radio
Cinq ans après l’ouverture des ondes marocaines aux radios privées, Hit Radio est devenue la station la plus écoutée des moins de 25 ans.

Un «morning», les derniers hits à la mode diffusés en boucle tout au long de la journée, et même une émission de libre-antenne, dans laquelle les auditeurs n'hésitent pas à parler de sexe et de corruption: tels sont les ingrédients qui permettent à Hit Radio de se revendiquer station préférée des jeunes Marocains et ce cinq ans après son lancement le 1er juillet 2006.
Derrière ce succès, Younès Boumehdi, quarante et un ans, qui après des études en France a multiplié pendant plus de dix ans les courriers afin de pouvoir ouvrir une radio musicale à destination des jeunes. «Soixante-quinze pour cent de la population marocaine a moins de trente-cinq ans. Pourtant, jusqu'en 2006, aucune radio ne leur était destinée», explique-t-il.
En 2003, plus de vingt ans après la libéralisation des ondes en France et la naissance des premières radios libres, le Maroc vote la fin du monopole public sur l'audiovisuel. Il faudra encore attendre trois ans pour que les premières stations privées - sept dans un premier temps - puissent commencer à émettre. Hit Radio est la seule musicale. Elle dispose alors de sept fréquences, réparties sur l'axe Rabat-Casablanca-Marrakech.
À l'antenne, la station diffuse des titres internationaux, mais aussi du rap marocain, une vitrine médiatique sans précédent pour les artistes locaux et une offre musicale inédite pour des millions de jeunes. Quant aux animateurs, ce n'est pas en arabe classique qu'ils s'expriment, mais en darija, la langue de la rue. De quoi renforcer un peu plus encore le caractère générationnel de la station.
Autre révolution: en 2007, Hit Radio ouvre son antenne aux auditeurs, une première au Maroc. Et le succès ne se fait pas attendre: les jeunes Marocains sont des centaines à appeler chaque soir, de 20 heures à minuit, pour raconter leurs problèmes, exprimer leur avis et demander conseil.
Une liberté de ton qui vaudra à la station plusieurs condamnations. En novembre 2007, elle écope de 10 000 euros d'amende pour défaut de maîtrise d'antenne après qu'une jeune femme a raconté en direct le viol qu'elle avait subi, ne sachant pas à qui d'autre en parler. «Hit Radio contribue à faire bouger les lignes. Je ne pense pas que nous serions condamnés aujourd'hui pour ça», estime Younès Boumehdi, propriétaire de la station.
Économiquement, c'est de la publicité que celle-ci tire près de 90% de ses revenus. Pour la première fois l'an dernier, la station a atteint l'équilibre, avec un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros.
Hit Radio dispose aujourd'hui de 74fréquences, dont une cinquantaine sont actives, et compte 50 salariés pour une audience quotidienne de 600 000 à 800 000 auditeurs. À cela s'ajoutent quelque 600 000 personnes qui écoutent chaque mois la radio sur Internet, principalement des Marocains qui vivent à l'étranger. Hit Radio dispose également de deux fréquences en Belgique et envisage de candidater en France à l'avenir.
Autres projets, le lancement d'une chaîne de télévision au Maroc et la duplication du concept radio à l'étranger. Des discussions sont notamment en cours en Mauritanie.
Enfin, sur le plan politique, si Hit Radio n'a pas particulièrement encouragé les jeunes à manifester au début de l'année, elle les appelle aujourd'hui à s'inscrire sur les listes électorales en vue des élections législatives anticipées fixées au 25 novembre prochain. «Génération libre», proclame le slogan de Hit Radio.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.