Le Sénat a adopté à l’unanimité une proposition de loi visant à plus de transparence dans l’utilisation des sondages politiques .

Le débat sur l'utilisation des sondages politiques se poursuivra-t-il à l'Assemblée nationale ou sera-t-il occulté par le gouvernement? Après le vote à l'unanimité par le Sénat, lundi 14 février, d'une proposition de loi visant à davantage de «sincérité», de «rigueur» et de «transparence» dans leur usage, les propos de Patrick Ollier, ministre des Relations avec le Parlement, sur la «constitutionnalité» du texte laisse entendre qu'il ne serait pas porté à l'ordre du jour de la chambre basse.
Les deux sénateurs corapporteurs du texte, Hugues Portelli (UMP) et-Jean-Pierre Sueur (PS), sont déterminés à obtenir gain de cause auprès de Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale. «Le lobby des sondeurs a dû faire son travail», suppute Hugues Portelli dans Lemonde.fr. «Les sondages politiques perturbent le jeu démocratique en contribuant à la sélection du personnel», estime pour sa part l'universitaire Alain Garrigou, auteur de L'Ivresse des sondages (La Découverte, 2006) dans Le Monde du 15 février. Un propos qui à lui seul qui pousse au débat…

Comparer dans le temps

«On confond le travail des instituts qui réalisent des sondages avec des méthodes irréprochables et l'utilisation qu'en font les médias, défend Frédéric Dabi, directeur du département opinions de l'Ifop. Ainsi l'Ifop n'est pas responsable de la manière dont les journaux exploitent les résultats et en font leurs gros titres.» Récemment, ce fut en effet un florilège… «Selon les sondages, les Français veulent sanctionner les juges qu'ils soutiennent», ironisait récemment Marianne en évoquant deux enquêtes contradictoires (BVA-20 Minutes et Ifop-Le Figaro) sur l'opinion des Français face au mouvement de protestation des magistrats.

Rebelote avec Dominique Strauss-Kahn. S'appuyant sur son baromètre de février sur les personnalités politiques, réalisé par Ipsos, Lepoint.fr titrait mardi 15 février «L'impressionnante chute de DSK», qui recule de 14 points auprès des sympathisants socialistes et passe de la première place du palmarès général en janvier à la cinquième ce mois-ci. De son côté, Paris Match annoncera dans son édition du 17 février «un record historique» de popularité pour le président du FMI, avec 79% de bonnes opinions.

«On ne peut pas comparer ces deux sondages dont les questions sont différentes, insiste Frédéric Dabi. Ipsos interroge sur l'action des politiques, Ifop sur leur popularité.» Jean-François Doridot, directeur général d'Ipsos Public Affairs, enchérit: «Il faut relativiser les données mensuelles et faire une analyse sur la durée. DSK est dans le Top 5 depuis 2007, mais comme il est absent de la scène politique française, sa popularité est davantage sujette aux mouvements d'humeur de l'opinion.» Et la presse a aussi besoin de vendre du papier…

 

 

 

Parole d'expert. 

Jean François Doridot (Ipsos Public Affairs):
«Dans la vague de février 2011 du baromètre Ipsos/le Point, Dominique Strauss Kahn recule mais il est toujours dans le Top, à la cinquième place avec 51 % d'avis favorable sur son « action politique » (contre 58 % en janvier où il était effectivement premier). Cette baisse se concentre chez les sympathisants socialistes (-14 points en un mois, -18 points depuis décembre) face à Martine Aubry (75% d'avis favorables chez les proches du PS -3 points). Mais relativisons ces résultats : DSK bénéficie d'un consensus positif depuis sa nomination à la direction du Fonds Monétaire International en octobre 2007. La phrase de sa femme, Anne Sinclair, indiquant qu'elle ne souhaitait que son mari fasse un second mandat au FMI laissant ainsi entendre une possible candidature à la présidentielle de 2012, cristallise l'impatience des sympathisants de gauche qui veulent y voir clair. Ils commentent moins les silences de Martine Aubry! Comme il est absent de la scène politique française, sa popularité est davantage sujette aux mouvements d'humeur de l'opinion.

Sa position est par ailleurs plus inconfortable : il y a neuf mois, DSK était le seul en posture de battre Nicolas Sarkzoy en 2012. Actuellement, ils sont deux ou trois. Paradoxe : pour que Dominique Strauss Kahn redevienne le seul capable d'affronter Nicolas Sarkozy, il faut que le président de la République remonte dans les sondages et ce n'est pas le cas actuellement.»

Jean François Doridot, directeur général d'Ipsos Public Affairs

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