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Ce 15 septembre, Les Inrockuptibles lancent une formule enrichie, qui se veut plus chaude et plus proche de l'univers des news magazines.

 

«N'utilisez jamais une métaphore, une comparaison ou toute autre figure de style que vous avez l'habitude de voir imprimée.» La phrase est de George Orwell, qui fut journaliste autant qu'écrivain, et publiait en 1946 ses Six règles d'écriture. Les six commandements sont affichés au mur du bureau de Bernard Zekri, directeur de la rédaction des Inrockuptibles.

On sent une certaine électricité dans les locaux de la rue Saint-Sabin, en plein cœur du quartier de la Bastille, à Paris. L'Iphone sonne sans relâche, les bons à tirer s'amoncellent… Le 15 septembre sortira la nouvelle mouture de l'hebdomadaire, qui entend chasser sur les terres des news magazines. «À la naissance des Inrocks, en 1986, il était impensable de trouver les mêmes articles dans un autre magazine, se souvient Bernard Zekri. Mais les sujets Inrocks se sont diffusés dans la presse généraliste: Le Figaro magazine vient de publier quatre pages sur le festival Rock en Seine.»

Aux commandes, un ancien directeur général du Nouvel Observateur, Louis Dreyfus, bras droit du nouvel actionnaire majoritaire du journal, le banquier d'affaires Matthieu Pigasse – par ailleurs futur nouveau maître du Monde. «Nous voulons réaliser un news pour ceux qui ne lisent pas les news», résume-t-il. Pour ce faire, Bernard Zekri, selon Louis Dreyfus, a le profil idéal: «Il a construit la rédaction d'I-Télé et avait une vraie envie de presse.» Celui qui, après un séjour à New York en 1981, découvrait le rap et le hip-hop a aussi été grand reporter pour un titre mythique: Actuel.

«Énervé et énervant»

Quelle sera la part de l'héritage du regretté Jean-François Bizot? «À l'époque, Actuel (qui était davantage un journal de grands reporters) et Les Inrocks étaient deux piliers de la culture underground. J'entends respecter l'histoire des Inrocks, tout en apportant le patrimoine d'Actuel Également référents, Vanity Fair ou New York Magazine, ou encore le «Rolling Stone de l'époque ou Hunter S. Thompson suivait la campagne démocrate», explique Louis Dreyfus.

Il y aura trente pages de plus dans les futurs Inrocks, dont la maquette et le nouveau logo ont été conçus par Étienne Robial. Au sommaire, de grandes enquêtes, comme «la guerre de la coke en Jamaïque», annonce Bernard Zekri, mais aussi un cahier politique «sans langue de bois» et une séquence de papiers au long cours, jusqu'à 20 feuillets. Et, bien sûr, les traditionnelles critiques qui ont fait des Inrocks ce journal «énervé et énervant», comme Bernard Zekri le définit dans un sourire.

Cinq journalistes ont été recrutés, provenant de Rue 89, du Petit Journal de Yann Barthès ou encore de GQ. Des collaborateurs interviendront régulièrement, comme le reporter Paul Moreira, Michel-Antoine Burnier, autre ancien d'Actuel, ou encore Thomas Legrand, de France Inter, qui signera des éditos politiques. En la matière, il ne sera pas question «de donner dans l'anti-sarkozysme primaire ou dans le ronchonnement permanent».

Le futur Inrocks sera-t-il l'«hebdo électrique» promis par la campagne TV, cinéma et affichage signée Leg? Les espérances sont grandes. «Nous voulons doubler la diffusion du titre [DFP 2009 : 35 803 exemplaires] dans les 18 mois qui viennent, avec pour priorité les ventes en kiosques», annonce Louis Dreyfus. Le directeur général des Inrocks a mené campagne chez les diffuseurs pour que le magazine (vendu 3,30 euros, mais il bénéficiera d'un prix de relancement) quitte les linéaires musicaux pour côtoyer Le Nouvel Observateur et L'Express. Bref, selon la formule de Bernard Zekri, qu'il «sorte de sa niche».

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