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Après s’être imposé avec le site www.ina.fr, fort de 1,8 million de visiteurs uniques, l’Institut national de l’audiovisuel élargit sa palette à l’enseignement et à la recherche avec une revue en ligne.

D'abord, il y eut un livre, Mainstream, écrit par le journaliste Frédéric Martel après un tour du monde qui l'a amené à étudier les modes de production des grandes industries culturelles de la planète. Depuis le 11 octobre, il faut aussi compter avec un site, INA Global, «revue des industries créatives et des médias» dirigée par le même Martel et porté au départ par Emmanuel Hoog, ex-PDG de l'INA, aujourd'hui à l'AFP. Le projet était néanmoins sensiblement différent puisqu'il s'agissait alors de créer un observatoire en ligne.

«Je trouvais cette idée un peu trop institutionnelle, explique Mathieu Gallet, trente-trois ans, son successeur depuis fin mai. J'ai alors pensé à une revue comme il en existe dans les grandes facs américaines. Le nom a été arrêté en juillet. Il fallait qu'il apporte un éclairage international, embrasse l'ensemble des industries créatives, soit bilingue et fédère plusieurs experts de l'INA.» Inutile de préciser que pour ce natif du numérique, la question ne s'est pas posée une seconde de fabriquer cette revue… sur du papier.

Pour savoir si Hollywood est «bouleversé par la 3 D», comment le géant indien des médias Reliance Big Entertainment connaît une croissance de 13% par an ou pour faire le point sur la télévision au Chili après le sauvetage des trente-trois mineurs, INA Global commence déjà à s'imposer, avec un nouvel article tous les un ou deux jours. Derrière chacun d'eux, des universitaires, des journalistes ou des experts correspondants de Mainstream. Curieusement, néanmoins, nulle vidéo issue du fonds d'archives audiovisuelles de l'Institut n'apparaît, malgré 25 000 heures de programmes sur le site grand public et 700 000 sur l'interface professionnelle à destination des documentaristes et des réalisateurs.

Monter en gamme

INA Global prend place, en effet, dans le pôle enseignement et recherche que Mathieu Gallet s'est engagé à développer dans son contrat d'objectifs et de moyens. L'idée? «Étendre notre champ d'investigation», précise le jeune patron, à côté de l'INA Stat et de l'édition de livres. En toile de fond, la volonté aussi de développer le lien avec les diffuseurs et les réalisateurs que l'INA se propose de former dans l'INA Sup. L'institution publique, qui accueille chaque année 300 étudiants et 5 000 stagiaires professionnels à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), disposera d'ailleurs de 75 millions d'euros pour mener à bien un projet immobilier susceptible de l'agrandir. «Soit on réhabilite l'existant, soit on construit quelque chose de nouveau», précise le PDG.

La numérisation n'est pas pour autant oubliée. Mais si l'INA dispose de 51 millions d'euros pour arriver à 88% de son fonds d'archives numérisé en 2015, la part résiduelle coûtera cher. Même si l'Institut fait appel aux détenues bon marché de la prison de Rennes, par exemple, pour restaurer ses vieilles bandes de journaux télévisés régionaux, la numérisation des films se révèle de plus en plus onéreuse. D'où la volonté de monter en gamme dans l'enseignement et la recherche en faisant de ce pôle un pivot permettant à un professionnel de se former en même temps qu'il achète des archives à l'INA, qu'il coproduit un documentaire ou qu'il coédite un DVD avec l'institution présidée par Mathieu Gallet.

Parallèlement, l'INA ne délaisse pas son développement sur Internet, cher à Emmanuel Hoog, comme en atteste son accord récent avec Dailymotion. Après avoir reconduit pour trois ans sa technologie Signature d'empreinte numérique avec la plate-forme vidéo, l'INA a franchi un nouveau pas en créant avec son partenaire un environnement grand public d'archives en ligne doté d'un partage des revenus publicitaires. De la communauté académique au vidéonaute, l'INA est vraiment global.

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