télévision
Le 48e marché international des programmes, qui s'est tenu à Cannes du 4 au 7 avril, est l'occasion de faire le point sur les programmes et les thématiques qui montent.

Dans un restaurant, une femme d'un certain âge dîne tranquillement avec des amies. De quoi leur parle-t-elle? De sa maladie de cœur. De ses soucis d'argent, qui l'empêchent de se faire opérer. Tout à coup, des écrans de télévision s'allument dans la pièce: le fils de la malade apparaît et s'adresse à sa mère. «Maman, je viens de gagner 70 000 dollars pour toi!» Émotion…

Voici en quoi consiste le plus gros lancement du 48e MIP TV, qui s'est déroulé du 4 au 7 avril à Cannes: les affiches pour You Deserve It, programmé aux États-Unis sur ABC, y étaient omniprésentes. Conçu par le créateur de Deal or no Deal (À prendre ou à laisser), ce «quiz show» inaugure un nouveau type de programmes. La recette? De la générosité et une bonne louche de bons sentiments. Holding out for a Hero, format anglo-saxon encore non diffusé, repose sur le même principe: des anonymes jouent afin de venir en aide à un proche qu'ils considèrent comme un héros.

«On constate un développement des programmes de solidarité», remarque Virginia Mouseler, cofondatrice de la société de veille The WIT (World Information Tracking), qui présentait à Cannes son panorama annuel «Fresh TV around the world» le 4 avril. Du neuf, vraiment? On se souvient des Maçons du cœur ou encore de Tous ensemble, sur TF1… «La différence, c'est que dans ces programmes, c'était la télé qui secourait les quidams. Ici, les anonymes viennent en aide aux anonymes.»

Poétique de la ruine

Virginia Mouseler rapproche cette déferlante de philanthropie d'un autre phénomène, l'accroissement des programmes de survie. Año Zero, sur la chaîne chilienne Canal 13, montre un groupe de candidats censés survivre dans un monde dévasté par une catastrophe naturelle. Pas du meilleur goût après le séisme japonais, mais «on retrouve finalement la même idée que dans You Deserve It: des gens qui ont tout perdu, soit à cause de la crise, soit à cause d'une catastrophe naturelle, et qui doivent repartir de zéro», estime Virginia Mouseler.

Parallèlement à cette poétique de la ruine, c'est sur une apologie du lucre que repose le jeu le mieux vendu au monde depuis six mois. Money Drop, produit par Endemol et qui aurait suscité la convoitise de TF1, prend la forme d'un quiz où les candidats se voient présenter des liasses de billets. S'ils répondent correctement, ils peuvent les saisir. Sinon… ils tombent dans un trou!

«Les jeux où l'on voit concrètement l'argent se multiplient, souligne Noële Rigot, responsable du service Nota (New on the Air, d'Eurodata-Médiamétrie). Ainsi, dans Money Grabbers, format non encore diffusé, les candidats sont enfermés dans une bulle en verre et doivent attraper à pleines mains les billets qui y sont projetés. Dans Instant Cash, diffusé sur une chaîne canadienne, un distributeur automatique propose aux passants de jouer avec lui.»

Deux versants d'une même réalité sociologique et mondiale. «La crise continue à marquer le quotidien des téléspectateurs, note Virginia Mouseler. À l'instar des candidats de ces jeux, ils préfèrent gagner des espèces sonnantes et trébuchantes plutôt que de réaliser un gain virtuel.» Mieux vaut tenir que courir.

 

(Encadré)

 

Les autres tendances du MIP TV

 

La guerre des sexes continue à faire rage: dans Man up the House (TV2, Danemark), sorte d'anti-Valérie Damidot, des hommes mettent à sac les bonbonnières décorées par leurs compagnes. À l'inverse, How to Live with Women (BBC3, Grande-Bretagne) envoie en camp de redressement les petits amis indélicats. Mais l'acceptation des différences sert aussi de terreau à de nouveaux programmes: Service with a Smile (TV3, Suède), montre comment des trisomiques arrivent à se faire embaucher dans un hôtel – un joli coup de pub au passage pour Clarion, grande chaîne d'hôtels scandinave qui a prêté ses établissements pour le tournage.

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