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Le lancement du site américain a été repoussé à la fin de l'année. En cause : la difficulté à recruter un rédacteur en chef.

Il était attendu de pied ferme ces jours-ci. Le lancement du Huffington Post en France était prévu pour la mi-novembre. Le site devrait finalement être mis en ligne pendant les fêtes de fin d'année. Si le nom d'Anne Sinclair circule pour collaborer étroitement au «Huff Po», le site peinerait à recruter un rédacteur en chef. Certains journalistes Web aguerris venus d'autres sites, comme Slate ou Le Plus, auraient poliment décliné les appels du pied du Huff Po. Le fil d'Arianna Huffington aurait-il du mal à séduire les journalistes français?

«Il y a un malentendu complet sur le Huffington Post, estime Frédéric Filloux, éditeur de la Monday Note, directeur général du GIE E-Presse premium et farouche détracteur du site. Le site paraît très chic, il pratique avec talent l'agrégation de contenus et d'audience, mais la plupart de son contenu est extrêmement trash et populaire.» Au mois d'octobre, l'on se targuait pourtant, au sein des Nouvelles Editions indépendantes, la holding de Matthieu Pigasse, d'avoir reçu les CV de «toute la place de Paris»… Selon Benoît Raphaël, cofondateur du Plus, le site participatif du Nouvel Obs,«il est certain que pour un journaliste, cela manque de romantisme de se dire: “Je vais travailler pour AOL” (propriétaire du site aux Etats-Unis et qui prendrait 51% du capital tandis que Le Monde en aurait 34% aux côtés de son actionnaire Matthieu Pigasse)». Pour autant, le journaliste estime qu'«il peut être emballant de voir comment cette énorme machine américaine, dans laquelle on sait toujours précisément combien chaque article rapporte, marche de l'intérieur».

Visées plus pragmatiques

La première équipe devrait être réduite, avec huit à dix personnes, dont, murmure-t-on, trois Community Managers et trois curateurs (agrégateurs d'informations). Est-ce suffisant pour être en ordre de bataille pour la présidentielles de 2012? Arianna Huffington avait exprimé son vœu de couvrir au plus près l'actualité politique. «Leur stratégie va beaucoup plus loin, estime Benoît Raphaël. Aux Etats-Unis, les informations générales ne représentent que 20% du trafic.»

Les ambitions politiques du Huff Po cacheraient-elles des visées plus pragmatiques, comme l'importation en France de sa plate-forme Patch, qui permet de produire du contenu hyperlocal? Pour l'heure, au sein du Monde, on se défend de tout retard: joint par courriel, Louis Dreyfus, président du groupe, affirme: «Le lancement n'est pas repoussé. Nous mettons ces jours-ci la dernière main au dispositif de lancement. Quant à l'équipe rédactionnelle, qui sera constituée de “natifs” du Web, elle est en cours de formation.»

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