Présente dans la musique et le corporate, DHCV, la société de production de David Hallyday et Cyril Viguier, se tourne vers la télévision. Avec une approche originale incluant Internet.

Deux ans après sa création, DHCV, la société de production de David Hallyday et Cyril Viguier, veut entrer dans une nouvelle époque… celle de la télévision. A l'heure de la dictature du Net, la réflexion peut surprendre. Et, pourtant, c'est vers ce vieux média que les deux producteurs associés tournent aujourd'hui leurs regards: «La télévision est à reconstruire!, lance Cyril Viguier, ancien directeur délégué de la Cinquième (France 5). Internet est devenu le canal de prescription, la porte d'entrée des jeunes vers la télévision.»

Dès lors, selon lui, il appartient aux chaînes de télévision françaises de ne pas rater ce virage: «Dans le grand bazar du Web et de la TNT-câble-ADSL, la seule façon d'émerger est de créer des contenus et des formats identifiables qui deviennent des marques. Actuellement, sur nos petits écrans, il y a réellement un problème d'écriture et de rythme.»

Logiquement, les deux associés entendent mettre au point des projets qui vont dans le sens de cette évolution des médias. Or, jusqu'à présent, DHCV produisait essentiellement du stock. Mais le flux les attire aussi, celui-ci s'avérant indispensable à l'économie d'une société de production. Aussi 2011 s'annonce-t-elle comme l'année du média télévision au sein de la société implantée rue Royale, à Paris, et qui participe déjà à plusieurs consultations «intéressantes».

«Cross-culture»

Ayant eu plusieurs anicroches – notamment par médias interposés – avec le duo Patrick de Carolis-Patrice Duhamel, David Hallyday et Cyril Viguier fondent désormais leurs espoirs sur le changement d'équipe actuellement en cours à France Télévisions. Cela n'empêche pas DHCV d'être en contact avec des chaînes privées comme M6 et MTV.

Dans leurs projets de flux, celui qui semble leur tenir le plus à cœur consiste à «bâtir pour le service public un grand talk-show dans lequel les invités ne sont pas là pour vendre leur soupe», confie Cyril Viguier. Un tempo à contretemps des circuits classiques de la «promo» artistique que David Hallyday a lui-même expérimenté lors du lancement de son dernier album, Un nouveau monde, en mars 2010.

«Pour promouvoir mon disque, je n'ai fait qu'une seule télévision, celle de Michel Drucker, qui est un ami. Je trouve le reste des émissions particulièrement lassant voire cauchemardesque. L'essentiel de la promotion de l'album s'est faite sur Facebook», explique l'artiste. Résultat, 80% des ventes ont eu lieu sur le numérique et l'album approche le disque de platine, soit 100 000 exemplaires vendus. Une démarche audacieuse rendue possible grâce à la forte notoriété du chanteur en contrat chez Mercury (Universal).

Après sa tournée sur le point de s'achever, David Hallyday s'apprête également à tourner, au printemps, une série de fiction en anglais produite par DHCV. L'univers s'inspire des jeux vidéo, en particulier celui du blockbuster «Call of Duty». «Moi-même, je suis passionné par cet univers», souligne David Hallyday.

Cette nouvelle fiction – pour laquelle des contacts sont en cours avec MTV – sera bimédia. «Il sera impossible de connaître la fin sans passer par la télévision tout comme par le Web», raconte Cyril Viguier. En attendant, le clip du nouveau single de David Hallyday, Welcome to Nowhere, diffusé cette semaine sur MTV mêle déjà les deux univers, musique et jeux vidéo. Une création originale à l'initiative de la chaîne.

«Cette “cross-culture” que nous avons eu en nous dès le départ commence à porter ses fruits, dans cette époque en pleine modification des formats d'écriture», souligne Cyril Viguier avec optimisme. Les deux hommes ont, en effet, depuis longtemps les deux pieds aux Etats-Unis et un œil sur tout ce qui se produit là-bas.

Une ouverture qui les nourrit tout autant pour leurs productions publicitaires ou «corporate». Ainsi, DHCV a produit une campagne cinéma et Internet pour Audi Compétition, le constructeur automobile allemand faisant ainsi de David Hallyday son ambassadeur pour la France et l'Europe. «La course automobile est depuis longtemps ma passion, il y avait donc une cohérence. Le projet d'Audi, à la Steve McQueen – mon héros –, m'a tout de suite intéressé», explique David Hallyday, qui ne répond en général à aucune des sollicitations de marques dont il fait l'objet.

Continuer en duo

Autre développement: DHCV, qui a produit la chaîne de télévision du pavillon français à l'Exposition universelle de Shanghai 2010, se voit confier par cinq grandes entreprises françaises (Areva, Airbus, Veolia, EDF et Alstom) la production de films destinés au marché chinois. Des contenus dans lesquels seront présentés les activités et les atouts de ces entreprises.

Si les deux fondateurs de DHCV ont les yeux plein d'espoir en évoquant 2011, ils savent bien que le «passeport Hallyday» n'est pas forcément un viatique dans le petit milieu parisien. Ils n'ont d'ailleurs qu'une envie, celle de continuer à fonctionner seuls, en duo. Et pourtant, leur société, qui affiche un résultat de l'ordre de 3 millions d'euros, est régulièrement approchée en vue d'une entrée dans son tour de table, raconte Cyril Viguier. «On se fait confiance à 100%. On a d'ailleurs adopté le principe d'une gestion de notre image et de nos activités sans intermédiaire», ajoute David Hallyday, qui n'a plus d'agent, en France du moins, ni d'attaché de presse.

 

Encadré

Dates clés

Janvier 2009. Création de DHCV.

Avril 2009. Premier film: Jimmy Carter, un Américain dans l'histoire.

Juin 2009. Premier budget Sanofi-Aventis dans le cadre de l'Exposition universelle de Shanghai (Chine).

Février 2010. Premiers films corporate pour Veolia Transport.

Mars 2010. Lancement de l'album de David Hallyday Un nouveau monde.

Avril 2010. Campagne de publicité pour Audi R8 LMS.

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