international
Fort de plus de 200 millions d'utilisateurs dans le monde, le réseau de microblogging soulève des problèmes en Grande-Bretagne concernant la diffamation ou la protection de la vie privée. En France aussi, le sujet est d'actualité.

Pour la première fois au Royaume-Uni, Twitter a révélé l'identité d'usagers britanniques accusés de diffamation. Après un jugement obtenu auprès d'un tribunal de Californie par une autorité locale anglaise de South Tyneside (Nord-Est), le réseau social a donné les détails des comptes d'usagers accusés de commentaires diffamatoires contre des responsables et des conseillers locaux.

 

En Grande-Bretagne, le site de microblogging compte parmi les hauts lieux virtuels des rumeurs les plus folles, certaines étant avérées, retweetées à l'envi, puis reprises par les perfides tabloïds. «La technologie moderne est complètement hors de contrôle», affirmait encore récemment Igor Judge, le «Lord Chief Justice» d'Angleterre et du Pays de Galles (n°2 de la justice), à la suite d'un rapport officiel sur l'affaire du moment: Twitter et la protection judiciaire de la vie privée des stars.

 

Une trentaine de personnalités avaient demandé au juge une «superinjonction» interdisant aux médias... et à Twitter de dévoiler leurs impairs, sur la foi d'une interprétation contradictoire des articles 8 et 10 de la Convention européenne des droits de l'homme, le premier relatif au respect de la vie privée, le second à la liberté d'expression.

 

Prime à la liberté d'expression

Le scandale a éclaté lorsqu'un tweet provenant d'un compte anonyme a dévoilé au début du mois le nom de six personnalités très connues du monde du sport, des médias et du cinéma, ayant demandé la protection judiciaire suite à l'ébruitement d'infos compromettantes sur leur vie privée. Tweet repris par des dizaines de milliers de «followers», dès lors passibles d'une peine d'emprisonnement.

 

Quelques jours plus tard, une autre décision de justice a fait déborder la marmite médiatique: le footballeur de Manchester United Ryan Giggs a requis une superinjonction et une enquête pour savoir quels journalistes du News of the World avaient divulgué les détails de son adultère. C'est finalement un journal écossais, le Sunday Herald, non concerné par les interdictions, qui a dévoilé le nom de Giggs, et confirmé ce que tous les utilisateurs curieux de Twitter savaient déjà.

 

Coup de grâce à la protection de la vie privée des stars à l'heure des réseaux sociaux? Selon le parlementaire libéral-démocrate John Hemming, «il sera très difficile d'emprisonner les 75 000 personnes qui ont nommé Ryan Giggs sur Twitter».

 

David Cameron recevait dans le même temps Barack Obama et n'a pas donné l'impression d'être favorable à une loi sur la protection des stars. «Il est inconcevable que des journaux n'aient pas le droit d'imprimer une info dont tout le monde parle. Le danger serait que ce type de jugements crée dans les faits une nouvelle loi, alors que cette responsabilité revient au Parlement. La loi et l'esprit de la loi doivent s'adapter à la façon dont les gens consomment les médias aujourd'hui.»

 

Une façon de botter en touche qui sonne clairement comme une prime donnée à la liberté d'expression et à Twitter, surtout lorsque le Premier ministre conclut que le meilleur moyen de se défendre reste de s'adresser à la Press Complaints Commission. Nul n'ignore que Twitter a annoncé depuis plusieurs mois l'installation de son siège européen à Londres. À moins qu'il ne fasse comme Facebook et s'établisse à Dublin... Pour l'instant, la firme de San Francisco, qui se lave les mains de cette affaire, n'a pas envoyé de signal négatif. Peut-être parce que la langue de David Cameron n'a pas fourché...

 

Encadré

 

En France, la rumeur de Marrakech

 

Le 30 mai, sur le plateau du Grand Journal (Canal+), Luc Ferry a fait état d'une rumeur concernant un ancien ministre «qui s'est fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons». Cette allégation, qui s'appuie sur un article du Figaro magazine moins explicite du 28 mai (où il n'est question que de Français qui «s'amusent» avec de «jeunes garçons»), lui aurait été confirmée par «les plus hautes autorités de l'État» et même «le Premier ministre». Aussitôt, sur Twitter, de jeunes blogueurs - sous pseudo ou non - lâchent le nom dudit ministre. Alors qu'une association de défense des droits de l'enfant marocaine menace de déposer plainte contre X, la personnalité mise en cause est en droit d'attaquer les titulaires de compte pour diffamation.

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