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Habile dans sa stratégie communautaire, le premier réseau social mondial accélère la discrète monétisation de ses contenus.

Entre le «fun» et le marketing affinitaire, il n'y a qu'un clic. Avec ses histoires sponsorisées («sponsored stories»), lancées fin janvier, Facebook est passé à la vitesse supérieure dans la monétisation de ses contenus. L'hyperciblage fonctionne sur le principe du «dis-moi ton statut, je te dirai quoi acheter». Les annonceurs peuvent désormais acheter des espaces pour apparaître sur le profil de l'utilisateur ou sur les données fournies par lui et directement liées au bouton «like» (j'aime) du site. Une manne, quand on sait que l'impact de ce type de recommandation sur un produit multiplie par cinq l'intention d'achat (Nielsen, mars 2010).

Autre fonctionnalité phare lancée mi-décembre aux Etats-Unis, les «Facebook Deals», dorénavant accessibles aux 20 millions d'utilisateurs actifs en France. Dans le magasin, le client possède des «Bons Plans» (en version française) en poche et de manière instantanée. En Grande-Bretagne, Starbucks a ainsi offert 30 000 cafés aux clients qui ont passé les portes de l'enseigne le jour du lancement, le 31 janvier. Réductions, bons cadeaux ou parrainages d'amis sont à la clé. Pour le site, cette nouvelle passerelle entre la marque et le client est aussi un moyen de montrer son savoir-faire commercial.

Facebook a par ailleurs fait appel à de nouvelles recrues pour renforcer son offre de solutions publicitaires. Depuis le 1er février, deux start-up françaises, Mediastay et Makemereach, y officient. La première, éditrice de Kingoloto, Bananalotto et Grattage.com, s'est spécialisée dans des solutions de paiement sponsorisées dans les jeux. La seconde fournit des publicités en bannières. De quoi renforcer le laboratoire très protégé de la monétisation des contenus de Facebook. En 2011, selon les prévisions du cabinet Deloitte, les recettes publicitaires devraient se limiter à 4 dollars par visiteur, mais les revenus liés au commerce électronique et aux systèmes de paiement devraient, de fait, augmenter plus vite. En France, Orange, SFR et Bouygues Telecom se sont récemment associés à Atos Origin pour lancer Buyster, un service de paiement sécurisé sur Internet et les téléphones mobiles.

Plus qu'un espace de conversation

Depuis peu, Facebook n'est plus seulement un immense espace de conversation. C'est aussi un lieu où s'achètent des «Crédits Facebook», la monnaie virtuelle qui sera officiellement lancée le 1er juillet prochain. Plus de deux cents jeux et applications (Farmville, Mafia Wars, Pet Society…) l'utilisent déjà sur le site. Accréditée par la firme de Palo Alto, la société Ifeelgoods, de San Francisco, en fait son miel. «Après un achat sur les sites marchands partenaires, la plate-forme de promotion Ifeelgoods offre des crédits Facebook pour jouer aux jeux sur le réseau», explique Michael Amar, son fondateur français. Laredoute.fr, le numéro un des sites d'e-commerce en termes d'audience (source Fevad), a signé en janvier, une première en France, un contrat d'exclusivité sur ces micropromotions. «Notre objectif est de devenir la monnaie unique Facebook sur les sites d'e-commerce. Avec 350 millions de joueurs dans le monde, soit 60% des utilisateurs de Facebook, et 10 millions de joueurs en France, on attend une croissance forte en 2011.»

«Nous pouvons vous aider à trouver les clients, avant même que ceux-ci pensent vous chercher», prophétisait Tim Kendall, l'ex-directeur de la monétisation de Facebook auprès des marques. A terme, le site pourrait même créer sa propre régie publicitaire. Avec quelque 600 millions d'inscrits et 30 millions de contenus publiés par mois (chiffres Facebook), le réseau social expérimente un équilibre délicat entre consommation et partage.

 

(encadré)

AOL s'offre le Huffington Post

Face aux nouveaux géants d'Internet, les anciens grands s'organisent. Le portail AOL a ainsi annoncé, le 7 février, l'acquisition pour 315 millions de dollars du Huffington Post, star et poids lourd du journalisme en ligne outre-Atlantique, avec 25 millions de visiteurs par mois. Pour AOL, il s'agit de la plus grosse acquisition depuis sa séparation avec Time Warner en 2009.

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