de 20 millions d'euros, selon des sources proches du dossier, afin de constituer les fonds propres de la nouvelle société. Pour Laurent Jourdas, délégué syndical central CGT de Presstalis, «dans cette opération, Lagardère parvient à sortir de son rôle d'opérateur à moindre coût».

Autre échéance importante, les éditeurs, regroupés en cinq coopératives de presse, ont consenti à réviser les tarifs de distribution de leurs journaux. La décision sera prise lors des assemblées générales des coopératives qui se tiendront en juin.

Les quotidiens devraient enregistrer une hausse de leurs barèmes, en partie compensée par les aides d'État. De leur côté, les magazines devraient bénéficier d'une baisse de leurs tarifs de distribution, afin d'éviter leur départ pour le distributeur concurrent, les Messageries lyonnaises de presse (MLP).

Enfin, un nouveau plan d'économies doit voir le jour. «Presstalis a économisé 50 millions d'euros entre 2008 et 2010. Nous ne partons pas de zéro», rappelle Rémy Pflimlin. Les différentes pistes doivent être présentées le 10 juin lors d'un conseil central d'entreprise.

Le distributeur, qui doit faire face à une perte d'exploitation de plus de 26 millions d'euros en 2010, après avoir perdu 40 millions en 2009, doit réduire ses coûts. La piste la plus sérieuse reste la fermeture de la Société de presse Paris service (SPPS), qui perd 25 millions d'euros par an et emploie 271 personnes.

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