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Le 31 mai, le Quit Facebook Day n'a pas entraîné de désaffection massive du réseau social. Pourtant, le malaise sur le respect des données personnelles est bien réel.

La fin de Facebook n'a pas eu lieu le 31 mai 2010. Le Quit Facebook Day, opération de boycott lancée par deux Canadiens pour protester contre la politique de protection des données personnelles pratiquée par le réseau social, n'a pas provoqué de désertion massive. Mais tout de même plus de 36 373 membres se sont engagés à supprimer leur profil Facebook le jour J. Une contre-révolution 2.0 est peut-être en marche.

La complexité grandissante des paramètres de confidentialité des données personnelles sur le réseau social et le partage de plus en plus ouvert de ces données avec des sites extérieurs en agacent plus d'un. Parmi les récents déserteurs, on trouve d'ailleurs la ministre allemande de la Consommation, Ilse Aigner, qui a annoncé son départ de Facebook pour protester contre la protection insuffisante des données des usagers. «Je ne peux accepter qu'une entreprise en pointe viole les lois sur la protection des données et méprise largement la sphère privée de ses membres», a-t-elle déclaré.

Côté américain, une quinzaine d'associations de protection des consommateurs sont elles aussi montées au créneau et ont porté plainte devant la Federal Trade Commission (lire aussi l'interview de Nathalie Kosciusko-Morizet en page 42).

Cures de désintoxication… et nombreuses rechutes

Outre les participants du Quit Facebook Day, qui représentent une goutte d'eau dans l'océan des 450 millions de membres du réseau social, les critiques fusent parmi les membres actifs. Des groupes tels que «Je hais les nouveaux paramètres de confidentialité de Facebook» et de nombreuses déclinaisons moins politiquement correctes pullulent. Mais quitter le navire Facebook n'est pas si simple. L'hégémonie du géant du Net ne laisse guère de place aux réseaux sociaux alternatifs. Et pour beaucoup, sacrifier son profil Facebook sur l'autel de la confidentialité des données personnelles reste un choix difficile. «J'ai arrêté la cigarette, l'alcool et le café au cours des cinq dernières années, ce qui a eu un impact sur ma vie sentimentale, familiale et professionnelle. Croyez-moi, fermer mon compte Facebook la semaine dernière a été une des plus difficile (et je l'ai fait !)», témoigne un participant du Quit Facebook Day. Tenir est parfois encore plus difficile. «Plus de 50% des utilisateurs qui demandent la clôture de leur compte Facebook réactivent leur profil dans les 3 semaines suivantes», explique Damien Vincent, directeur commercial France de la société. 

Facebook n'est cependant pas resté sourd aux récriminations de ses membres. À tel point que son jeune PDG-fondateur, Mark Zuckerberg, 26 ans, s'est fendu d'une lettre ouverte dans le prestigieux Washington Post, où il promettait de permettre de désactiver facilement les services tiers, comme la transmission des données personnelles à des entreprises. «Nous ne pouvons bien entendu pas prétendre accommoder les préférences des 400 millions de personnes sur Facebook, mais nous avons passé les dernières semaines à prendre en compte les retours des gens [...] et le message que nous avons reçu est plutôt clair», concède-t-il.

Les concessions du réseau social restent toutefois limitées. «Nous avons pris en compte les retours des utilisateurs en simplifiant les paramètres de confidentialité. Par ailleurs, sur la publicité, nous ne transmettons aucune donnée à des entreprises tiers et le ciblage sur le réseau est effectué de manière complètement anonyme», se défend Damien Vincent.

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