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Le leader mondial de l'information financière n'a pas digéré la fusion de 2008. Il est désormais talonné par Bloomberg.

L'ambition était de créer un géant de l'information financière qui allait creuser l'écart avec la concurrence, dans un marché relativement établi et stable, évalué à 24 milliards de dollars. L'absorption de Reuters – créé à Londres en 1851 – par Thomson Corporation – issu d'un groupe de médias canadiens né cent ans plus tard – devait permettre une parfaite alchimie. Mais pour Tom Glocer, ancien patron de Reuters aux commandes depuis 2008, le navire est devenu beaucoup trop lourd à diriger. Il a dû quitter ses fonctions à la fin de l'année, remplacé par Jim Smith, dans le cadre d'un profond remaniement stratégique et managérial.

L'idée aujourd'hui est de mettre fin à la culture très pro-business de Reuters – qui a bâti son succès dans l'information financière – et de revenir aux fondamentaux de Thomson, même si une partie de l'activité historique du groupe – l'information professionnelle, est vouée à être vendue (division santé). Il s'agit de limiter la casse: depuis quatre ans, Reuters est passé de 36,1% à 31,4% des parts de marché dans l'activité principale, celle des marchés, alors que dans le même temps, Bloomberg a rattrapé son retard, de 25,9% à 30,8%.
Selon l'analyste londonien Claudio Aspesi, de Bernstein Research, «la fusion n'explique pas à elle seule les difficultés de Thomson Reuters. Des fragilités existaient déjà auparavant. On ne peut pas dire que la fusion n'a pas fonctionné, mais simplement qu'elle n'a pas été suffisante, à ce jour, pour contrecarrer le dynamisme de Bloomberg, tout particulièrement dans la façon dont il fidélise les traders via sa messagerie instantanée, qui est plébiscitée par le marché.»

D'après Douglas B. Taylor, un ancien salarié de Reuters, puis de Thomson, qui a aujourd'hui lancé sa propre société de consulting en Floride, «quatre facteurs expliquent le moindre dynamisme de Thomson Reuters depuis quelques années: l'échec du lancement de sa plateforme Eikon, censée centraliser une partie des services et informations mais livrée tardivement et sans tenir ses promesses; la complexité du processus de fusion entre Thomson et Reuters, deux sociétés complémentaires, mais très différentes; la profonde différence de culture managériale entre les deux entités; le ralentissement économique».

Les prévisions pour 2012 sont d'ailleurs pessimistes, en raison notamment de l'attente des élections américaines et des possibles évolutions juridiques dans l'industrie financière.

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